Souviens-toi /YOONMIN

32

27 février

- Comment ça, ce n'est pas suffisant ? Mais puisque je vous dis que je vais bientôt avoir ma paye ! j'entends hurler Yoongi de sa voix enrouée depuis la chambre, non, je ne cherche pas à gagner du temps ! Je- quoi ? Non ! Bien sûr que non ! Je vous rembourserais la totalité à la fin du mois, comme vous- allô ? Allô ? -Putain mais quel connard !

Je préfère ne pas aller le voir, parce que je sais qu'il va s'énerver encore plus, alors je me contente de l'attendre sur la table de la cuisine. Il sait que je l'attends s'il veut en parler.

J'entends ses pas se rapprocher, et je l'observe descendre les escaliers, sans un mot. Il s'assoit à côté de moi, en soupirant fortement.

- C'était le propriétaire de la maison, qui voulait que l'on paye le loyer, lâche-t-il en baissant la tête, je lui ai dit qu'on lui donnerait tout à la fin du mois, mais il n'a pas voulu m'écouter. Donc il faut s'attendre à ce qu'il passe ici un de ces jours.

- Yoon', c'est pas grave, de toute façon, cet argent, on en a pas vraiment besoin, il ne va pas nous servir longtemps, je murmure, en pensant à notre mort prochaine.

Il relève la tête vers moi, et souffle :

- Et si j'avais déjà prévu de le dépenser, pour que nous passions une superbe fin de vie ?

Mes yeux s'agrandissent, et ma bouche s'ouvre, prête à se décrocher de ma mâchoire :

- Vraiment ?

- Vraiment, chim'.

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- Dis, je murmure.

- Hmm ?

- T'aimerais bien avoir des enfants ? je demande.

Yoongi réfléchit un instant, avant de lâcher :

- Je ne sais pas trop... je ne me sens pas prêt, tu vois. Et puis, si on en adoptait, imagine le poids avec lequel il devrait vivre. Deux pères, il demandera sans cesse qui est sa mère, et les autres élèves de l'école lui demanderont aussi pourquoi il n'a pas de mère... enfin, je ne sais pas si tu comprends, mais il risque d'être harcelé, ou d'être exclu, s'explique-t-il.

- T'as raison, je souffle, en plus, on ne sera bientôt plus ici, il sera d'autant plus malheureux sans parents.

Seuls l'obsurité et le silence me répondent.

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Yoongi me guide quelque part, et au bout d'un moment, il me met le foulard noir.

Il me pousse légèrement, sa main posée dans le bas de mon dos. Je dirais, qu'au bout de dix minutes, qu'on s'arrête. Il ne me retire pas le foulard, bien que je n'attende que ça. J'adore les surprises, mais il me fait trop attendre. Sa main se glisse dans la mienne, rassurante, et je l'entends discuter avec un homme. Je n'écoute pas. Je n'écoute pas parce que je veux que ce soit une surprise. Et Yoongi le sait très bien.

Soudain, il me tire par le bras, et me dit :

- chim', y'a une marche, fais attention à toi.

- Ok, je souffle.

Où pouvons-nous être, alors que je savais que nous sommes dehors ?

Je sens un afflux de chaleur au-dessus de moi. Je sens aussi, qu'on s'élève dans les airs. Et ne pas voir, rend cela magique.

Je comprends, au moment-même où Yoongi me denoue le foulard, et se colle contre mon dos, m'emprisonnant dans ses bras.

La hauteur est ahurissante. C'est assez... bizarre, comme sensation. J'ai l'impression de toucher le sol, mais ça fait bizarre de nous voir s'éloigner de notre foyer.

On sent la fraîcheur, plus on monte ; et on ratrappe bientôt les nuages.

D'ici, on voit parfaitement que la Terre est ronde, les paysages semblent basculer, se noyer, se confondre avec les océans. Les lumières ressemblent à des étoiles.

Mon cœur bat très vite.

Ne pense pas à ça...

- Yoongi, c'est beau...

- Magnifique. Plus beau de nuit que de jour.

Il a raison, voler en mongolfière de nuit est bien mieux. On peut voir les étoiles, repérer les constellations... J'essaie de toucher un nuage ; je réussis. Seulement, quand je plonge ma main dedans, je peux la voir traverser cette nuée transparente. C'est splendide.

Absolument incroyable.

- Une étoile filante ! je m'exclame, car c'est tellement rare d'en voir de nos jours.

- Fais un vœu, vite ! me dit Yoongi.

Je ferme les yeux très fort, et formule mon vœu, priant pour qu'il se réalise.

Faîtes qu'un jour, Minhyuk soit heureux, qu'il ait une femme et des enfants.

- Les étoiles nous observent, Yoon', je lâche.

- Je le sais, chim', je le sais. Elles prennent soin de toi.

Je me retourne vers lui.

J'aimerais lui hurler mon amour pour lui, autant de fois qu'il existe d'étoiles, et même plus.

J'aimerais ne pas mourir.

Mais comme c'est impossible, je me tourne vers lui.

Je me tourne vers lui, et dans ses yeux, je vois les mille étoiles qui expriment son amour pour moi. Nos bouches s'écrasent l'une contre l'autre.

Et notre univers explose.

Notre galaxie entière explose.