Souviens-toi /YOONMIN

30

25 février

Je me réveille en sursaut, très tôt.

Trop tôt. Mes draps sont trempés. J'ai la peau en feu. Et mes yeux palpitent comme s'ils voulaient sortir de leurs orbitres. Ils me piquent. Des larmes coulent sur mes joues. J'ai l'impression qu'elles vont laisser des grosses traces rouges, tellement elles me brûlent.

Je me redresse lentement en grognant. Je pue la sueur. La chambre entière pue. J'ai l'impression que ça fait une semaine que je ne me suis pas lavé.

J'ai envie d'hurler.

Je touche le drap à côté de moi.
Yoongi n'est pas là.

Je laisse ma tête basculer en avant, l'enfouissant dans mes mains.

Des larmes dévalent mes joues. Pourquoi je pleure ? Pourquoi ne vais-je pas bien ?

J'ai oublié. Yoongi me manque.

J'ai trop chaud. Beaucoup plus chaud que d'habitude.

Yoongi...

J'ai l'impression d'exploser. Au ralenti. Comme dans les films. Sauf que là, c'est réel.

Je m'asseois. Ma tête me tourne. Le vent tourbillone dans ma tête. Mille et une pensée me traversent. La première, c'est que mon cœur n'est pas prêt de mourir. La dernière, c'est que Yoongi n'est pas préparé à mourir.

Je réussis à prendre le cutter orange sur mon bureau, toujours posé à gauche, avec beaucoup de difficultés.

Mes bras sont lourds comme du béton. J'ai l'impression d'être un fardeau pour moi-même.

Je me lève. Je vais flancher. Je vais tomber. Je vais m'écrouler. J'arrive à peine à marcher. À sortir de la chambre. Je me retiens à la rambarde. Elle tremble sous le poids de ma main. Je m'aggripe à cette rambarde.

Tente de descendre les escaliers.
Loupe une marche.
Tombe.
Descends les marches en galipettes.

Je ris. Mon rire absolument débile résonne dans la cuisine. Je suis minable. Je suis un sale con. Je ne mérite l'attention de personne. Je suis paumé.

Je suis seul.

Je m'écroule au sol comme le ferait un tee-shirt abandonné.

J'ai mal. Plus que jamais je n'ai eu mal.

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Je réussis à me traîner jusqu'à la salle de bain. Me glisse dans la baignoire, glacée sous mon corps.
Ouvre le robinet.

Le bouton rouge tourné au maximum.

La baignoire se remplit doucement.
Je passe la lame de cutter sur mon bras, juste après le poignet. Quelques traces blanches apparaissent. Ce n'est pas suffisant. J'ai besoin de plus. De plus de marques. De plus de douleur.

Je repasse sur celles que j'ai déjà faites. Ça me fait un mal de chien. Des petites perles rouges commencent à faire surface. C'est joli.

Je recommence. Plus profondément. Ma gorge se serre. Cette fois, le sang coule le long de mon bras, jusqu'au bout de mes doigts. C'est gluant, visqueux, et ça colle.

Faire couler le sang, c'est comme évacuer ce que je garde toujours pour moi, ce que je ne peux pas avouer aux autres, même pas à Yoongi.

Je suis aveuglé par mes larmes et le sang qui continue de couler. Je ne vois plus rien. Je ne ressens plus rien. Plus de douleur.

J'ai froid.
Je tends le bras vers le placard au-dessus de moi. J'ouvre la porte.
Tente de prendre les boîtes, qui me tombent dessus.

Mes doigts tremblent. Des frissons me parcourent. Mon dos craque. Mes yeux vont bientôt se fermer pour toujours.

Les cachets se vident, à côté de moi, flottent sur l'eau. Les boîtes dont j'ai déjà mangé le contenu, sont en train de se déterriorer dans l'eau. Qui devient rose claire. À cause du sang. Qui ne s'arrête pas. Qui vire au rouge clair, puis rouge foncé.

Je prends le paquet de cigarettes, sur le rebord de la baignoire. Ces dernières s'éteignent au fur et à mesure que l'eau monte. Je pue la nicotine. J'enchaîne les cigarettes, mais ça ne me change pas les idées. C'est encore pire. La salle de bain est emplie de fumée blanche, presque semblable à de la neige.

Les médicaments font effets. Anti-drepresseurs, anti-douleurs, somnifères. Je ne sais pas quoi faire. Mon cerveau tourne en rond. Je ne sens plus rien. Plus l'eau brûlante, plus le sang, plus les cigarettes, plus les médicaments, plus les coupures... rien.

Je me laisse tomber dans le fond de la baignoire. Je retrouve quelques sensations. L'eau me brûle le corps. La fumée envahie mes narines, puis mes poumons. J'ai l'impression d'étouffer.

Je ne peux plus bouger.

Mes cheveux rentrent dans l'eau, qui continue toujours de monter. Qui me brûle le visage. Qui va me faire perdre pied.

Je trouve un médicament à moitié fondu, que j'avale directement. Je ne me rends pas compte de ce que je fais. Je crois que je suis dans un cauchemar. Pourtant, ça semble vraiment réel.

Je ne peux plus respirer.

Mes poumons se remplissent d'eau, et se vident d'oxygène.

Mes yeux se ferment.

Je ne peux plus rien faire.

Juste attendre la

mort.