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Kilian me manque. J'ai du mal à supporter son caractère strict, mais en même temps je ne peux pas lui repprocher d'avoir les pieds dans ses baskets. Et puis il est protecteur avec moi, et c'est mignon, quelque part. Qui suis-je pour le juger lui et le blâmer d'avoir quelques défauts alors que, moi-même, je suis loin d'être parfaite ? Alors quand il dit que j'abuse et que j'en fais trop, il a sûrement raison.
Il se donne dans notre relation, ou du moins, il se donnait. C'est juste moi le problème. J'ai peur de tout et encore plus de moi-même. J'en ai fait une belle de connerie en me rapprochant de Lucas. Mais honnêtement je pensais que ça ne voulait rien dire, ça n'avait pas de sens et ça s'est fait tout naturellement, je pensais que c'était juste un délire, mais il m'attire constamment et je redoute le jour où Kilian sera mis au courant. Je ne pourrais que m'en prendre à moi, de toutes façons.
J'aime à penser que je vais changer, que je vais savoir aimer et rendre heureux Kilian, mais plus j'avance et plus je suis perdue. J'ai de sérieux doutes à propos de nous deux. Et si en restant auprès de lui je lui faisais plus de mal qu'autre chose ?
Peut être que je ne mérite d'être avec personne tant que je continue à agir de manière égoïste.
Je me redresse sur mon siège quand j'aperçois Luc à l'entrée de la cuisine. Il me lance un de ces regards désespérés, le même avec lequel on toise les mecs qui ne se poussent pas sur les trottoirs. Je suis vraiment au plus bas, et plus personne ne peut faire semblant de ne pas le voir.
- Arrête ça, Ascane.
Il s'élance vers moi et je lui souris pour cacher ma tristesse. Mais il sait, il me connaît pas coeur. Et puis, il faut admettre que je pue l'alcool.
- Quand est-ce que tu es rentrée ?, il demande en posant sa main sur mon épaule.
- Je ne me souviens plus.
- Tu étais où ?, il demande en baillant.
Le pauvre, il a cours demain et la seule chose que je trouve à faire c'est de l'embêter avec mes soucis. Il va rater sa nuit de sommeil à cause de moi.
- Je suis allée au Méridien, j'ai pris quelques shoots et j'ai rencontré un type qui m'a ramenée jusqu'ici. Tout va bien. Maintenant va dormir, il est tard.
- Je me fais du souci pour toi. Ça fait deux jours de suite que je te trouve dans cet état.
Oh. Il m'a vue hier aussi, quand je me suis complètement déchirée la gueule au point de ne plus être capable de me rappeler de mon nom. Je gâche visiblement tout.
- C'est juste que Kilian me manque, tu sais.
Il m'envoie un sourire attendrissant.
- Tu devrais descendre sur Nice. Revoir ta famille et revenir aux sources te ferait du bien.
Je ris franchement. L'alcool rend tout plus drôle, c'est dingue.
- On retourne aux sources quand elles sont saines, pas quand elles sont synonyme d'inconfort. Tu sais très bien que je ne veux plus les voir, je ne leur pardonnerai pas de m'avoir traitée comme une moins que rien.
Il souffle.
- Je sais que ce que je te dis n'est pas facile mais un jour tu seras obligée de les pardonner. Peut-être pas maintenant, peut-être que c'est encore trop tôt. Mais tu vas grandir et ton esprit avec. Tu vas mûrir, tu vas pardonner parce que tu seras plus forte.
- Je ne veux pas être forte pour eux. Ils pensent que je suis nulle et que je fais le trottoir, alors je leur montre ce qu'ils veulent. C'est tout, je m'en fou de ce qu'ils pensent.
Je suis fermée à la discussion, je ne changerai jamais d'avis. C'est ma famille, mon problème et mon bagage. Je sais rien mais je sais que je ne veux plus d'eux.
- Tu as sûrement raison... tu viens dormir ?
- J'arrive.
Ça ira mieux jusque demain.

09-11-20

Il fut mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant