Aaron comprit tout de suite qu'il avait trahi sa présence. Le rideau était grand ouvert, il n'avait pas pensé à le refermer. Orlock courut en direction de la fenêtre et l'ouvrit en grand. Il passa la moitié de son corps, observant dans toutes les directions. De l'extérieur, il devait avoir l'apparence d'un ver qui se tortille à la sortie de sa pomme mûre. « Il croit que je me suis enfui par la fenêtre » pensa Aaron, soulagé de ne pas avoir été découvert dans le monte-charge.
D'un geste bref, Orlock sauta par la fenêtre, sans même trahir son intention, il disparut de l'encadrement, entamant une probable chute. Aaron attendit quelques minutes, propices à une réflexion qui aurait pu le rendre fou. « Ce soir, rien n'est logique, je suis dans un cauchemar, je vais bientôt me réveiller... ». Il prit entre ses doigts la peau de son avant-bras et la pinça fortement, laissant une trace rouge à l'endroit du supplice. Il eût mal, mais ne se réveilla pas. Incompréhension.
Après avoir repris ses esprits, Aaron ouvrit la trappe, pour laisser entrer le peu de lumière mais aussi renouveler l'oxygène dont le manque accentuait son angoisse. Que faire ? Il n'osait pas sortir de sa cachette, de peur de voir surgir Orlock de l'encadrement de la fenêtre. Derrière lui, un petit boitier à deux boutons était présent au beau milieu de la paroi du monte-charge. L'un était agrémenté d'une flèche vers le haut, et l'autre d'une flèche vers le bas. Il appuya. Un mécanisme se mit en route (« Coup de génie, avec ça, toute la maison sait où tu es... ») et le monte-charge entama sa descente avec son passager.
La descente parut durer une éternité. Aaron était angoissé à l'idée de ce qui pouvait l'attendre en bas. Et si Orlock l'attendait ? Au beau milieu de la cuisine ? Avec un couteau de 20 centimètres ? Ça fait mal un couteau dans le ventre ? Et dans le crane ? Le monte-charge stoppa net et le bruit assourdissant des poulies se tût.
Aaron prit le temps de regarder à travers la grille qui se présentait devant lui, menant à une pièce dont l'obscurité était totale. Il la poussa doucement, dans un grincement qui trahissait un manque d'huile évident. Il sortit une jambe, puis un bras avant de pouvoir dégager son corps de ce trou à rat. Il prit le temps de s'étirer quand la lumière s'alluma. Il resta immobile, paralysé par la peur. Un spot éclairait ce qui ressemblait à la cave du manoir d'Orlock. Un projecteur avec détecteur de mouvement avait été placé au pied de l'escalier. La cave était totalement vide et recouverte d'une épaisse couche de poussière du sol au plafond. Devant lui, les marches menant au tombeau de ce pauvre Alban, à sa gauche, un long mur de brique et à sa droite, un couloir, un long couloir dont il ne voyait l'issue. « Soit je monte au risque de tomber sur Orlock, soit je passe dans un couloir obscur en avançant vers l'inconnu. Le choix est facile... ».
Il s'engagea dans le couloir, la lumière se faisait de plus en plus rare mais ses yeux s'habituaient, à l'inverse, à l'obscurité. Les bâtonnets de sa rétine prenant le relais de ses cônes, la vision périphérique prenant le dessus sur sa vision faciale. Il arriva à un virage à 90°, l'entrainant dans un nouveau couloir, toujours plus obscur. Il n'y voyait rien et se déplaçait prudemment, les bras tendus devant lui. Sa marche fût interrompue par une porte en bois qui semblait massive au toucher. En forme d'ogive, elle faisait penser à ces portes qu'on trouvait dans les vieux châteaux médiévaux. Il parcourut à tâtons le bois de la porte à la recherche d'une quelconque poignée. Il tomba sur un mécanisme froid, en métal sûrement, et appuya, ce qui la fit coulisser.
Derrière, un nouveau couloir qui, cette fois-ci, menait à la lumière, une lumière dansante, celle d'une bougie ou d'une torche. Il avança avec davantage de confiance, il n'avait qu'une envie, sortir de ce foutu tunnel sans fin. Le couloir déboucha sur une grande pièce, toute de pierre vêtue, au plafond voûté maintenu par d'épaisses colonnes. Des torches étaient enflammées sur celles-ci, chassant l'obscurité de ce lieu bien assez froid. Aaron comprit vite qu'il était arrivé dans une crypte. Il traversa la nef, vide, pour atteindre le transept et avoir une vue dégagée sur le chœur.
Devant lui, un lutrin s'alliant parfaitement à l'ambiance romane du lieu. Aaron s'approcha avant de reculer aussitôt. Il eu peine à le croire mais ce lutrin était bien fait d'os. (Os humain ? Veux-tu devenir un lutrin ?). Il reprit ses esprits et s'avança dans le chœur, prenant soin de contourner le portoir morbide. Sur le pupitre était posé un vieux grimoire, ne manquant pas de rappeler à Aaron le bon vieux Necronomicon. « Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn, ça ne m'étonnerait pas que je termine ma nuit dans les bras d'un poulpe géant si ça continue comme ça » pensa-t-il.
Au chevet de la crypte était posé, au sol, de longue boîte qu'Aaron identifia rapidement comme des cercueils. Au nombre de trois, le cercueil central était fait de pierre alors que les deux autres étaient fait de bois blanc. Au-dessus, un soupirail discret laissait entrer la lumière reflétée par la lune, éclairant d'une façon très morbide et cinématographique, le cœur de la crypte.
« Au point où j'en suis... ». Aaron s'avança du premier cercueil, celui de gauche, au moment même où, à quelques kilomètres, dans un garage, Céline posait une main sur le loquet d'un étrange coffre blanc, tout comme John sous le regard inquiet de ses deux collègues.
A la seconde près, ils soulevèrent ensemble le couvercle de leur boîte, révélant l'horreur.
« Romane B »
« Candice D »
« Yvan R »
« Manon L »
« Rémi D »
« Manon B »
« Justine D »
« Tatiana C »
« Héléna J »
« Lucas H »
« Cassandra B »
« Maëlle S »
« Lucie W »
« Mathéo GM »
« Mathilde F »
« Virginie L »
« Isabelle L »
« Justine L »
« Jonathan P »
...Ils ne purent finir de lire l'ensemble des prénoms inscrits sur les sachets recouvrant les têtes en décomposition de ce qu'ils comprirent être les victimes d'un voyage scolaire à MaidenHead. II ne purent finir car ils vidèrent, en même temps, leur estomac sur le sol, à la seconde près.
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Maiden[d]ead
HorrorLe voyage sanglant d'un groupe de collégiens qui se réjouissaient de passer 4 jours au Royaume Uni. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant exi...