Chapitre 8 - Comme des rats

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Elles entendirent Mercedes pousser la porte de la chambre. Il respirait bruyamment.

— On fait quoi? chuchota Clara.
— Je ne sais pas, je ne sais plus. On peut sortir, mettre fin à tout ça. Merde! J'ai l'impression de ne plus faire la différence entre la réalité et mon imaginaire, répondit Céline.
— Mais pourquoi on est dans cette salle de bain? Moi j'ai juste suivi tes ordres, je comprends rien tout c'est passé si vite, Emma qui s'effondre, toi qui me pousse.
— Mercedes est un cannibale. Le haggis c'était pas des abats de brebis mais des abats d'Homo sapiens, de collégiens, comme nous. Il doit être entrain de saliver sur Emma pendant qu'on chuchote comme des connes, assises dans une baignoire.
— Euh... On n'est pas dans un livre Cé, tu es au courant de ça ou pas? Rappelle moi de continuer à ne pas ouvrir de livre. Tu es grave, sérieux... Non mais tu es sérieuse vraiment?
— Oui... Enfin c'est pour ça qu'on est ici mais je sais plus moi.
— Bon, viens, on sort, on va discuter avec Mercedes, un coup de Google Trad puis on appelle les profs. On a le numéro d'urgence.

Elles sortirent de la baignoire. Clara appuya sur l'interrupteur qui éclaira instantanément la pièce et surtout, la clé qui déverrouillait la porte. C'est à ce moment là que la porte vibra, craqua et risqua de s'effondrer.

 C'est à ce moment là que la porte vibra, craqua et risqua de s'effondrer

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Le cri de Joe résonna dans toute la maison. Un cri de terreur qui aurait pu réveiller le voisinage.

— Oh! Vous m'avez fait flipper!
— Désolé, répondit Joe tandis qu'Ambre montait les escaliers quatre à quatre pour se jeter dans les bras d'Audrey.
— Ça va, ça va, pourquoi vous revenez aussi vite? Vous avez des nouvelles du môme?

Joe et Ambre se regardèrent puis se tournèrent vers Audrey.

— Aussi vite?
— Bah oui, vous étiez censé passer chez les Bricks non? Ce n'est pas le voisin à ce que je sache! 5 minutes pour...
— On est parti 40 minutes! On a couru comme des dératés dans un bois marécageux pour tomber sur des mégalithes venus d'un autre temps, poursuivis par une horde de lumières flottantes et tu me sors "aussi vite?" cria Joe avec ce besoin de se défouler et de se vider de toute l'horreur qui l'avait envahie au cours de cette escapade, laissant sans voix son interlocutrice.
— Où est Marie? demanda Ambre, en revenant de la chambre, une poupée (ce sourire terrifiant, elle m'observe!) à la main.
— Je... Je ne sais pas écoute tout le monde a disparu de cette maison. Quand vous êtes partis j'ai appelé les flics puis je suis descendu pour trouver José ou Isabella mais eux aussi ont disparu et quand je suis remonté il y avait... il y avait... finit-elle les yeux pleins de larmes.
— C'est bon c'est bon, on... Elle a pas pu disparaître, peut être que José a appelé une ambulance et... Mais aidez moi j'ai l'impression de perdre la boule! déclara Ambre.
— Les filles, tout cela a forcément une explication rationnelle. C'est scientifique. Tout s'explique mais une réponse peut se faire attendre. Moi, clairement, je n'ai pas envie d'attendre. On est sur que Marie n'est pas dans le coin? On fouille la baraque et si ça va pas, on va chez les flics, par la route. J'ai assez donné dans les bois.

Les trois professeurs s'efforcèrent de parcourir toutes les pièces. Rien. La maison était vide, si ce n'était ces poupées ubiquistes.

— Les filles, on a oublié celle-ci! dit Joe en montrant la porte qui était située juste sous l'escalier, menant vers ce qu'ils auraient appelé, en cet instant, "La cave", mais qu'ils ne tarderont pas à appeler "les profondeurs de l'horreur". 

 

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— GET OUT BITCHES! hurla M. Mercedes, pris d'une fureur folle de l'autre coté de la porte.

Les filles n'avaient pu que reculer, s'écrasant l'une contre l'autre sur la cuvette des toilettes située à l'autre extrémité de la pièce. Elles étaient effrayées, la porte avait tenu mais il s'en était fallu de peu. Mercedes tapait dans la porte, à coup d'épaule, comme un dératé. Céline, comme Clara, était immobilisée par la terreur. Elle était emprisonnée dans son propre corps. Un combat entre ses aires cérébrales étaient engagées : son cerveau reptilien ne demandait qu'à fuir tandis que son cortex l'immobilisait.

Une lame traversa la porte, en son centre. Une lame énorme. Un couteau de boucher, plat, une lame aiguisée de trente centimètres. Si cette lame avait fait son apparition une minute plus tôt, Clara se serait retrouvée avec cette lame au beau milieu du front, transperçant son crâne. La lame repartit puis revint. Mercedes s'en servait comme d'une hache, il voulait détruire cette porte, il voulait les attraper, les tuer(, les manger).

— On se casse par là! cria Céline qui retrouva quelque peu ses esprits tout en désignant la fenêtre située au dessus de la baignoire.
— On passera jamais par là!
— Tu veux te faire tuer? Bouge-toi!

Céline pris Clara par les épaules et l'avança de force jusqu'à la baignoire. Elle ouvrit la petite fenêtre, censée permettre l'aération modeste d'une salle de bain et non le passage de deux ados en panique. Clara s'engouffra, tête la première dans la fenêtre ouverte tandis que Mercedes redoubla de fureur. 

— Ca donne sur le toit de l'entrée, mais c'est haut!
— Grouille, saute! Je préfère crever comme ça !

Les épaules passèrent, justes, à travers l'encadrement. puis le reste du corps suivi. Un petit cri accompagna la chute de Clara. Elle avait atteint le toit qui protégeait la porte d'entrée. Céline se lança mais ne pu s'empêcher de poser un dernier regard sur la porte. Mercedes l'observait, à travers le trou qu'il venait de faire. Seul son visage, rouge de fureur, dépassait de l'encadrement.

— SWINE! I'LL KILL YOU!

Elle eut juste le temps de voir son visage s'éloigner et sa main apparaître. Elle connaissait la suite, il allait atteindre la clé, ouvrir la porte, l'attraper. Elle passa sa tête, la fraîcheur de la nuit était un délice. Elle fut quelques microsecondes admiratives de cette gigantesque lune qui semblait se délecter du spectacle. Elle passa l'épaule, puis le bassin, elle commença à glisser, attrapa la main de Clara au moment où elle sentit celle de Mercedes se refermer sur l'une de ses chevilles.

Maiden[d]eadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant