Chapitre 35

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Quand les combats avaient repris, le lendemain de l'arrivée des troupes de Cheim à Jizé, Leïla était partie sur le front avec Rayhan et trois autres infirmiers. Ils avaient arpenté le champ de bataille à la recherche de blessés et les avaient évacués le plus rapidement possible tout en se défendant des attaques ennemies.

Elle était reconnaissante que son ami soit là, car il lui sauva la vie plus d'une fois. Comme elle l'avait prédit, sa petite taille lui permettait de se faufiler un chemin dans les rangs sans se faire repérer. Ils ramenèrent au total dix-huit blessés. Et sur les trois autres infirmiers deux furent grièvement blessés. Ainsi se déroula sa matinée.

Elle n'en pouvait déjà plus de voir autant de violence. Elle voyait tellement de morts, heures après heures, qu'elle avait l'impression d'être inutile. Quand elle réussissait à ramener des soldats à l'hôpital, beaucoup ne se remettraient pas de leurs blessures, tant les conditions étaient épouvantables.

Elle avait beau avoir limité les dégâts en ordonnant que tout soit stérilisé au feu ou à l'eau bouillante, que les bandages soient lavés après utilisation, avoir demandé que les opérations soient faites dans une partie réservée, loin des blessés et le plus aseptisé possible, cela ne suffirait pas.

Elle était terriblement en colère, tant d'horreur, de souffrance, de violence et de vies gâchées pour satisfaire les caprices d'une princesse puérile. La plupart des soldats qu'elles devaient soigner n'étaient pas plus âgés qu'elle, autrement dit, ils avaient encore toute la vie devant eux.

Elle s'était confiée à Rayhan, elle lui avait fait part de toute cette rage et cette colère qui l'habitait avant de s'effondrer à ses genoux en sanglot. Après cet incident, elle avait décidé de verrouiller son cœur et ses sentiments pour économiser ses forces et concentrer son énergie à soigner ceux qu'elle pouvait sauver.

Vers le milieu de l'après-midi, la pénurie de soldats commença à se faire sentir et son ancien général demanda sa mutation. Comme convenu, Ali refusa car sa présence était devenue plus que vitale. Malik avait tout d'abord refusé, pestant qu'ils avaient besoin d'homme sur le front mais le médecin resta fermement campé dans sa décision.

Il était hors de question qu'il laisse sa reine se battre, c'était déjà risqué qu'elle remonte les blessés alors se retrouver au cœur de l'action, surtout pas ! À contre cœur, le père de Rayhan dut admettre qu'effectivement moins de soldats périssaient depuis qu'elle était là et qu'il était préférable qu'elle reste.

Négocier la présence de son garde du corps fut d'autant plus délicat. Le père ne comprenait pas en quoi la présence de son fils soit si importante mais le médecin, têtu, refusait d'en démordre. Ce dernier affirma qu'elle avait besoin d'être protégée car si elle était blessée ou qu'elle mourrait cela causerait de gros problèmes et pourrait influencer l'issue de la guerre en leur défaveur.

Mais l'autre maintenait sa position. Les deux sujets de la disputes étant présents, ils décidèrent d'intervenir avant qu'il ne s'en découle un bain de sang. Leïla se leva d'un bon et se plaça entre eux, face à son supérieur et dos au père de son ami.

« Je pense qu'il est temps de lui dire.

- Me dire quoi ? »

Ali observait avec attention Leïla, cherchant à savoir si elle était vraiment sérieuse, ignorant Malik jurer derrière elle. Rayhan dut prendre son père par les épaules pour le calmer tant il fulminait de ne rien comprendre. Au bout d'un certains temps à s'observer mutuellement, Ali soupira et hocha doucement la tête donnant ainsi son approbation pour avouer la vérité au général.

« Malik, la raison pour laquelle ton fils doit absolument rester c'est parce que Leith bin Malik Khazar n'est pas vraiment lui ...

- Comment ça ? Qu'est-ce que tout cela veut-dire ? »

T01-L'intrépideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant