Voilà, elle l'avait dit. Elle relâcha son souffle et ouvrit un seul œil, observant la réaction de son interlocuteur. Il ne s'attendait pas à cela. Il lui fit face un instant et décida de l'enfoncer dans ses propos, souhaitant lui faire comprendre l'absurdité de sa demande.
« Et comment comptez-vous me donner des héritiers ? Par l'action de l'esprit Saint ? »
Elle n'avait pas réfléchi à la question et elle en fut soudainement honteuse. Elle mordit sa lèvre, encore une fois, signe qu'elle était perturbée. Elle admit qu'il avait raison, mais obtuse, ne voulut pas céder à sa logique et proposa un compromis.
« Il pourrait être envisageable que je partage votre lit jusqu'à la confirmation de ma grossesse. Ensuite, il serait raisonnable de faire chambre à part. »
Elle ne pouvait se permettre de s'attacher trop à lui. Son cœur n'en sortirait pas intact et cela lui coûtait beaucoup. Devant la triste expression qu'elle laissait voir, il céda à sa condition, persuadé qu'il pourrait la faire changer d'avis le moment venu.
« Il serait raisonnable en effet ...
- Je vous remercie, votre Altesse, pour votre sollicitude envers ma personne.
- Mais puis-je supposer que l'idée de m'épouser ne vous est plus aussi détestable que la veille ?
Il la taquinait à propos de la scène qu'elle lui avait fait la nuit dernière. Mais son cœur quémandait une réponse. Il voulait savoir si elle commençait à nourrir des sentiments envers lui ou si la bataille s'avérerait plus difficile qu'il ne l'eut cru.
« Si j'accepte de devenir votre reine, ne suis-je pas obligée de vous épouser ? »
Sa réponse neutre était loin de le satisfaire.
« Une question continue de me tarauder ...
- Qu'elle est-elle ?
- Si je n'étais pas le roi, m'auriez-vous considéré comme un candidat sérieux pour votre main ?
L'expression qu'elle lui offrit suffit à confirmer ses convictions. Il ne la laissait pas indifférente. Soulagé, il se cala au creux de son fauteuil, attendant qu'elle lui réponde.
« Puis-je me montrer honnête ?
- Oui, s'il vous plaît.
- Dans ce cas ... »
Elle avait compris qu'il souhaitait savoir si elle voulait épouser l'homme ou le roi. Elle recommença à entortiller ses doigts, le regard fuyant, peu sûre de la décision qu'elle venait de prendre. Elle était persuadée qu'elle le regretterait. Cependant, elle aimait l'honnêteté et se devait d'être sincère. Elle inspira profondément pour rassembler son courage. Relevant les yeux pour lui faire face, elle lui ouvrit son cœur.
« Vous êtes de loin l'homme le plus beau qu'il m'ait été donné de voir. Votre intelligence me fascine et j'admire le dévouement dont vous faites preuve envers votre peuple. Vous possédez toutes les qualités que je recherche auprès de l'homme que j'imagine épouser. Alors oui, j'aurais sérieusement considéré votre demande. Néanmoins, j'aurais et, pour être tout à fait franche, j'ai toujours du mal à comprendre ce qui vous intrigue chez moi. »
Devant l'absence de réaction de sa part, elle reprit sa contemplation du plancher. Elle avait les joues en feu et se tortillait sur sa chaise, regrettant de lui avoir avoué la vérité. Elle en était encore à se fustiger mentalement quand sa voix lui parvint à ses oreilles.
« Leïla, regardez-moi ! »
L'ordre claqua dans son esprit et elle lui obéit.
« Vous avec fait preuve d'honnêteté et de transparence envers moi et je vous en remercie. À mon tour de me dévoiler un peu. Votre intelligence me fascine également. J'ignore si vous avez pris le temps de vous renseigner sur les détails de mes actions politiques de ces dernières années, mais à l'égard de bon nombre de mes décisions, j'ai très souvent pris exemple sur votre travail. Ce que vous accomplissiez à l'échelle de la ville, j'ai commencé à l'appliquer à l'ensemble du royaume. »
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T01-L'intrépide
Historical FictionLeila ibn Salim Khazar est une très belle jeune fille. Malgré son amour et son respect pour sa famille, son mépris des conventions l'éloigne des rôles dévolus aux jeunes filles de son rang. Dévouée envers son peuple, elle est remarquée par Jamal be...