Chapitre 47

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Cela faisait six mois que Rayhan et son beau-frère étaient partis. Six mois durant lesquels, Jamal n'avait reçu aucune nouvelle de sa femme. Elle lui manquait terriblement et l'horreur du champ de bataille lui donnait davantage envie d'être avec elle.

Combien de fois avait-il rêvé de tout quitter pour tenter de passer la frontière et retrouver sa douce épouse. Il ignorait même si elle était toujours en vie. Et cette ignorance le tuait à petit feu. Il savait que le risque était trop élevé pour qu'ils échangent des lettres mais cela ne l'empêchait pas de le désirer ardemment.

Il était dans sa tente, assis sur un siège, perdu dans ses sombres pensées quand un de ses généraux demanda à s'entretenir avec lui.

« Votre majesté ? »

Il releva la tête vers lui et lui fit signe d'approcher.

« Qui a-t-il Khaled ? »

L'homme s'agenouilla devant lui.

« Il semble qu'il y ait un problème dans le camp adverse. »

Jamal fronça les sourcils, surpris par la nouvelle.

« Quel est-il ?

- Et bien ... Nos espions tendent à penser qu'ils sont en manque d'équipements, de vivres et de médicaments. Apparemment, leurs derniers chariots de provisions ne contenaient que du bois. »

L'espoir jaillit dans son cœur. Un petit sourire commença à s'étirer sur ses lèvres. Il en était sûr, c'était là l'œuvre de son intrépide guerrière.

« Le problème viendrait-il de Ganesh ? »

Il dissimula tant bien que mal son enthousiasme mais son subordonné ne manqua pas de remarquer la nouvelle étincelle de vie qui brillait à nouveau dans son regard.

« Nous l'ignorons, deux de nos espions ont enfin réussi à traverser le fleuve. Nous en saurons plus quand ils reviendront.

- Merci Khaled, tiens-moi informé de leur retour, je veux être le premier à leur parler.

- Bien votre majesté. »

Il se retira après un salut militaire le laissant seul perdu dans ses réflexions. Peu importe qui en était l'auteur, il y avait de l'agitation chez l'ennemi et c'était là l'occasion qu'il attendait pour percer les défenses adverses.

Cela faisait six mois qu'ils étaient entrés dans une guerre d'usure avec Mufasa. L'objectif avait été de multiplier les attaques à la frontière pour affaiblir le camp adverse. Si jusqu'à présent il avait réussi à tenir sa position c'était uniquement grâce à sa défense. Mais, en raison de son infériorité numérique, ses troupes faiblissaient.

Il n'avait pas de réservistes comme son opposant. Il avait engagé tous ses hommes dans la bataille pour lui tenir tête. Alors que l'autre pouvait opéré des roulements dans ses rangs permettant à ses troupes de se reposer. De plus leurs blessés avaient plus de temps pour se remettre complètement de leurs blessures. Avantage que Jamal n'avait pas.

De plus, les nouvelles recrues étaient terrorisées dès leur arrivée et il avait beau user de toute sa force de persuasion, il avait du mal à maintenir l'ordre dans ses rangs. De ce fait, ses troupes étaient épuisées et complètement démoralisées.

La perte de Leïla avait aussi été un coup dur pour le moral de tous. Son supérieur n'était plus que l'ombre de lui-même errant de blessés en blessés, frustré de son impuissance. Elle était son meilleur médecin et maîtrisait des techniques encore au stade de l'innovation. Sans compter qu'elle pouvait s'adapter à quasiment n'importe quelles situations. D'autant que sa douceur et sa gentillesse étaient d'excellents remèdes à beaucoup de leur maux.

Et depuis quelques mois, tout le monde était à bout, il manquait sa pétillante présence et sa joie de vivre pour les revigorer. Oh comme, il rêvait de mettre la main sur le traître qui l'avait kidnappée ! Il voulait lui tordre le cou.

Il se leva d'un bon. Il était en colère contre lui-même. Il se sentait faible et impuissant quand elle était loin de lui. Et ça ne lui plaisait pas du tout. Il était devenu dépendant d'elle. Il avait besoin d'elle. Cette guerre ne pouvait plus durer ! Il devait y mettre un terme rapidement.

Et on venait de lui offrir sur un plateau d'argent l'occasion qu'il attendait depuis des mois. Il allait s'assurer que cette perturbation tourne à son avantage. Il convoqua son conseil de guerre en urgence. Ils se rassemblèrent sous sa tente. Ayant une confiance absolue en eux, alors il leur raconta tout. Le fait que sa femme était peut-être derrière cette nouvelle offensive et de ses inquiétudes vis-à vis de Mufasa.

Mufasa quant à lui venait à penser que ce n'était qu'une tentative de sabotage, rien d'important pour l'instant. Ils pouvaient tenir jusqu'au prochain convoi. Mais Jamal était persuadé qu'il n'y en aurait pas d'autre. Et qu'à ce moment là, son adversaire s'empresserait de retourner à Ganesh pour comprendre ce qu'il s'y passait.

Il était sûr que sa femme n'avait pas coupé les lignes de communication avec le front et qu'elle maintenait l'illusion que tout allait bien. Malheureusement, il était sûr qu'elle ne ferait pas le poids face à une attaque frontale.

Ils devaient donc mettre au point une riposte divisée en plusieurs étapes. La première avait pour but de profiter de la faiblesse immédiate de leur ennemi et de l'affaiblir encore plus. Il lança l'offensive sans plus attendre. Le plan était simple, ils allaient attaquer le camp en pleine nuit.

Chacun des soldats devait mettre une torche dans une cruche pour que la lumière du feu n'alerte pas l'ennemi. Ils encerclèrent ensuite l'adversaire et au signal donné, cassèrent leur cruche et mirent feu au campement. Dans la panique qui suivit, ils ne pensèrent qu'à fuir abandonnant arme et nourriture, poursuivis par l'armée Shamsen qui leur occasionna beaucoup de perte.

Cette attaque éclaire leur permis de prendre la ville de Beiden. Cette petite victoire suffit à motiver ses troupes qui avaient à nouveau leur moral chargé à bloc.

Le lendemain, ils lancèrent une nouvelle offensive qui força à nouveau les troupes adverses à se replier. La faim et la fatigue commençait à se faire sentir et Jamal en était très heureux. Il avait désormais la certitude que la capitale était vraiment tombée quant au troisième jour aucun chariot de provisions n'arriva pour approvisionner l'armée de Cheim. Le soir même, ses espions revinrent avec les réponses qu'il attendait.

« Votre majesté, nous avons réussi à atteindre Ganesh.

- Et donc, que ce passe-t-il ?

- Il semblerait que la ville ait été victime d'un coup d'État.

- Qui en est l'auteur ? »

Les deux espions se regardèrent les yeux pétillants de bonheur.

« Laissez nous vous raconter ce qu'il s'est passé depuis le début.

- Et bien parlez ! »

Ils commencèrent alors leur curieux récit.

T01-L'intrépideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant