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Le bruit strident de la sonnerie vient enfin marquer la fin des cours, et donc le début des vacances d'octobre. J'ai tellement hâte de sortir de cet immeuble, aux couleurs qui me donnent la nausée. Et puis, qui dit vacances, dit Sacha et Emy. Ils sont censés arriver demain matin, très tôt. Mais, j'ai décidé que j'allais les chercher, j'ai tellement hâte de les retrouver.

--- Bordel, il pleut, râle Elea.

Effectivement, des goutelettes d'eau viennent s'échouer sur le bitume, et créer de grandes flaques.

Lorsque j'étais plus jeune, dès qu'il pleuvait, je mettais mes bottines jaunes en caoutchouc, et courait dehors. Je sautais à pieds joints dans les étendues d'eau, et rigolais à cœur joie. Ma mère rouspetait mais, je n'en avais rien à faire. J'aimerais retourner à cette époque, où je ne me préoccupais de rien.

--- Génial ! J'adore la pluie ! m'exclamé-je.

--- T'es vraiment bizarre, lance Erwan.

Pour seule réponse, je lève mon majeur en sa direction. Il me bouscule, légèrement, et je manque de me casser la figure.

--- Fais attention, Erwan ! T'as mis toute ta force, m'énervé-je.

--- Mais, n'importe quoi ! Là, je mets toute ma force, dit-il en me poussant fortement.

Déstabilisée, je me rattrape de justesse à Tony. Quel idiot !

--- Cours !

Erwan prend ses jambes à son coup, et ose enfin affronter la pluie. Je le poursuis, telle une gamine, mouillée jusqu'aux os. Ce jeune homme court extrêmement vite, si bien que je suis obligée de m'arrêter.

Essoufflée, je tiens mes côtes et me plie en deux. Cela faisait longtemps que je n'avais pas couru ainsi.

--- Alors, miss, on a un point de côté ?

--- Ferme-là, réponds-je, difficilement.

Erwan se moque ouvertement de moi, tout en s'avançant dans ma direction. Il se poste à mes côtés, et je lui flanque un coup dans l'abdomen. Désormais, il se retrouve, lui aussi, le buste en avant, jurant.

--- On fait moins le malin !

Les autres nous observent sous le préau, un fin sourire aux lèvres. Enfin, Tony a plutôt la mâchoire contractée et le regard noir.

Depuis le dîner chez sa mère, il y a de cela deux semaines, Tony devient de plus en plus difficile à gérer. Il n'arrête pas de me faire la tête, pour un oui ou pour un non. On se dispute assez régulièrement, ce qui m'agace fortement. Je l'aime, mais, ses crises à répétition sont parfois dures à encaisser.

Erin, sa meilleure amie, m'a même confié que c'est la première fois qu'elle le voit aussi jaloux et possessif. Il n'a jamais montré cette facette-ci de sa personnalité, se faisant passer pour un agneau. Or, il cache bien son jeu.

Enfin, depuis ce jour, j'essaie d'éviter les conflits. Je capitule souvent, même si je sais que ce n'est pas ce qu'il faudrait faire.

La pluie s'est arrêtée de tomber, pour le plus grand bonheur de mes amis. Ils sortent de leur cachette, et nous regagnons la sortie, tous ensemble.

--- Tu rentres comment ? demande Tony.

--- En bus. D'ailleurs, il faut que je me dépêche, fis-je, en regardant l'heure sur mon cellulaire.

J'embrasse chastement Tony, et salue mes amis d'une main. Puis, je file jusqu'à mon arrêt, où j'arrive pile à temps. Quelle chance ai-je eu aujourd'hui !

Buddies (and more)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant