ERWAN
Lizzy vient littéralement de me raccrocher au nez. Mon regard reste figé sur mon écran, essayant d'assimiler l'échange que nous venons de passer. Elle est partie.
Des sentiments contradictoires me submergent. Je passe de la colère à l'inquiétude en quelques secondes. Ses paroles passent en boucle dans mon cerveau, et je me maudis intérieurement. Elle est partie.
Je peine à y croire, pourtant je sais qu'elle ne m'aurait jamais menti là-dessus. Des milliers de questions m'assaillent, j'ai l'esprit qui part totalement en vrille. Celle qui a volé mon si précieux n'est plus à Manhattan. C'est compliqué. Là, maintenant, tout de suite, je suis abasourdi.
Rageusement, je balance mon téléphone sur mon lit et passe ma main dans mes cheveux. Elle ne peut pas nous faire ça, me faire ça. Je suis persuadé que mon mutisme l'a poussée à l'exil. Bordel.
J'aurais dû être un peu plus avenant que cela, porter ce qu'il me sert d'organes reproducteurs et lui dire ce que je ressens. Parce que ce qu'il se passe entre elle et moi n'est pas anodin. Absolument pas.
Déçu, je souffle lourdement et entreprends d'aller parler à ma jumelle ; il n'y a qu'elle pour me remonter le moral, et les bretelles par la même occasion.
Je prends le temps d'enfiler un jogging qui traîne sur mon bureau ainsi qu'un t-shirt, puis sors de ma chambre. Le trajet est relativement court puisqu'elle ne dort qu'à deux pas de moi.
Afin de ne pas réveiller toute la maisonnée, je cogne calmement trois coups à sa porte avant de l'ouvrir. Elle est étendue sur le matelas, la couverture lui remonte assez haut, ne dévoilant uniquement sa chevelure blonde.
- Elea ? l'appelé-je.
Elle grogne des choses incompréhensibles, et je comprends qu'elle dort encore paisiblement. Je m'avance alors doucement vers elle, puis m'assois sur la surface moelleuse. Gentiment, je viens lui dégager le visage à l'aide de ma main pour déposer un baiser sur son front.
Ce simple geste la fait bouger et elle commence à battre des cils. Ses yeux azur se posent sur moi et elle a un mouvement de recul. Sympa.
- Merci, je le prends très bien, soeurette.
Elle frotte ses paupières encore gonflées à l'aide de ses poings, puis finit par s'habituer à la luminosité qui passe à travers ses rideaux.
- Il est quelle heure ?
- Bientôt dix heures.
Elle baille, comme si elle était épuisée. C'est clairement l'hôpital qui se fout de la charité.
- Pourquoi tu me réveilles ? demande-t-elle en s'appuyant sur sa tête de lit.
- J'ai appelé Lizzy.
Un blanc se crée entre nous, et elle se triture les doigts tout en se mordant la lèvre inférieure. Je sais pertinemment qu'elle regrette de ne pas lui avoir donné de nouvelles durant tout ce temps. Elle ne le dit pas mais c'est évident, sa meilleure amie lui manque. Or, elle n'a rien fait pour arranger les choses. Ma sœur a une fierté aussi énorme que la mienne. Nous ne sommes pas jumeaux pour rien.
VOUS LISEZ
Buddies (and more)
Novela JuvenilSon père étant homme d'affaires, Lizzy est contrainte de le suivre avec tout le foyer, lorsqu'il demande sa mutation. Un déménagement n'est jamais vraiment facile, encore moins pour la jeune fille qui laisse derrière elle de longues amitiés et le re...