Chapitre 11 - Tic tac tic tac

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Orlock était très sympathique. Il ne fallait pas se fier à son vieux moyen de locomotion alias "la camionnette blanche". Il n'avait rien d'un pervers ou d'un pédophile qui irait cacher sa camionnette au coin d'une forêt pour mieux séquestrer de jeunes enfants... En fait, il faut bien dire qu'il plaisait à Aaron. Avec ses long cheveux noirs ondulés, lui arrivant à mi-hauteur de dos, ses yeux marrons au regard sombre, sa longue barbe et son long manteau en cuir... Il avait tout d'un chanteur de groupe de Hard Rock.

Certes, il ne souriait pas beaucoup, pour ne pas dire jamais mais on sentait une bienveillance dans sa voix. Il n'hésitait pas à plaisanter et à répéter quand Aaron ne comprenait pas un mot qui sortait de sa bouche. Heureusement, Arthur maîtrisait l'anglais sur le bout des doigts, limite bilingue, alors il se chargeait du rôle d'interprète en chef. Alban, quant à lui, était complètement largué mais son humour faisait toutefois mouche auprès d'Orlock Bricks.

Tout en conduisant, Orlock leur faisait visiter la ville : La gare, faite de brique, le Townhall recouvert d'une robe blanche et de grande colonne de bois, le collège à l'allure de château renfermant la plus belle bibliothèque du comté, le commissariat et ses voitures de police stationnées au pied d'un escalier central en pierre... Il leur avait expliqué qu'il vivait à la périphérie, en pleine campagne, non loin d'une vieille église qui était abandonnée depuis une époque lointaine.

Cependant, lorsqu'il se gara, c'était bien en ville.

— Guys... We will eat in this restaurant tonight.
— Seriously? s'exclamèrent les garçons en chœur.

C'était à ce moment qu'Aaron se dit qu'il était tombé dans la meilleure famille.

C'était à ce moment qu'Aaron se dit qu'il était tombé dans la meilleure famille

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Le repas était succulent. Les garçons avaient tous pris des pizzas tandis qu'Orlock avait pris une salade de quinoa légumes. Le type était végan, qui l'aurait cru ? Un gros bestiaux comme lui. Ils plaisantèrent tous ensemble (sans l'ombre d'un sourire chez Orlock) et se rapprochèrent durant toute la soirée.

Ils rentrèrent rassurés et impatients de poster les quelques photos, prises au resto, sur Instagram.

— Léo Maë et Cass vont grave avoir la haine en voyant nos posts cette nuit ! se réjouit Alban

Quand ils arrivèrent chez Orlock, ils furent d'autant plus rassurés de ne pas voir un corps de ferme mais un beau manoir, comme ceux que l'ont voit dans les films américains. Tout en bois rouge, cette bâtisse était imposante avec ses trois étages et son grand jardin entouré de barrières en fer forgé. Sur ces barrières, trônaient différents animaux mythologiques comme des griffons, basiliques et autres centaures. Orlock leur expliqua qu'il était un grand fan de fantasy (Tolkien en tête) et qu'il avait eu la chance de bien gagner sa vie, lui permettant de modeler sa demeure à son image.

La porte d'entrée était massive, d'un rouge plus foncé que le reste de la façade. Au milieu trôné un magnifique vitrail présentant ce qui ressemblait à une chauve-souris en plein vol. L'ouverture de celle-ci laissa place à l'émerveillement. Un immense hall d'entrée, tout de parquet vêtu, se présenta à eux. Un escalier central menait à l'étage tandis que la décoration intérieure se limitait à un tapis, une pendule massive et un immense tableau qui représentait, à n'en pas douter, la famille d'Orlock : son père, sa mère et lui-même, beaucoup plus jeune, devant le manoir.

 Un escalier central menait à l'étage tandis que la décoration intérieure se limitait à un tapis, une pendule massive et un immense tableau qui représentait, à n'en pas douter, la famille d'Orlock : son père, sa mère et lui-même, beaucoup plus jeu...

