La soirée que j'ai organisé pour féliciter Luc de sa license est une vraie réussite. Mollie et Kilian m'ont aidée à réunir tous ses amis de Nice, de Paris, et de Rennes. Ça fait un bien grand monde dans notre petit appartement, mais ils ont l'air de s'y plaire. Ça me réchauffe le coeur de voir que tout un tas de gens bienveillants est là pour mon ami.
Je me déhanche en apportant un verre de ponch à Killian.
- Tiens, je dis en lui tendant le verre.
Il me sourit et boit une gorgée avant de me prendre dans ses bras.
- Luc a de la chance de t'avoir comme amie. Regarde-le ! Cette fête surprise était une bonne idée.
Je hausse les épaules.
- Non, c'est moi qui ai de la chance de l'avoir, je rectifie en souriant.
Celui qui faisait l'objet de notre discussion nous interpelle en se mettant debout sur le comptoir du bar. Il balaye du regard tous ses amis, un sourire timide plaqué sur le visage. En une seconde, tout le monde se tourne vers lui et son sourire s'étend jusqu'aux oreilles.
- Merci d'être venus, c'était le plus beau cadeau de voir tous mes amis réunis.
Il me regarde et me fait un clin d'œil. J'élève mon verre en sa direction en hochant la tête. Qu'est-ce que je suis fière de lui ! Je lui envoie un baiser et Kilian resserre son emprise sur moi.
- Je propose qu'on mette la musique à fond pour fêter ça !, il hurle, et quelqu'un s'exécute.
Il faut cinq seconde à mes oreilles pour qu'elles s'habituent à la musique fracassante qui s'imprègne des lieux. Le son claque, rebondit et résonne sur les murs de l'appartement. Personne ne perd une seconde pour s'amuser. Je suis étonnée de voir Luc à l'aise, lui qui n'a pas l'habitude d'être le centre de l'attention. J'imagine qu'il grandit et qu'il comprend conscience qu'il passe un cap. Il n'est plus le petit lycéen timide dont on avait entendu parlé pendant deux jours parce qu'il avait remporté le prix de meilleur rédacteur du journal du lycée. Maintenant, il est un homme et il a compris comment il pouvait faire tourner le monde de la manière qui lui plait. Il aime tout prendre en main : c'est pour ça qu'il se montre présent pour chacun de ses invités et qu'il n'a pas peur de rire trop fort, de donner des ordres ou de conseiller ses amis.
Les minutes passent et les horloges affichent bientôt deux heure du matin. La fête se désemplit, mais ce n'est pas pour autant qu'on ne s'amuse plus. Kilian a raccompagné Mollie chez elle et depuis je suis un peu plus seule, je me fais petite, dans mon coin. Heureusement, quelqu'un sonne à la porte et vient me tirer de l'ennui. S'il arrive en retard à la fête de Luc, c'est soit qu'il est audacieux, soit que quelque chose de palpitant lui est arrivé. Dans tous les cas, je prends. Je m'empresse d'aller ouvrir, pleine d'enthousiasme. Mon sourire se défait quand je tombe nez à nez avec Lucas. J'affiche une expression de surprise et me faufile sur le pallier en veillant à bien fermer la porte derrière moi.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
Ma voix est dure et je m'en veux presque de le traiter ainsi. Je trouve déplacé le fait qu'il vienne me rendre visite à l'improviste. Est-ce qu'il s'imagine un instant que je n'ai pas de vie et que je vais l'accueillir chez moi les bras ouverts ?
- Je travaille. Des voisins on appelé la police pour tapage.
J'écarquille les yeux. Je recule d'un pas et me cogne contre le mur. Lucas fait un pas en avant pour me rattraper mais se ravise devant mon air mauvais. J'examine avec attention son costume de policier. Je n'avais même pas remarqué ce bleu qui lui va si bien au teint. Je le dévore du regard, il est tellement sexy. Ses vêtements lui vont à merveille.
- Tu es policier, je dis, abasourdie.
Il hoche la tête.
- Je te conseille de baisser la musique si tu ne veux pas avoir à payer quelque chose.
Je le regarde, bouche bée. Est-ce qu'il vient en ami ou en ennemi ? Cette situation me met mal à l'aise. Je ne sais pas quoi dire ni comment me comporter.
- Qu'est-ce que vous fêtez ?, me demande Lucas d'un air décontracté qui me rassure peu à peu.
- On fête le courage de mon ami.
Lucas me fait un sourire gêné. Peut-être que je devrais faire plus d'effort.
