Souviens-toi /YOONMIN

16

7 février

Je suis assis dans le lit, Yoongi respire contre ma cuisse nue. J'ouvre le rideau de la fenêtre, près de moi. Il fait jour, le soleil éclaire énormément. J'ai juste envie de sortir, de profiter. J'ai vraiment chaud.

Un chuchotement me sort de mes pensées :

- Tu vas bien ?

Yoongi se redresse, et s'assoit à côté de moi. Je pose ma tête sur son épaule. J'ai l'impression d'attendre quelque chose.

Soudain, le soleil se liquéfie, se fond dans l'horizon, et le froid tombe.

- Tu es brûlant, dit Yoongi, en me passant la main sur le front, sur la joue, et la tempe, attends, ne bouge pas.

Il se lève et part quelque part. Peut-être au paradis. La planète tourne, les arbres tombent.

Je n'ai pas peur.

Continue de respirer, juste respirer. C'est facile : inspirer, expirer.

Le corps humain se renouvelle tous les sept ans. Chaque cellule. Non, pas toutes. Pas celles du cœur, ni celles de la mémoire.

- Mon dieu ! Tu es brûlant !

Le visage de Yoongi vacille au-dessus de moi. Sa voix semble venir de très loin. J'essaie de sourire. J'aimerais le remercier d'être là mais, pour une raison inconnue, je suis incapable de m'exprimer à voix haute.

- Ne ferme pas les yeux, Jimin ! Tu m'entends ? Reste avec moi !

Quand j'hoche la tête, le ciel tournoie à toute allure, comme si je tombais du haut d'une falaise.

La mort me cloue sur un lit d'hôpital, plante ses griffes dans mon cœur, et s'y installe. Je ne savais pas que cela ferait si mal.

Alors... ça y est ? Le moment est venu ? Pour de vrai ?

Je perçois des voix. Les bruits étouffés des voix. La panique dans celle de Yoongi. Dans celle de ma mère.

Pas encore.

Pas maintenant.

Pas tout de suite.

Ce n'est pas censé se passer comme ça. Ça ne devait pas être si brutal.

J'essaie de penser à des choses simples : Des fleurs blanches se détachant sur un ciel bleu. Les êtres sont si peu de choses, si vulnérables, par rapport aux étoiles et à l'Amour.

Des images alors effrayantes surgissent : Des arbres morts, des couches de cendre, des os de mâchoires blancs.

Je voudrais dire à Yoongi combien j'ai peur, mais mes mots proviennent d'un lieu lointain, sombre, et glissant.

- Ne me lâche pas.

- Je te tiens.

- Je suis en train de tomber.

- Je suis là. Je te tiens.

Mais avec son regard est emplit de terreur, et ses yeux ravagés, on dirait qu'il a deux-cents-ans.

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Je me réveille, et retrouve Yoongi, qui me tient toujours la main. Son regard est rivé au mien.

Il sourit, les yeux pleins de larmes.

Je dors. Me réveille à nouveau. Je sais que j'ai l'air d'un tas d'os recouvert d'un film transparent.

- Ce n'est pas tout-à-fait l'image que tu avais gardée de moi, n'est-ce-pas ? dis-je à Yoongi.

Il se penche pour m'embrasser la joue :