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Orlock conduisit les garçons jusqu'à leur chambre, dans les combles du manoir. Sol recouvert de moquette, tapisserie passée de mode mais propre, poutre apparente et odeur sylvestre, ce qui importait surtout, était la présence des trois lits dans une même pièce, synonyme de délires et nuits blanches !

— Je crois qu'on ne pouvait pas rêver mieux ! J'adore cet endroit ! déclara Arthur avec un sourire qu'il affichait rarement.
— J'ai déjà eu une réponse de Léo, il est dégouté ! Apparemment il est tombé sur une famille merdique ! répondit Alban. Mais fait chier, j'ai plus de batterie. Aaron, tu as ta prise anglaise ?
— Oui oui, dans la poche centrale de la valise, vas-y.
— Quelqu'un sait où sont les toilettes ? interrogea Arthur.
— Comment tu veux qu'on le sache ? Va demander à Orlock, il doit être en bas !

—  Comment tu veux qu'on le sache ? Va demander à Orlock, il doit être en bas !

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Arthur dévala les longs escaliers. Trois étages à descendre, la main entre les jambes, n'espérant qu'une chose, ne pas vidanger sur la belle moquette. Il ne croisa personne, et pour cause, Orlock leur avait expliqué qu'il vivait seul dans cette grande bâtisse, pour le moment, ses enfants étudiants ailleurs et sa femme étant absente pour raison inconnue (ils n'ont pas osé demander, ces choses là ne se demandent pas).

— Sir Bricks ? Where are you ? I'm searching the restroom !

Aucune réponse. Le seul son de la grande pendule envahissait le hall d'entrée. Tic tac tic tac. Il regarda autour de lui, toujours une main entre les jambes, retenant comme il le pouvait les orifices de ses uretères. Tic tac tic tac. Une porte, deux portes, trois portes, le ca... Il s'arrêta sur la peinture. Tic tac tic tac. Cette immense cadre présentant la famille Bricks, parents et enfant, unique visiblement. La famille posait devant un immense château, situé au beau milieu d'un paysage montagneux, rocheux, éclairé par une immense lune, brillante. Les aiguilles, en arrière-plan, donnaient un aspect très sombre au tableau. Tic tac tic tac. Orlock devait avoir quoi... Dix ans sur cette photographie ? Et pourtant, il portait les fringues de Louis XIV (classe les collants). Tic tac tic tac. Il s'approcha un peu, intrigué par d'étranges reflets ressortant des arbustes entourant le château. Ce n'étaient pas des reflets mais des yeux, des yeux lumineux qui semblait très réels. Deux halos tirant sur le jaune, sortant tout droit des yeux de loups qui semblaient de plus en plus net, comme-ci ce tableau ne nécessitait pas de recul pour être apprécié mais au contraire, nécessitait une étude minutieuse. Tic tac tic tac. Que faisait ces loups sordides et effrayants sur ce tableau de famille ? Il s'approcha encore, découvrant les membres rachitiques de ces canidés, leurs poils recouverts de croutes de sang coagulés et leurs gueules pleine de crocs entourées de babines vibrantes. Tic tac tic tac. Arthur ferma les yeux et se secoua la tête avant de les rouvrir. Oui, les babines bougeaient, vibraient de rage, l'écume apparût et... DING DONG DING DONG. Arthur tomba en arrière, effrayé, les mains plaquées sur ses oreilles. Un hurlement lupin envahit toute la pièce, un hurlement de mort prévenant la proie d'un festin dont elle sera la victime. Cela dura quelques secondes puis plus rien. Les Bricks avaient repris place devant le manoir familial. Plus d'aiguilles, plus de château, plus de loups terrifiants.

Arthur se releva, humide. L'urine avait envahi son pantalon.

« Tic tac tic tac » faisait la pendule, de l'autre côté de la pièce.

Maiden[d]eadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant