One Year - Tome 2

-19- Present Meets Past

     The Scientist – Corinne Bailey Rae

     « Nobody said it was easy. No one ever said it would be this hard.

     Take me back to the start »

FEVRIER

Angie

J'avais besoin de m'évader, d'une meilleure manière cette fois-ci. Je n'étais pas en train de faire une énième bêtise, j'étais juste partie sur un coup de tête dans un besoin de respirer. J'avais pris la voiture de Tara et j'avais commencé à rouler jusqu'à sortir de New-York, de la ville et de l'état, pour me retrouver dans cette petite ville du New Jersey qui m'avait vu grandir.

J'avais roulé sans réfléchir, sans me préoccuper des autres voitures autour de moi alors que d'habitude ces dernières me faisaient peur. Je n'aimais pas conduire depuis l'accident, j'avais trop peur que tout ça ne recommence. J'avais peur de revivre cet évènement ou de causer un accident parce que j'aurais été trop occupée à me noyer sous mes souvenirs pour faire attention à la route. Je me contentai du métro où alors je faisais de petites distances, comme le jour de l'anniversaire de Nate. Mais aujourd'hui c'était le plus long trajet que je n'avais jamais fait.

Je remarquai que mes mains tremblaient lorsque je me garai. J'avais été dans mon monde tout au long du trajet et je me rendis compte que ça m'avait demandé un effort considérable pour ne pas craquer. Mais je devais le faire, j'en avais envie, j'en avais besoin.

Je n'avais plus personne pour me conseiller, ou me guider. Bien sûr que j'avais des amis qui me soutenaient, mais je n'avais plus de figure d'autorité, ou de figure réconfortante sur laquelle je pourrait me reposer. J'aurais donné n'importe quoi pour parler à mes parents rien que quelques minutes, leur raconter à quel point j'étais perdue et sentir la chaleur des bras de ma mère. Mais tout ça m'était impossible. Je n'avais plus qu'une pierre pour leur parler.

C'était peut-être déjà mieux que rien. C'est ce que je me suis dit en quittant la coloc' précipitamment. J'avais pris les clés de voiture de Tara et j'avais filé. J'avais ressenti un trop plein. J'essayai pourtant de garder les idées claires, de rester forte en attendant de régler mes problèmes avec Nate mais c'était dur, et je trouvais le temps long. De plus il y avait cette épée de Damoclès au dessus de ma tête, je n'avais toujours pas eu l'occasion d'avouer ma grossesse à Nate. Peut-être était-ce parce que je n'avais pas créé cette occasion. Peut-être était-ce parce que, lui, me fuyait.

Je pensais que nous avions progressé, que nous avions fait rien qu'un petit pas lorsque j'avais passé sa journée d'anniversaire en sa compagnie. Mais visiblement, je m'étais bercée d'illusion. Dès que je l'avais conduit à l'hôpital, il s'était muré dans un silence pesant, impénétrable. Et dès le lendemain il avait adopté à nouveau le même comportement que ces dernières semaines, me parlant le moins possible et me fuyant dès qu'il en avait l'occasion.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais. Evidemment que tout ne pouvait pas se régler après cette journée, après seulement quelques mots échangés, mais je pensais que le dialogue avait tout de même été renoué. Je m'étais trompée. Nate m'ignorait à nouveau. Et ça me tuait.

Alors, après avoir rendu visite à Lucya ce matin, après avoir croisé Nate qui ne m'avait pas jeté un regard, après qu'il m'ait bien fait comprendre qu'il ne voulait pas de moi là-bas, j'étais repartie, et j'avais craqué. J'ai réalisé une fois rentrée à la coloc' que j'étouffais. Je ne comprenais pas ce revirement de situation, mais s'il cherchait à me blesser, alors il avait réussi. Je me sentais rejetée, je me sentais minable.