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Deux semaines. Deux interminables semaines que je suis cloîtrée dans ma chambre, ne voulant surtout pas recevoir de visites. Je n'ai pas assez profité de Sacha et Emy, et ça me bouffe de l'intérieur. Ils ont attendu deux jours afin de daigner me parler, à cœurs ouverts. Nous nous sommes réconciliés, mais nous n'avons rien fait de plus. Les seules choses que nous avons partagées en commun, c'était les films. Nous en avons regardé plein, et tous parlaient d'amour. J'ai bien cru que j'allais faire quelque chose de stupide. Enfin, tout ça pour dire que les cours vont reprendre et je n'ai aucune envie d'y aller.

C'est certain, tout le lycée est au courant. Comment ne pas l'être ? Je suis déjà démoralisée à cette simple évocation.

Deux coups se font entendre sur le bois de ma porte, et je tends l'oreille en demandant qui est-ce. Mes meilleurs amis passent leur tête dans l'embrasure de celle-ci, et je fonds en larmes.

Je suis devenue extrêmement sensible ces dernières semaines, encore plus que je ne l'étais avant.

Ils entrent en trombe dans ma chambre, puis viennent me serrer contre eux. Je ne veux pas qu'ils partent.

— Ne partez pas, pleurniché-je.

— Nous n'avons pas le choix, Lizzy, souffle Emy en caressant mes cheveux.

Mes pleurs reprennent de plus belle. Les seules personnes qui osent encore me parler doivent partir, et me laisser seule. La vie est injuste.

— Et si je partais avec vous ? Je n'aurais qu'à suivre les cours par correspondance !

— Tes parents ne voudront jamais, tête d'âne, dit gentiment Sacha.

Un petit sourire naît sur mes lèvres, et je le serre davantage contre moi. J'ai besoin d'eux, ils ne peuvent pas m'abandonner comme ça.

— Votre vol est à quelle heure ? demandé-je en reniflant.

— Dans trois heures.

À ces mots, mon cœur se fissure davantage. Trois heures. C'est beaucoup trop court. Jamais je n'aurais pensé être dans une situation pareille. Mon moral est au plus bas, je n'ai presque plus d'amis et je suis littéralement brisée.

Tout est de ma faute. Bordel.

J'ai envie de crier, de hurler jusqu'à me déchirer les cordes vocales. Quoiqu'il advienne, il faut que je sorte la tête de l'eau. Je ne peux pas rester indéfiniment dans mon coin, m'apitoyant sur mon pauvre sort.

— Bon, commencé-je en essuyant mes larmes. Je veux profiter de vous, alors on se lève, et on va aller se balader !

Les tourtereaux se regardent, en souriant légèrement. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que j'ai prévu quelque chose qui risque de les surprendre. Or, j'en ai besoin pour avancer.

***

Nous sommes à l'aéroport, les valises étant déjà enregistrées. D'une main, je tiens mon billet d'embarquement, et de l'autre un mouchoir.

Mes parents sont tous deux présents, ainsi que ma famille au complet. Emy et Sacha ne comprennent pas ce que je fais avec ce morceau de papier, à vrai dire, moi non plus. Je ne sais pas si c'est la bonne décision à prendre, mais je pense que c'est ce qu'il me faut. L'exil est ma thérapie.

— Je... je pars avec vous, annoncé-je.

— Quoi ? disent-ils en choeur, les visages surpris.

— Je n'en peux plus d'être ici, il faut que je change d'air rapidement, fis-je les larmes me montant.

Lizzy, arrête de pleurer.

— Mais, c'est insensé !

— Je vous demande juste de comprendre ma décision, elle est déjà bien assez compliquée comme ça...

Lyn entoure mes jambes de ses bras, des soubresauts lui prenant. Je m'accroupis à sa hauteur et la serre fortement contre moi. Ils vont atrocement me manquer. Suis-je réellement en train de quitter ceux qui me sont le plus cher ?

— Tu vas me manquer, pleurniche-t-elle.

— Toi aussi, ma puce. Mais je reviens vite, chuchoté-je.

Ses pleurs reprennent de plus belle, et mouille ma fausse fourrure. Mon cœur saigne ; j'ai mal.

Une voix retentit dans l'aéroport, coupant notre câlin.

— Il faut qu'on y aille, avertit Sacha.

Je hoche la tête, et le moment que je redoute le plus arrive. Les au revoir sont la pire chose au monde, je déteste ça.

— Prends soin de toi, mon ange. Appelle-nous s'il y a quelque chose qui ne va pas, et reviens-nous vite, dit maman en m'enlaçant.

Toute la famille se joint à notre étreinte remplie d'amour. J'ai de la chance d'avoir des proches aussi compréhensifs, prêts à tout pour que je sois heureuse.

— Je vous aime, merci d'être toujours là pour moi, craqué-je.

Toutes mes tentatives deviennent vaines, et des perles salées dévalent mes joues. Je suis faible.

Nous arpentons l'allée, et je me retourne quelques fois pour faire signe à tout le monde. C'est dur, réellement. Je n'ai jamais été confrontée à ce scénario, et j'espère que ce sera la dernière fois.

Nous montons à bord de l'avion, nos places étant toutes côte à côte, et fort heureusement.

— Tu sais que tu es folle ? lâche Emy, en sortant un gâteau de son sac à dos.

— Ne m'en parles pas, soufflé-je.

Je déverrouille mon téléphone, sous le regard rempli de compassion de mon amie. Une pointe d'espoir naît en moi, lorsque je remarque que j'ai une notification. Or, tout ça n'est que de courte durée. En réalité, c'est Reece qui vient de m'envoyer un message. D'ailleurs, il m'héberge gentiment chez lui.

***

L'avion vient d'atterrir, pour mon plus grand bonheur. Il y a eu énormément de perturbations, et j'ai failli faire une crise d'angoisse. Heureusement que Sacha était là pour me rassurer à l'aide de ses mots doux.

— Bienvenue à la maison, chuchote-t-il alors que je descends les marches.

Un sourire étire mes lèvres, cela fait du bien. L'air frais entre en contact avec mes poumons et me revigore de la tête aux pieds. Finalement, je ne regrette pas ce choix.

Reece hèle mon prénom, et j'accours vers lui, lâchant mes valises. J'entends Emy marmonner quelque chose qui fait rire son petit ami.

Mon cousin me rattrape au vol, et je niche mon nez dans son cou. Son parfum me chatouille les narines et je souris pleinement.

— Bonjour, toi.

— Tu m'as manqué ! m'exclamé-je.

Il frotte doucement mon dos de haut en bas, et je profite de cet instant pour lâcher quelques larmes. Bien évidemment, c'était à s'en douter.

— Allez, calme-toi, dit-il en me reposant sur le sol. Je te ramène à la maison.

Buddies (and more)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant