One Year - Tome 2

-37- Soulmates

     There's No Way – Lauv ft Julia Michaels

     « There's no way that it's not going there,

     Every second with you I want another »

Jessy

J'avais décidé de faire du tri. Debout devant ma commode, je rangeais tous les dessins et productions que j'avais fait au cour de cette année. J'en avais accroché certains sur les murs de ma chambre, d'autres gisaient, éparpillés sur le meuble blanc depuis plusieurs semaines.

Je crois qu'il était grand temps que je fasse le ménage. Et que je passe à autre chose.

Je devais remettre ma vie en ordre, je devais me reprendre en main, je ne pouvais pas continuer de déprimer plus longtemps. Je devais réagir, accepter, et avancer. Je n'aimais pas être dans cet état, je n'aimais pas rester coincée dans cette spirale infernale. Ce n'était pas moi. J'aimais rire, profiter de la vie, et de tous les petits bonheurs qu'elle nous apportait.

Seulement, c'était compliqué de retrouver sa petite dose de bonheur quand la personne qui vous la procurait vous manquait terriblement. Au point que vous vous réveilliez parfois la nuit parce que vous ne parveniez plus à respirer.

Ma vie était devenue un gros bordel. J'avais rompu avec Logan, alors que je l'aimais encore comme au premier jour, puis j'avais dragué Shane, me ridiculisant complètement. J'avais l'impression de m'être perdue pendant ces derniers mois, d'avoir pris des décisions sur un coup de tête, de m'avoir fait souffrir parce que j'avais déjà trop mal. J'avais mal de le savoir si loin de moi, j'avais mal à cause de ce manque qu'il causait, j'avais mal parce que j'avais toujours l'impression qu'il trouvera mieux que moi, une fille moins chiante.

Mais maintenant j'avais mal parce qu'il était loin de moi, aussi bien physiquement que sentimentalement.

J'étais trop dépendante de lui. C'était comme ça, entre Logan et moi, fusionnel. Mais maintenant je devais arrêter d'y penser, arrêter de me morfondre. J'allais me concentrer sur mon travail, et sur mes cours. Voilà, c'était ça, mon objectif. Travailler pour ne plus penser. Quelque chose qu'Angie faisait tout le temps. Ça devait bien être efficace.

Je rassemblai mes dessins en un tas avant d'ouvrir le premier petit tiroir de ma commode pour les y déposer. Seulement j'arrêtai mon geste lorsque mes yeux tombèrent sur ce dessin un peu chiffonné et griffonné sur une petite feuille carrée. Je laissai tomber mes autres croquis pour me concentrer sur celui-ci, le prenant entre mes doigts.

Je passai mon index dessus, nostalgique. Je me souvenais très bien du moment où je l'avais dessiné. C'était le jour du départ de Logan. Je m'étais enfermée dans ma chambre pour pleurer et dessiner. Et c'est ce croquis qui en est sorti. Il représentait trait pour trait la scène que nous avions vécu la veille de ce départ. Nous étions chez moi, enfin chez mes parents, dans ma chambre, et Logan me tenait serrée contre lui. Je me souvenais qu'il me chuchotait des mots rassurants, il me disait qu'il m'aimait, et que nous irions bien.

Nous étions tous les deux représentés, même si j'avais dessiné les traits de Logan avec beaucoup plus de précision et d'application, délaissant mon propre visage. J'aimais le dessiner, j'aimais dessiner son sourire, toujours éblouissant, jamais faux. Il me donnait envie de sourire à mon tour, il me donnait de la force, il ensoleillait mes journées.

Et maintenant mon soleil me manquait. J'avais l'impression de passer uniquement des journées sombres et pluvieuses. Comme si un petit nuage gris me suivait constamment.