One Year - Tome 2

-34- Trust

     Sad Forever – Lauv

     « I'll make it through to tomorrow

     'Cause that's all I can do today »

Angie

- Tu vas t'épuiser !

Je levai les yeux au ciel en continuant mon chemin, sans manquer d'ignorer Nate qui me suivait de près. Cela devait bien faire un quart d'heure qu'il me prenait la tête, tout ça parce qu'il voulait m'imposer sa décision. Cependant je savais ce que je faisais et je n'avais pas besoin de son avis.

- Je sais ce que je fais, je connais mon corps, soufflai-je. Je t'assure, Nate, que je peux gérer.

- Mais je ne veux pas que tu aies à gérer ! répliqua-t-il en m'attrapant le bras avant de se positionner juste en face de moi. Je veux m'occuper de toi, et je veux que tu puisses te reposer.

- Je ne suis pas en sucre, Nate, répétai-je pour la énième fois. Et tu sais aussi bien que moi qu'on aura besoin de cet argent.

- Je travaille, moi aussi, je te signale, dit-il. Et il y a cette proposition de Shane, l'exposition. Pour commencer c'est une opportunité en or, et ensuite tu seras rémunérée pour ça aussi. On peut s'en sortir.

Je plantai mon regard dans le sien pendant quelques secondes avant de baisser les yeux.

- Je ne sais pas si je vais accepter, murmurai-je en me détournant pour m'engager dans la chambre.

- Pourquoi ? demanda Nate, les sourcils froncés et le regard perdu.

Je me contentai de hausser les épaules. Je ne savais pas vraiment pourquoi, en réalité. C'est juste que je ne le sentais pas, j'avais l'impression de ne pas être encore prête, d'être trop jeune, pas assez expérimentée, et de ne pas réussir à convaincre d'éventuels critiques. J'avais peur de m'étaler en beauté devant tous les professionnels du monde de l'art et que toute cette exposition n'ait uniquement pour but de me ridiculiser et de détruite, d'écrabouiller, mes rêves en seulement quelques minutes. Et puis il fallait bien avouer que le timing était plus que mauvais.

- Tu devrais, lança Nate d'une voix douce. Accepter. C'est ton rêve, Angie. Tu ne vas quand même pas le laisser filer comme ça !

- Je ne sais pas si je suis prête pour ça, répondis-je simplement. Et je ne pense pas que ce soit le bon moment avec la grossesse et tout ce qu'on doit préparer. Je peux pas me permettre de me concentrer là dessus pour l'instant. Et puis ça ne change pas le problème, on va avoir besoin de quelque chose de plus concret, des revenus stables. Dans la situation actuelle, on ne peut pas se permettre de faire n'importe quoi. On aura besoin que je garde ce boulot au café.

- Et quoi ? Tu comptes travailler jusqu'à arriver à terme ? s'énerva à nouveau Nate. Tu veux peut-être accoucher là-bas aussi, en plein milieu d'un café bondé, tant que tu y es ?

Je me retournai vers lui et rencontrai ses yeux émeraudes avant de le défier du regard.

- Je travaillerai jusqu'au bout, déclarai-je d'un ton ferme.

- Putain, mais tu es bornée ! s'écria-t-il. Je ne veux pas que tu t'épuises, c'est si difficile à comprendre, ça ?

Je gardai le silence quelques secondes sans manquer de lui lancer un regard noir. Puis je m'approchais de Nate d'un pas décidé en pointant un doigt accusateur dans sa direction.

- Ce que je comprends, surtout, c'est que tu essayes de me dire ce que je dois faire, tu essayes de m'imposer un choix, ton choix, lâchai-je, en colère. Mais je ne suis pas ta chose, tu ne peux pas me garder bien gentiment à la maison à attendre que tu rentres en me tournant les pouces. Je suis libre de mes propres choix, merde !