Il fut mon histoire

7.

"Je te veux". Les mots de Kilian résonnent dans ma tête et me donnent envie de vomir, sérieusement.
Vouloir une personne, la posséder, c'est tellement d'un égoïsme et d'une débilité sans fin ! Si notre histoire commence déjà par une question de possession et d'acquis, on est mal parti. La plus merveilleuse chose au monde est d'avoir une personne sans la posséder. Le simple et véritable amour, c'est ça que je veux. Je n'ai pas besoin d'une relation oppressante.
Pour n'avoir eut qu'une seule relation amoureuse, qui était d'ailleurs désastreuse, je n'y connais rien. J'aurais bien aimé fréquenter plutôt l'amour mais ce n'était jamais le bon moment et les bonnes personnes.
Mais si les films d'amour m'ont bien appris quelque chose, c'est que tout est une question de confiance.
- C'est ok, je suis partante, j'annonce à Kilian.
- Tu dis ça comme si c'était un défi, il dit en riant.
- Un défi je ne sais pas, mais une aventure, oui.
Je ne prends pas ça à la légère, c'est tellement important pour moi. Je suis terrifiée de ce que ça pourrait vouloir dire Kilian et moi ensemble, mais il faut aller vers l'inconnu pour apprivoiser l'avenir et s'apprivoiser soi-même. J'aime connaître mes limites pour mieux me connaître. J'aime l'aventure même si avec Kilian, je ne risque rien parce qu'il est une valeur sure. Avec lui, je peux être totalement en confiance car je sais où je mets les pieds. C'est un gars gentil et sérieux qui a un avenir prometteur.
Les bâtiments de la ville défilent à travers fenêtre et on arrive bientôt devant chez moi.
- On y est !, m'informe Kilian.
Il s'arrête devant mon immeuble.
- Quand est-ce qu'on se revoit ?, il me demande. Tu me manques déjà.
Je lui ris gentiment au nez.
- Dans...
Il m'interrompt, trop impatient.
- Un jour ? Deux jours ? Une semaine ?
Je lève les yeux au ciel et ouvre la portière, pressée de sortir de là.
- Dans un mois, Kilian, je lui dis en sortant du véhicule.
Il n'a pas l'air de comprendre et je suis obligée de me justifier. Je me déplace à sa fenêtre pendant qu'il me fusille du regard.
- Il faut que je prenne du recul avant qu'entre nous deux ça soit officiel.
Il souffle.
- Mais je te veux maintenant !, il s'énerve.
Je lui tire un sourire hypocrite et il cogne sa tête contre le volant de sa voiture.
Je lui tourne le dos en levant les yeux au ciel et me dirige dans l'immeuble. Arrivée à quelques pas de la porte d'entrée, je me retourne. Je soupire, Kilian est toujours là. Il est complètement affalé sur son siège et son corps glisse vers le bas. Prise d'un élan de pitié et de compassion, je sors mon portable de ma poche. Je décide lui envoyer un message pour le réconforter, bien que je doute qu'il soit chagriné. Fâché et contrarié oui, mais Kilian n'est pas du genre sentimental, ce qui me convient très bien.
« Je t'appellerai quand je serai prête. A dans un mois. Signé, ta petite amie. »

19/08/19