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Double vie ; double jeu. Il y a Ascane avec Kilian et Ascane avec Lucas. Est-ce que tromper mon copain fait de moi une mauvaise personne ?
- Tu devrais te reposer ma belle, tu as l'air complètement paumée.
Je souris timidement à Kilian et m'assoie sur lui. Il me serre contre son corps et je tourne la tête pour lui déposer un baiser sur la joue.
- Je sais, mais je ne trouve pas trop le temps.
Il souffle.
- Si tu rentrais chez toi direct après le taf, tu ne serais pas dans cet état.
Je lève les yeux au ciel. Il ne me voit pas et c'est tant mieux, je ne veux pas le contrarier. Le silence se crée et il n'y a que la télévision qui fait écho. Kilian regarde une de ces émissions que je déteste. Le but consiste à donner son avis sur la vie de la personne qu'on ne connait pas. Mais en soit, qui ça intéresse ? Le plateau dit "discuter sans juger" mais c'est bien évidemment faux. Aujourd'hui, le sujet de discussion est les gens qui ont décidé de tout quitter pour vivre un amour. Moi je trouve ça fou, j'admire ces femmes qui veulent un nouveau départ avec leur âme soeur, car je ne serai jamais aussi courageuse pour le faire. J'ai peur de l'inconnu et je préfère la facilité aux défis de la vie, c'est clair et net que je ne pourrai pas faire sans mes habitudes.
Donc si par coup de tête je dois m'en aller, alors je serais vraiment amoureuse. Et aveugle. Parce qu'aujourd'hui mon opinion sur l'amour n'est pas glorieux. C'est sympa, ça va deux minutes, mais c'est toujours compliqué.
- Tu as des nouvelles de Mollie, au fait ?, m'interroge Kilian.
Je ris. C'est vrai que cette émission a été créé pour elle. Elle qui n'a pas froid aux yeux, qui fonce dans le tas même les yeux bandés. Elle est loin de moi et je ne peux pas la surveiller, et puis il ne faut pas être un génie pour savoir qu'avec Mollie tout tourne toujours au vinaigre.
Je me lève et attrape mon téléphone.
- Je vais l'appeler. 18 heures ici,  il doit être à peu près 10h là-bas ?
- Attends, je vérifie, il dit et fait une recherche sur internet. 12 heures, c'est bon. Dis-moi, combien de temps s'est écoulé depuis votre dernière conversation ?
-... on s'envoie des mêmes de temps en temps mais je reconnais de ne pas l'appeler souvent. Je sais même pas pourquoi je ne fais pas cet effort, c'est ma meilleure amie, je veux dire.
Il souffle.
- Remarque, elle non plus ne fait pas cet effort. Vous êtes juste occupés, sûrement.
- Oui, ça doit être ça, je dis d'une petite voix.
Et si elle vie les plus grands malheurs du monde et que je ne suis pas là pour elle ? Je m'empresse de l'appeler, et elle répond presque immédiatement.
- Ma belle !
- Coucou, ça va ? Je viens prendre de tes nouvelles et m'assurer que tu ne fasses pas trop de bêtises...
Son rire pourtant fort est caché par un brouhaha. Où est-elle ?
- Ça va bien, merci. Je suis au restaurant, là, je t'entends mal. Et toi comment tu vas ? Tu t'en sors avec tes deux princes ?
Je ris nerveusement en lançant un regard inquiet à mon copain, j'espère qu'il n'a rien entendu. Mais il est concentré sur la TV, donc je ne me fais pas de souci.
- Je me débrouille, on va dire ça. Qu'est-ce que tu fais au restaurant ? Quelque chose à fêter ?
Nos conversations où l'on se racontait tout avec les moindres détails me manquent. Maintenant, par distance, on reste vague et on se sait plus rien l'une de l'autre. Ça m'agace, je suis sure qu'elle a besoin de moi tout autant que j'ai besoin d'elle.
- J'ai un rencard, elle dit un peu plus bas. Je vais devoir te laisser d'ailleurs. John s'impatiente.
- John ? C'est qui John ?
- Ça faisait trop longtemps, je suis contente de t'avoir eu au téléphone. Je t'embrasse.
Et elle raccroche. Je fixe mon téléphone bouche bée. Qu'est ce que ça m'énerve de ne pas être à ses cotés ! C'est qui ce John ? Et qu'en est-il de la raison de son départ, Tom ? Je déteste être loin d'elle. Je n'ai plus de secrets à écouter, ni de secrets à partager. C'est dur de ne pouvoir compter que sur soit.
- Alors ?, me demande Kilian.
- Elle va bien, je dis, sans grande conviction.
- C'est tout ?
- Elle est occupée, tu comprends c'est l'incroyable Mollie dont on parle, je dis, hargneuse.
Kilian me fait signe de me rasseoir sur lui.
- C'est pas grave, vous vous rappellerez plus tard. Et puis, toi, tu m'as moi. Je suis là pour toi. J'ai besoin d'attention aussi !
Je ris timidement. Il est trop mignon avec ses petites fossettes rosies et son air brillant.
J'attrape son menton avec le bout des doigts et me penche pour l'embrasser. Il m'attrape par les hanches et je me retrouve projetée sur le côté du canapé. Kilian me sourit malicieusement. Il me dévore du regard en se mordant la lèvre inférieure.
- Je t'aime, t'es si belle.
Je rougis et il se penche sur mon cou. Il me le mordille, je pousse des cris de gémissement, puis le stoppe net. Il se relève immédiatement.
- Désolée. Je ne me sens pas prête.
Je remonte sur mes coudes, gênée, mais Kilian m'envoie un sourire attendrissant.
Je me sens terriblement coupable. Pourquoi dès que nous sommes sur le point de nous rapprocher je le repousse ? Qu'est-ce que je veux, finalement ? Je ne me comprends même plus.
- Non, c'est moi. Pardonne-moi de ne pas être à la hauteur.
Il se lève brusquement du canapé et s'en va s'asseoir sur une chaise de la cuisine.
Je souffle. C'est pas possible d'être aussi nulle. Je le fais tourner en rond et il commence à s'en lasser. Néanmoins, je décide de faire semblant de ne pas comprendre le sens de sa phrase et agis naïvement.
- N'importe quoi. Je me sens juste pas prête. Je veux que notre moment soit parfait.
J'espère qu'il va croire ce que je raconte, parce que mes mensonges deviennent de plus en plus minables.
Il me regarde, avec les yeux d'un chien battu.
- Tu as confiance en moi, Ascane ?
Je hôche la tête.
- Bien sur que oui.
- C'est quoi le problème alors ?
Je lève les yeux au ciel.
Le souci est autre que ça... s'il savait tout ce que je faisais avec Lucas et surtout mon penchant pour ses charmes...
Clèves ou Montpensier, mon coeur balance. La raison ou la follie des passions ?
- Je crois que je dois juste grandir.
Je choisi une réponse qui, j'en suis sure, va lui plaire.
- Oui, j'ai l'impression que tu es restée bloquée à l'adolescence, toujours à tester les limites des autres.
Je ne réponds rien, je sais que je le blesse sans arrêt, quoi que je fasse.
- Mais chérie, je t'aime quand même. Il faut que tu arrêtes de me repousser.
- J'ai peur de ne jamais cesser de te décevoir.
Et c'est vrai, je ne le mérite pas, ça c'est sur.
- Rassure-toi, je resterai à tes côtés. On va y arriver.
Il me sourit et je me sens plus apaisée.

11-01-2021

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 11, 2021 ⏰

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