- Il a obtenu sa license de psychologie, j'ajoute. C'était compliqué mais il a été très fort. Et là, il entame un master.
Il hoche la tête et un sourire sincère s'affiche sur son visage.
- Félicite-le pour moi, alors. Ça ne doit pas être facile.
- Ne bouge pas d'ici, je lui ordonne avant de retourner dans le salon et de baisser la musique.
Mes oreilles me disent merci. Deux, trois personnes me fusillent du regard mais les autres sourient en ma direction, soulagés. Dans mon courant d'air, j'attrape une part de pizza au fromage que j'espère partager avec Lucas en toute discrétion, sur le pallier.
- Une pizza, merci !, il s'écrit quand il me voit arriver derrière la porte.
Nous nous asseyons contre le mur en poussant un soupire. Je lui tend le petit triangle pour qu'il l'attrape mais il me surprend en croquant dedans. Je pouffe de rire et lui aussi.
- Je travaille, je ne peux pas me salir les mains !
Alors je continue de suspendre la pizza devant son nez et lui de planter ses crocs dans la pâte. Je l'observe avec un sourire timide enrouler le fromage qui coule autour de sa langue, mâcher délicatement, avaler d'une traite, ravancer sa tête sous la pizza... et ainsi de suite. Qu'est-ce qu'il peut être adorable !
Quand il ne reste plus qu'une bouchée à avaler, Lucas décide encore de faire le pitre : il me mords exprès le bout des doigts et je sursaute d'abord, étonnée, puis me laisse faire. Ses dents de devant légèrement dentelées rendent l'acte beaucoup plus agréable que ça en a l'air et ça en devient presque un jeu. Il se jette sur moi pour me mordiller les mains tandis que j'essaie de lui échapper. Nous rions à gorge déployée, sans aucune retenue. Puis Lucas m'empêche de bouger et je n'ai pas d'autres choix que de me laisser faire. Il a un sourire malicieux quand il se place à califourchon sur moi. Je le regarde, bouche bée. Quand il se penche sur mon cou, ses mèches de cheveux viennent me caresser lentement la nuque et me font frissonner.
- Tu es encore plus belle de près, il murmure contre mon oreille.
Je rougis et lui donne une petite tape dans l'épaule.
- On a l'air de quoi là ?, je demande nerveusement.
- L'importance n'est pas l'impression qu'on donne, mais qui on a choisit d'être.
Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.
- Je ne savais pas que tu étais philosophe à mi-temps, je me moque.
Il se relève et je crois apercevoir un éclair de tristesse passer dans ses yeux.
- C'est étrange d'entendre sortir ces paroles de la bouche d'un mec comme moi, hein ?
Je me lève à mon tours et je ne sais pas si c'est parce que j'ai bu quelques verres ou parce que Lucas me fait de la peine, mais j'éprouve le besoin de le prendre dans mes bras. Nous restons collés l'un dans les bras de l'autre jusqu'à ce que je sente une personne derrière moi. Je me retourne et fais face à Luc. Je ne sais plus où me mettre. Pourvu qu'il soit tellement ivre qu'il arrive à un point de trouver cette situation normale.
Il me surprend en se mettant à rire.
- Tu... as loué un striptiseur ?
Lucas et moi nous jetons un regard complice avant de rire à gorge déployées.
Je me tords dans tous les sens et Luc nous regarde de travers.
- Non, c'est juste mon ami, j'explique à Luc, une fois calmée.
Il hausse les épaules, l'air incrédule.
- T'as un ami policier ?
Lucas prend un air détaché et se tourne vers moi.
- T'as un ami diplômé ?
Luc se met à sourire.
- En quelque sorte, il dit modestement.
- Bravo !
Lucas passe son bras sur les épaules de Luc et ils se mettent à rire. Et moi qui n'imaginais même pas leur rencontre... c'est passé comme une lettre à la poste.
- Bon je vais m'en aller, dit Lucas.
- Rentre bien, fait attention.
Nous nous sourions et je rentre dans l'appartement. Je ris timidement en repensant à Lucas et moi en train de chamailler, j'espère que nous n'avons pas laissé des bouts de fromage au sol.13/10/19
VOUS LISEZ
Il fut mon histoire
RomanceFanfiction Lujipeka Ascane Rivoli est une niçoise de 19 ans. Elle déménage à Rennes avec son meilleur ami pour mettre au placard cette période terrible de sa vie dont elle ne veut plus entendre parler... pour causes : moqueries, rumeurs et parents i...