Ambre, Audrey et John marchaient au beau milieu de la rue déserte, les yeux encore humides. Après la découverte macabre des têtes dans le coffre réfrigéré de la cave d'Isabella et José, ces étranges hôtes qui n'ont pas donné signes de vie depuis le début de la soirée et ce... cet appel de ce pauvre Arthur. Que lui était-il arrivé ? Et Marie ? Disparue, comme les deux autres, remplacée par une horrible poupée. Leur séjour tournait à l'horreur et ce n'était rien de le dire ! Ils avaient décidé de tirer un trait sur tout ça, et se rendre à la police, le plus rapidement possible, avant que la folie ne les embrasse.
— Ce n'est pas un peu étrange cette rue totalement déserte ? lança Ambre.
— Mais non, il n'est pas loin de... essaya de répondre Audrey en regardant sa montre. Elle ne fonctionne plus, une montre à 150 balles !
— La mienne non plus ne fonctionne plus et mon portable est HS, dit John. Mais nous sommes au beau milieu de la nuit. A part les vampires de Maiden Head, on ne devrait pas rencontrer grand monde ! plaisanta John.
— Mais tout de même, aucune lumière aux fenêtres...
— Ils dorment...
— Et les lampadaires ?
— C'est à la mode, c'est écolo, on éteint les luminaires en ville la nuit...
— Et ce silence ?
— Bon tu as fini ? Et pourquoi la lune est si brillante aussi ? s'énerva Audrey.
Tout le monde se tut. La tension était palpable dans le groupe. John lança un regard désolé vers Ambre, avec qui il avait déjà partagé une terrible virée nocturne au cœur du bois de la ville. Il la comprenait. Il lui sourit et lui fit un clin d'œil qui rassura quelque peu sa collègue et amie.
John adorait la nuit. Dans d'autres circonstances, bien sûr, ils aimaient se balader dans les rues, lorsque le silence s'installait, que les voitures n'existaient plus, que les seules lumières traversant les fenêtres étaient celles d'un téléviseur, laissé allumer. La nuit, le monde changeait, pour certains plus effrayant, pour lui plus captivant.
Les maisons, habillées de leurs briques, de leurs petits jardins et de leurs « Bow Window » étaient alignées au bord de la route. Cela en devenait monotone. Il parcourait, en sens inverse, le chemin pris par José lorsque celui-ci avait ramené les professeurs chez lui, juste après que les élèves soient partis vers leurs familles respectives. Cela semblait être il y a une éternité. John savait que le centre-ville n'était pas loin. Deux kilomètres peut-être, trente minutes de marche...
Les maisons résidentielles laissèrent place à des immeubles bas puis à des bâtiments administratifs, des magasins, des restaurants... Ils se rendirent sur la place principale. A l'ouest, l'entrée du bois qui ne les avait pas quittés. A l'est, le majestueux hôtel de ville avec ses 4 colonnes. Au nord, on devinait le clocher de l'église, contemporaine, derrière les arbres d'un petit parc public et au sud, la bibliothèque de la ville.
— Il y a un plan là-bas ! s'écria Audrey, en avançant vers celui-ci.
— Regarde, on vient d'ici, le commissariat est... commença John.
— Juste là ! C'est derrière l'hôtel de ville ! Bientôt la fin de cet enf...
Audrey ne put sortir un mot de plus. L'entrée du bois s'illumina soudain. Les deux lampadaires à gaz, semblant sortis tout droit du début XIXème siècle, s'allumèrent et tout autour, derrière l'orée des arbres, un tas de petites flammes dansantes apparut, comme des millions de feux-follets se préparant à une fête fantastique.
— On... On... Ils nous ont trouvé ! paniqua Ambre.
— Chut ! souffla John en prenant Ambre dans ses bras pour la calmer. Audrey, on a déjà vu ça, dans la forêt, la dernière fois. J'avais l'impression qu'on nous poursuivait mais...
— Ça n'a pas l'air de bouger. C'est quoi ?
— On ferait mieux de se barrer d'ici ! proposa Ambre.
Ambre et John entamèrent d'un pas décidé la distance qui les séparait de l'hôtel de ville. Audrey ne parvenait à bouger. La cime des arbres s'était mise à se mouvoir, dans un mouvement régulier, de gauche à droite, imitant les pas d'un géant faisant du surplace. Un cri effroyable et strident la réveilla soudainement. Elle se mit à courir à toute vitesse vers le bâtiment administratif, suivant les pas de ses deux collègues qui, eux aussi s'étaient mis à courir. Un vent torrentiel sorti des bois pour les soulever de quelques centimètres, imitant une main invisible venue les pousser en lieu sûr.
— Ne vous retournez pas ! Courrez, courrez ! Hurla Audrey par-dessus le bruissement des feuilles.
John ne réfléchit pas et fonça vers la porte de la mairie, sans doute fermées à cette heure. Il sauta sur la poignée et l'actionna. La porte n'opposa aucune résistance, elle n'était pas verrouillée. Il entra, tirant Ambre par la main et la lançant à l'autre bout de la pièce avant de refermer la porte et de la verrouiller. Le bruit retomba aussitôt, laissant place au silence de la nuit.
— Ça va ? demanda-t-il à ses collègues.
— Oui, un peu secouée mais ça va, répondit Ambre en se relevant péniblement.
John se retourna, soudainement. Il observa la pièce, dans la pénombre. Il déverrouilla aussitôt la porte et l'ouvrit sans réfléchir. La lune lui faisait face. Seule sa lumière l'éclairait. Le bois était sombre, invisible et l'air stagnait autour de lui.
Dans la précipitation, il venait de signer l'arrêt de mort de sa collègue, Audrey, en l'enfermant dehors.
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Maiden[d]ead
TerrorLe voyage sanglant d'un groupe de collégiens qui se réjouissaient de passer 4 jours au Royaume Uni. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant exi...