— On y va ? chuchota Alban
— Si tu veux faire les héros vas-y, moi je n'ai jamais vu un mec aussi énervé. Même le prof d'Arts Plastiques n'atteint pas ce niveau !
— T'es con, ça à l'air sérieux !
— Non mais relativise...Un bruit de porte cassée résonna dans le salon. Alban et Aaron observaient la pièce du haut des escaliers, nichés dans la pénombre de la nuit, évitant de se placer dans la lueur de la lune traversant l'imposant vitrail situé au-dessus de la porte d'entrée.
— J'y vais, dit Alban en se levant. Ce n'est pas normal ! D'abord l'autre furie qui passe un couteau à la main et maintenant ce bruit. Allez, ramène ta fraise !
Le temps de la réflexion était écoulé, Alban était déjà au milieu du salon, se dirigeant vers le couloir où venait de s'engouffrer, à toute vitesse, leur hôte Orlock. Tant pis, il resterait là. La peur l'empêchait de bouger. D'un côté, son esprit rationnel affirmait qu'il ne se passait rien de grave, mais de l'autre, son imagination lui inspirait le pire. Le silence était pesant et le tic-tac de l'horloge envahissait tout l'espace.
Soudain des pas raisonnèrent, des pas précipités. Aaron vit Alban sortir à toute vitesse du couloir, se jetant presque sur la première marche des escaliers avant de s'effondrer sur la rampe, glissant sur le bois vernis, éclaboussé de peinture rouge. Aaron ferma les yeux avant de les rouvrir, ce n'était pas de la peinture mais bien du sang. Le corps d'Alban était étalé sur le dos, le regard tourné vers lui, un regard de mort, les tempes traversées par un opinel, l'opinel d'Orlock, posté à la sortie du couloir, fixant sa victime.
Aaron se retourna, plaquant son dos contre le mur du premier étage, espérant ne pas avoir été surpris par Orlock. « Nom de dieu, je rêve là, merde ! ». Il devinait, au son, ce qui se passait en bas. Orlock tirait le corps, le trainant sur la moquette, laissant derrière lui une trace rouge. Il devait réagir, il ne pouvait pas rester là. Son portable ! Dans la chambre ! Y retourner demanderait grande discrétion. Il ne donnait pas cher de sa peau si Orlock entendait des pas à l'étage... Et cette moquette n'était qu'un cache misère, dessous, le vieux parquet était grinçant.
Aaron sortit de ses pensées lorsqu'il entendit l'escalier grincer. Orlock montait, pour le chopper. « Mais bien sûr ! Je suis le dernier ! Quel idiot, panique de merde, j'aurais dû me barrer ». Il se mit à quatre pattes, bien décidé à sauver sa peau. Il poussa la porte la plus proche et se glissa dans la pièce sombre. Lorsqu'il ferma la porte, doucement, il entendit Orlock continuer son chemin, passant à toute vitesse, se dirigeant vers l'escalier menant au second étage. Aaron devina facilement sa destination : le troisième, la chambre des garçons. « Quand il va se rendre compte que je suis dans la maison il va me tuer. Il faut que je me casse d'ici ! ». Il refusa d'allumer la lumière, de peur d'attirer l'attention. Il marcha à pas léger vers une lueur étouffée par un épais rideau et le fit coulisser.
La rue était devant lui, éclairée par la lune, immense, postée juste en face de lui, au-dessus d'une vieille église située sur le trottoir d'en face, porte d'entrée d'une forêt qui s'étalait sur l'horizon. Mais c'est lorsqu'il se retourna que le spectacle fut total. La pièce, éclairée à la lueur de Sélèné, dévoilait une multitude d'armoire et de tables, envahies par des animaux naturalisés, bocaux de matière organique conservée dans le formol et autres bizarreries biologiques. Il se trouvait dans le cabinet de curiosité d'Orlock. Il commença à parcourir les étagères et vitrines.
La première vitrine était un étalage d'organes en tout genre. Cœur de bœuf, pénis de baleine, intestin de renard, estomac de pigeon... Le tout était étiqueté méticuleusement. Orlock était un passionné de biologie. Il poursuivit son exploration, tombant nez à nez avec une très grande créature, aux pattes fines mais au torses musclés, poilus. Son regard remonta jusqu'à une gueule avancée et menaçante. Il dut y regarder à deux fois avant de se l'avouer, il avait devant lui un loup garou empaillé. Du moins, c'est ainsi qu'il interprétait la vision de cet animal résolument imaginaire. « Je ne sais plus ce qui est imaginaire ou non... Je suis enfermé dans un cauch... » ses pensées furent interrompues par les pas d'Orlock. Il descendait et son pas trahissait une fureur qu'il n'avait pas en montant. « Il sait. »
Une première porte claqua au bout du couloir. Aaron commença à parcourir la pièce, à la recherche d'une issue. « La fenêtre ? Trop haute et surtout, la vue y est dégagée, c'est un coup à se faire repérer en deux deux ! » « Le rideau ? Possible... Mais risqué ! » « Une armoire ? Trop étroite... ». Une deuxième porte claqua dans le couloir, des bruits se firent entendre dans la pièce voisine, ils se rapprochait. En fixant le mur, il remarqua une étrange trappe, située à un mètre du sol. Il s'avança précieusement et tenta de l'ouvrir. Elle ne résista guère et dévoila une plateforme munie d'une épaisse corde. « Putain, si j'entends les cris de Zelda, je me tue ! » pensa-t-il, se remémorant une scène du film Simetierre, vu à une époque où Alban était encore... Il balaya d'un geste ses pensées néfastes et grimpa dans le monte-charge. Il referma la porte à l'instant où Orlock envolait celle de la pièce.
Aaron n'avait qu'un petit orifice pour observer ce qu'il se passait dans le cabinet. Orlock semblait fou furieux, ses gestes étaient brefs, précipités. Il regardait partout, sous les tables, dans les armoires, derrière le... loup garou. Il s'approchait dangereusement de la trappe et s'arrêta soudain.
« Eh merde » fut la seule pensée d'Aaron à cet instant. Il était foutu.
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Maiden[d]ead
УжасыLe voyage sanglant d'un groupe de collégiens qui se réjouissaient de passer 4 jours au Royaume Uni. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant exi...