Chapitre 24 - Libre Arbitre

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— Passons aux choses sérieuses. Tout ce que je veux, dit José, c'est que chacun de nous retrouve sa liberté. Que chacun puisse mener sa vie comme il l'entend, loin de cette ville terriblement oppressante, vous ne me contredirez pas je pense.

Le groupe se tût. Que répondre ? John, Aaron, Céline, Ambre, Emma ne pouvaient que fixer le groupe d'élèves situé à l'opposé de l'étendue d'herbe et de brume.

— Bien. Qui ne dit mot consent. Céline.

— Oui ? répondit-elle par réflexe, surprise.

— Voilà maintenant des années que nous te cherchons et je dois bien avouer que je ne les compte plus, dit-il avec un sourire satisfait.

— Moi ?

— Oui, enfin non. Pas toi... Une créa ! Il existe très peu d'être comme toi. Des êtres à l'imagination débordante, capable de créer des ponts, des portes, que sais-je... vers d'autres mondes. Ici, tout n'est que littérature et imaginaire, mais grâce à toi, nous deviendrons réalité. Les adolescents sont particulièrement... prometteurs dirons-nous!

— Je lui ai déjà raconté tout ça, cessez votre baratin. Il nous a déjà tout raconté, s'insurgea John en s'avançant vers le vieil homme.

— Ah vous avez rencontré l'Auteur ? C'est étrange tout de même non ? Repensez à tout cela... Ce que nous vivons maintenant, est le fruit de son imagination ou de notre libre arbitre ? Est-il en ce moment même en train d'écrire notre histoire ? Notre scène finale ? Si c'est bien le cas, inutile de bavarder, la fin est déjà écrite dans son esprit mais... s'il décide de nous faire parler alors comment nous arrêter ? Les Hommes de votre monde se sont toujours posés cette question... Il y a 300 000 ans, lorsque la foudre est tombée sur un arbre et qu'un homme s'est mis à vouloir reproduire « le feu », était-ce un signe, était-ce écrit ? Sans cela, l'Homo sapiens aurait-il pu survivre? Le hasard a-t-il une place dans notre monde ou le vôtre ?

— Vous n'êtes que des personnages de fiction. Nous sommes des personnes réelles, entama John, avec une incertitude perceptible.

— C'est bien là que vous avez tout faux... C'est bien là que vous vous êtes faits avoir ! Que vous a-t-il raconté ? Que vous deviez sauver le monde ? Cela n'arrive que dans le film ou... les romans. Attendez, faisons une expérience voulez-vous ? Regardez cette jeune fille là-bas. Randall, avance la gamine.

Un homme muni d'une cape noir dont le visage était caché dans l'ombre s'avança avec l'élève qui n'était autre que Maëva, personne ne pouvait s'y tromper.

— Alors que va-t-il se passer ?

— Mais arrêtez enfin ! cria Emma.

— Oh non, l'amusement ne fait que commencer. Randall !

L'homme à la cape souleva le bras et ce que virent ses camarades dépassa l'entendement. Le corps de Maëva s'éleva dans les airs, prise de panique, les mains au cou tentant de retirer une corde qui n'existait pas. Emma sortit de sa stupeur et couru vers elle, avant même que Ambre ne puisse la rattraper par le bras. Mais le corps retomba, inerte sur le sol, entraînant une vague de brume qui se propagea dans toutes les directions. Emma n'avait fait qu'une centaine de mètres lorsqu'elle se figea d'horreur devant ce qui venait de se passer.

— Emma !

Celle-ci se retourna vers le vieil homme qui l'interpellait. Tout se passa tellement vite que personne ne put réagir à temps. José sortit un Luger de la poche intérieure de sa veste et tira une unique balle qui atteignit sans peine la glabelle de la jeune fille. Elle parut un moment sourire, le sang coulant le long de son nez, pour atteindre sa bouche et ses dents qui rougirent.

En fond sonore, les cris des élèves dont un seul cri sortit du lot. Celui de Céline. Véritablement envahie de rage, se précipitant vers le vieil homme qui lui tournait le dos. La distance était grande et toute personne censée vous dira que, jamais Céline n'aurait le temps d'atteindre le vieil homme avant de recevoir elle-même une balle entre les deux yeux. Mais vous savez tout comme moi qu'ici, une créa était capable de tout si son imaginaire le lui permettait. C'est donc cela le libre arbitre.

Un autre cri, de douleur cette fois-ci, résonna dans le dos de John, déconcentrant Céline de sa tache première. Elle ne put que voir Ambre, la main ensanglantée, tenant son poignet et devant elle, sa meilleure amie, Clara, la bouche également ensanglantée, si ce n'est qu'une paire de doigts trônaient entre ses dents.

Il n'en fallut pas plus au vieil homme pour reprendre le contrôle de la situation et alors, John comprit qu'il n'était plus question de libre arbitre, et qu'IL était le seul maître à bord.

Jonathan. Sauve-nous. 

Maiden[d]eadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant