— C'est quoi ce délire ? demanda Ambre.
— Je ne sais pas, j'ai l'impression de perdre la tête, répondit John, le regard perdu vers la grande place de Maidenhead.— Soyons rationnel deux minutes, viens, on va se trouver un coin pour se poser. On ne peut pas continuer comme ça !
Ambre prit John par la main et l'emmena vers le hall de la mairie, avant de refermer la porte. Ils montèrent les majestueux escaliers faits de marbre froid, froid comme cette nuit qui ne les quittait plus. Au mur, d'immenses portraits les observèrent, sans même qu'ils y fassent attention, perdus dans leurs pensées, perdus dans leurs frayeurs.
Ambre poussa la porte qui lui semblait être la bonne, suivant son intuition, emportant un John désœuvré. Un petit salon les accueillit. Doubles canapés, grande cheminée dont le foyer était malheureusement assoupi et des murs tapissés de nombreux ouvrages. Des livres, tous plus ou moins accessibles, de par la présence d'une échelle coulissante. L'échelle menant à la culture, l'échelle du progrès, l'échelle de la lecture, l'échelle de l'amour des vieilles pages dont l'odeur embaumait la pièce.
C'est lorsqu'ils s'assirent dans l'un des canapés en cuir que John s'effondra. Les larmes coulèrent, les sanglots ricochèrent sur les tranches revenant aux oreilles d'une Ambre qui s'empressa de le prendre dans ses bras. Ils restèrent là, l'un contre l'autre, allongés dans un canapé froid, dans une pièce froide, une ville froide qui avait décidé de leur faire vivre le pire des cauchemars.
La porte se referma juste devant son nez, dans un claquement sourd. Audrey tambourina l'épaisse structure en bois, quitte à y laisser ses poings dont l'épiderme commençait déjà à s'écorcher.
— Laissez-moi entrer merde ! hurla-t-elle. Ouvrez cette satanée porte !
Rien. Aucune réponse. Ses deux amis semblaient vouloir l'abandonner, contre toute raison. La porte resta close et les lumières, elles, ne cessaient de danser à l'orée de la forêt. Elle descendit du perron, dévalant les quelques marches pour sauter dans les fourrés accolés à la façade. Impossible d'atteindre la fenêtre, elle était beaucoup trop haute. Impossible d'escalader. Les soupiraux sont scellés.
« Me voilà enfermée dehors, quelle connerie ! Bon allez on relativise : Mes potes m'ont abandonné, il y a des lumières flippantes qui me narguent sans vouloir avancer, je suis au milieu de la nuit, dans une ville inconnue. Ma meilleure pote s'est transformée en poupée de porcelaine et j'ai des gamins qui semblent à l'agonie au téléphone. Je vais me réveiller. Je vais me réveil... »
Des tambours raisonnèrent contre les murs de l'hôtel de ville. La forêt. Les lumières s'étaient mises à danser au rythme des percussions. Audrey stoppa net ses pensées et se précipita vers l'arrière du bâtiment. Elle courait sans trop réfléchir, poussée par son instinct de survie, sans trop savoir où aller. Elle voulait fuir. Fuir ou mourir. Fuir et mourir.
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Maiden[d]ead
HorrorLe voyage sanglant d'un groupe de collégiens qui se réjouissaient de passer 4 jours au Royaume Uni. Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant exi...