Chapitre 12 - Appel Sanglant

26 5 0
                                    

Lorsque le téléphone sonna et que les pas de José dans l'escalier s'en suivirent, Marie fut la première à sortir de sa chambre. Elle s'empressa de prendre le téléphone.

— Allo ?

— Madame, c'est Arthur ! entendit-elle dans le combiné. Son élève semblait en pleurs. Sauvez-nous, ils vont nous tuer, madame, madame, je vous en pr...

Plus rien. Un bruit sourd se fit entendre de l'autre coté de la ligne. Audrey et Ambre rejoignirent Marie, avec un air interrogateur. Puis soudain un son guttural, un jet, un gargouillis. Lorsque John sortit de sa chambre, ce son cauchemardesque s'amplifiait dans le haut-parleur donnant directement sur les tympans de Marie. L'horreur était trop forte, le téléphone chuta puis ce fût sa propre chute.

 L'horreur était trop forte, le téléphone chuta puis ce fût sa propre chute

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Les toilettes n'étaient pas bien loin. Un couloir puis la première porte à droite. Il n'eut pas à chercher longtemps, dommage qu'il ne s'y soit pas pris plutôt. Il nettoya comme il pût son accident. Il faut dire qu'il avait eu une sacré frousse. Il n'était pourtant pas du genre peureux mais ce qu'il avait vécu se rapprochait d'un cauchemar éveillé. Une genre d'hallucination due à la chaleur de la journée où a sa fatigue, bien qu'il ne se sente pas si crevé !

— Bon allez mon vieux, se dit-il devant le miroir, après tout tu es avec tes potes, tu vas leur expliquer, ils vont comprendre. Ca arrive à tout le monde... J'aurais bien aimé vous voir tiens !

Il tira la chasse d'eau et sortit de la pièce. De retour dans le hall d'entrée, il s'attendait à retrouver ce bruit de pendule envahissant mais fût rapidement distrait par la voix d'Orlock. A l'opposé de la pièce, à gauche de l'escalier se trouvait une double porte coulissante d'où une ombre dansante se faufilait à travers l'entrebâillement. Il fût heureux de ne plus être seul, à proximité de ce tableau qu'il s'efforçait d'ignorer du regard. Il s'approcha de la porte puis fût stoppé net par ce qu'il comprit des paroles de son hôte.

— On attend la nuit tombée, on laisse les gamins tant que la lune ne pointe pas le bout de son nez. Ça va faire une belle histoire !

Arthur s'approcha lentement de l'entrebâillement des portes et glissa un regard vers ce qui révélait être le bureau d'Orlock. Il avait un téléphone à la main et faisait les 100 pas sur la moquette rouge.

— Une fois testés, tu en fait ce que tu veux. Tu as un doute sur Céline ? Non... Oui... Son profil correspond... On est sur de rien. Tu ne tue aucun gamin pour le moment. Manger ? Tu...

Arthur était sonné. Il ne comprenait guère les mots d'Orlock. Céline ? Il parle de notre Céline ? Celle de la 3e Pâquerette ? Il se recula, cherchant son téléphone dans sa poche arrière. Il s'empressa de parcourir ses contacts à la recherche de Céline, il savait qu'il l'avait sur Messenger.

ARTHUR : SALUT CELINE ? CA VA ? COMMENT SE PASSE TA SOIREE ?

Il s'installa sur le rebord de l'escalier, les yeux rivés sur l'écran. "Message envoyé", "message reçu"... "Message lu". "Céline écrit un message"... Le téléphone sonna.

— Chier ! souffla Arthur en relevant la tête, par réflexe, vers le bureau.

Les portes étaient ouvertes. Orlock se tenait devant lui.

— Petite merde, petit fouineur. Tu as entendu quoi ? crut-il comprendre de la bouche d'Orlock.

— Je... Rien monsieur, j'ai eu un souci de... Enfin vous voyez les toilettes, j'ai cherché et... bafouilla-t-il tout en se relevant.

— Beau gâchis, déclara Orlock en sortant un opinel de sa poche. Vraiment un beau gâchis. Tu sais, tu aurais pu être une star. Avec ton aspect grassouillet, on a juste envie de faire durer le plaisir. Mais bon, tu mourras dans l'indifférence, tu n'es pas le premier, pas le dernier. Finit-il en s'approchant d'Arthur.

— Monsieur, je ne comprends pas, je... répondit Arthur tout en reculant, en pleurs.

Il se retourna soudainement et courut vers les toilettes avant de claquer la porte. Il prit son portable dans les mains, l'écran allumé sur messenger.

CELINE : COUCOU, TOUT VA BIEN, ON A MANGE UN TRUC DEGUEULASSE MAIS BON. ET VOUS ? ALORS CETTE FERME ?

Il cliqua sur la bulle de dialogue et lança l'application répertoire. Il cliqua sur « Profs » (bon dieu, il avait bien eu raison de le noter ce numéro !). Un homme répondit en anglais, rapidement suivi de la douce voix de sa prof d'anglais. Jamais il n'avait jamais été aussi heureux d'entendre sa prof d'anglais.

— Allo ?

— Madame, c'est Arthur ! Sauvez-nous, ils vont nous tuer, madame, madame, je vous en pr...

La porte s'ouvrit dans un fracas, faisant voler le bois dans les toilettes. Il n'avait fallu, à Orlock, qu'un coup de pied pour l'ouvrir. La serrure n'avait pas tenue. Orlock s'approcha, posa une main délicate sur la tête d'Arthur, sonné par le choc. Il approcha lentement la lame du couteau, puis trancha la carotide d'un coup sec. Le sang gicla en un jet, preuve d'une une incroyable pression artérielle. Arthur, guidé par ses instincts primitifs, mis ses mains à son cou, essayant, en vain, de stopper l'hémorragie. Il sentait encore la lame glisser sur sa peau, une douleur sourde, métallique. Il sentit ses membres le lâcher, le manque d'énergie l'envahir. Il s'effondra, se cognant le crâne contre la cuvette, projetant de plus belle le sang sur les murs des toilettes.

Orlock écrasa le téléphone, tombé à proximité du torrent de sang qui n'en finissait plus de s'étaler, inondant le cadavre apaisé de Arthur, gisant sur la moquette.

Si ce jeune élève était encore vivant, il se serait posé beaucoup de questions en voyant son hôte tremper son doigt dans son sang avant de le déguster en le posant sur le bout de sa langue. Il aurait aussi compris ces quelques paroles :

— Au moins, tu as bon goût. 

Maiden[d]eadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant