— Tu vas être parfait. Ne stresse pas. On a besoin de toi. Tous.
— Je n'aime pas ça, je ne sais même pas quoi dire.
— On est deux. On est profs. Deux adultes responsables de ces quatre gamins qui comptent sur nous.
John posa ses lèvres sur celles de Ambre avant de l'enlacer pour y puiser ses dernières forces. Les dernière forces pour la dernière épreuve. Main dans la main, ils quittèrent le hall de la mairie pour retrouver Aaron, Céline, Emma et Clara auprès du corps inerte d'Audrey.
Rapidement, Ambre avait réagi en cherchant un drap dans la Mustang. Les élèves étaient dans un état de choc, en larme, immobile. Le temps s'était figé dans un environnement où seuls les deux professeurs semblaient pouvoir se mouvoir. John a vérifié le pouls de sa collègue avant d'annoncer la mort, d'un seul regard, à son amante et amie qui le recouvrit d'un linceul blanc.
Quand il voit un corps inerte enroulé dans un tissu blanc, il ne peut que repenser à la mort qu'il a côtoyé à des milliers de kilomètres de là, dans la province d'Antsirabé, sur l'île de Madagascar. Lors de son voyage, il avait eu la chance de rencontrer une famille, en pleine festivité du Famadihama ou « Retournement des morts ». Les malgaches de certaines ethnies sortent les cuivres et les tambours pour fêter la mort. A contre-courant de notre société qui ne fait que pleurer la perte de l'être cher, les malgaches sortent le Rhum avant de déterrer les corps et de danser avec eux. Ce jour-là, c'était le corps d'un enfant, qui rejoignait les corps des autres membres de la famille dans le caveaux familial. La tristesse était bien présente, mais l'ambiance était festive. Il repense encore à cette vieille dame, effondrée sur le linceul de son mari, une larme coula sur sa joue. La mort. Un vaste sujet sur lequel disserter. Qu'y a-t-il après la mort ? En homme de Sciences, il dirait qu'il n'y a rien si ce n'est les décomposeurs qui se délectent de la dépouille. En Homo emoticus, il préférerait dire qu'il y a d'autres mondes. Que la mort n'est que le passage d'une porte vers un monde parallèle. Il ne croyait pas en Dieu non. Mais son cœur balançait entre, la vie qui continue et la vie qui recommence, la réincarnation.
Pendant que Ambre soulageait les élèves de leur peine et de leur chagrin, les prenant dans ses bras, séchant leurs larmes, John prit le corps pour le transporter vers l'hôtel de ville où il se sentait en sécurité, où elle se sentirait en sécurité. La masse du corps inerte faisait souffrir ses membres mais dans pareil situation, la souffrance avait quelque chose de bon, de nécessaire. Il le déposa sur la table du conseil, au beau milieu d'une grande salle où les portraits semblaient partager la peine de ces hôtes venus d'une autre réalité.
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Maiden[d]ead
KorkuLe voyage sanglant d'un groupe de collégiens qui se réjouissaient de passer 4 jours au Royaume Uni. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant exi...