Chapitre 5 - Promenons nous dans les bois...

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Ambre était désolée de freiner John dans cette course folle à travers la hêtraie de Maidenhead. Mais son léger surpoids ne l'aidait pas dans cette aventure improbable : Se retrouver en pleine nuit au milieu d'un bois sur un seul prénom lâché dans un souffle, il faut dire qu'elle ne s'y attendait pas du tout. Elle se demandait même si elle n'était pas entrain de rêver.

On devrait plutôt parler de cauchemars. Elle n'a jamais aimé se balader de nuit. Déjà en ville, ce silence, cette absence de circulation, de vie, juste les lumières des télévisions allumées dans les chambre, créant un halo dans la rue variant sans cesse de contraste l'épouvantaient. Mais alors la balade en forêt... Elle découvrait et le regrettait.

Bien sur, il fallait ajouter une pleine lune qui, au lieu de la rassurer par sa lumière, l'angoissait, tout comme cette brume couchée au sol, qui s'étendait comme une couche de glace épaisse et lisse recouvrant tout ce qui se situait sous ses mollets.

— Ça va Ambre, tu suis ? Demanda John qui avançait d'un pas décidé.
— Oui, ne t'inquiète pas pour moi, c'est encore loin ?
— D'après le GPS, on en a encore pour BORDEL DE MERDE !
— QUOI ???
— J'ai les pieds trempés ! C'est un putain de marécages. Reste où tu es. Je vais mettre la torche quelques secondes. Il te reste beaucoup de batterie ?
— J'ai... Commença Ambre en fouillant ses poches, ...Oublié mon portable.
— Bon pas grave, il me reste 40% ça devrait aller. Je ne vois pas de chemin ici. Avec cette brume je ne vois pas grand chose en fait. On va devoir se mouiller. On va se serrer pour ne pas trébucher. On est assez en galère comme ça.

Ambre avança prudemment jusqu'à attraper la main de John. Et se colla à lui en sentant l'eau lui monter jusqu'à la cheville.

— Dis donc, je ne m'attendais pas à un tel rapprochement, blagua John.
— T'es con, je ne suis pas vraiment en situation d'apprécier tes plaisanteries.
—  Oh c'est bon, j'essaie juste de détendre l'atmosphère. Allez on y va pas par pas. "

A chaque enjambée, le pied se collait à la semelle de ses baskets imbibée d'eau. L'odeur était nauséabonde et la main qui ne tenait pas celle de John lui servait de pince nez. Mais ce qui angoissait le plus Ambre, c'était de marcher à l'aveugle. D'un coté, toujours cette brume et de l'autre, le monde aquatique et ses secrets... Ses chevilles vulnérables sentaient parfois des mouvements. Qui sait quel animal dégouttant pouvait se cacher dans cette vase? Elle pensa aux sangsue, ces vers répugnants se nourrissant de sang, tels des vampires. "Les vampires de Maidenhead, voilà un bon titre d'histoire à écrire sur Wattpad." se dit Ambre avant de se promettre d'en parler demain, aux élèves addict de l'application, lorsque ce cauchemar sera passé. En attendant, en avant!


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A peine la porte claquée, elle composait le "999" sur son téléphone. Une sonnerie, deux sonneries, trois sonneries, quatre sonneries, cinq sonneries... "Mais ce n'est pas possible, tout le monde est couché ou quoi?" pesta Audrey tout en gardant un œil sur Marie, toujours inconsciente.

La police ne répondait pas aux appels, la famille Bricks non plus et rapidement, Audrey se rendit compte que même José s'était éclipsé de la pièce sans même prévenir. Elle se leva de sa chaise et descendit l'escalier menant au salon. La télévision était allumée, mais aucune trace humaine dans la pièce. Dans la cuisine, le ronflement du réfrigérateur était le seul son décelable. Les toilettes, la salle de bain, la chambre d'Isabella et José, la salle à manger... Rien. Leurs hôtes étaient aux abonnés absents.

Elle remonta les escaliers pour retrouver sa chambre partagée avec Marie. A peine deux minutes s'étaient écoulées mais cela avait suffit : La pièce était vide. Sur le fauteuil, une étrange poupée en porcelaine l'observait, en affichant un sourire figé mais diabolique.


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John n'avait pas vraiment la tête à observer le paysage qui l'entourait. Il était concentré sur ses pas et sur les pas de son amie qui faisait la grimace à chaque mètre parcouru. Les arbres avaient disparu et laissé place à une grande clairière. La brume se maintenait mais le terrain se faisait moins humide. Au dessus d'eux, la lune était énorme, il a rarement vu une lune sous ce jour, d'une teinte rosée et d'une taille qui dépassait tout entendement.

— Ça va mieux ici, ce n'est que de la boue. Faudra faire gaffe à la moquette en rentrant!
— C'est quoi ce truc devant nous? demanda Ambre.
— Quoi?
— Ben la regarde!"

Devant eux, au beau milieu de la clairière s'élevait un cromlech. Sept monolithes parfaitement rectangulaires s'élevaient à quatre mètres de haut. Ambre et John s'approchèrent de cet étrange monument qui ne semblait pas avoir d'âge. La boue laissa place à un gazon parfait, vert et étincelant à la lumière de Séléné. Le gazon les mena au pied de ces pavés noirs dotés d'étranges symboles qu'ils ne surent reconnaître. L'obsidienne qui constituait le monolithe était brillante et aucunement altérée. Comme si ces pierres avaient été posées la veille.

— J'ai l'impression d'être dans la trilogie Cornetto d'Edgar Wright, c'est quoi ce délire? s'étonna John.
— Je crois qu'on va bientôt se réveiller. Suffit d'attendre un peu. Aïe!
— Tu vois tu ne dors pas! s'exclama John après avoir pincé Ambre. Je ne comprends rien à ces écritures, on dirait un charabia venant d'une civilisation ancienne, incas, indienne ou je ne sais quoi. Mais en même temps, ces blocs ne sont pas du tout érodés. Je...
— Chut!

John fut tiré derrière un monolithe par Ambre. Elle montra du doigt le chemin d'où ils venaient. Une lumière se déplaçait. Une flamme, une torche! Bon dieu, ils étaient suivis! John ne réfléchit pas deux secondes et partit vers le chemin opposé, retournant à travers bois.

La drève était faite de terre, la brume avait disparu, ils purent se mettre à trottiner pour distancer ces lumières qui se faisait de plus en plus nombreuses à l'horizon. John n'osait pas le dire, mais il avait sérieusement peur. Après 10 minutes de course, la rue apparut à travers les feuillages : Les lampadaires, les premières maisons. Ils accélérèrent jusqu'à atteindre le macadam rassurant. Ils se courbèrent, tête en bas, soufflant leurs poumons brûlants. Le cerveau reptilien, garant de la survie animale, pouvait pousser dans ses retranchements les limites du corps humain.

Quand ils eut repris ses esprits, John ressortit son téléphone, lança Google Maps et en resta bouche bée. Il leva les yeux, regarda en face de lui : la maison d'Isabella et José. Ils étaient de retour à leur point de départ. Impossible.



Pas sur d'être satisfait de ce chapitre avant la publication mais, m'étant engagé à publier avant de dormir... Je n'ai plus de choix possible ! À suivre donc...

Maiden[d]eadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant