19.

140 13 0
                                    

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, j'ai apprécié me confier à Lucas. J'ai l'impression que quoi que je lui dise il restera là, à me conseiller, me rassurer. Ça fait du bien de savoir que je peux me reposer sur lui. Ce mec est vraiment incroyable. Je pose mes yeux pleins d'admiration sur lui et ma bouche s'étend en un sourire.
- Bon, on va la baizer cette peur ?
Lucas me regarde, un rictus aux lèvres.
- On va la baizer.
Nous sortons de la voiture et claquons nos portières avec la rage de vaincre. J'ai un agréable frisson quand il me prend par la main. Il allume une lampe torche et éclaircit la forêt, il ouvre ensuite la marche en faisant un pas sur la terre humide. Je le suis même si je flippe un peu, mais je me dois de rester calme pour lui. Il ne montre d'ailleurs aucun signe d'appréhension, alors je m'inquiète.
- Ça va ?, je demande d'une voix douce.
- Seulement parce que tu es là.
Nous pénétrons un peu plus dans la forêt et un brin d'air frais caresse mon corps qui se met à trembler. Lucas se retourne sur moi et me prend dans ses bras.
- Je suis là, Ascane, il dit en riant.
Il bouge ses mains dans mon dos pour me réchauffer et nous nous remettons à marcher sans parler. Lucas promène son regard partout dans l'obscurité en arborant un sourire fier sur le visage. Je devine sa beauté même dans la nuit noire. Nous n'échangeons aucun mot et ça ne me dérange pas. Le silence ne nous gêne pas, au contraire, il nous rapproche. Je crois que j'arrive à comprendre ce qu'il ressent grâce à ses pas déterminés, son regard doux mais peureux ou grâce à sa respiration qui se fait parfois bruyante.
Dix minutes de marche sont passées et Lucas décide de rompre le silence.
- Merci d'être là.
Je hausse les épaules en lui disant que c'est tout à fait normal.
- Je crois que j'apprécie presque être ici, je lui avoue.
- Ah oui ?, il demande, étonné.
- Oui. Je ne vois rien mais j'imagine un monde entier dressé devant nous.
- Et c'est comment ?
- Beau, simple, je dis en souriant.
- Comme toi, enfaite.
Je pouffe de rire.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?, il demande en rougissant.
- On dirait que tu me dragues !
Il lève les yeux au ciel et je pousse un cri de surprise quand il m'attrape par les hanches. Je passe une main dans ses cheveux si doux et il me sourit. Je fais un pas de plus vers lui et mon visage n'est séparé maintenant que par quelques ridicules centimètres du sien. Je peux ressentir la chaleur de son souffle contre ma peau. Je commence à rougir et fixe ses lèvres avec envie. Il me regarde avec une telle intensité que je sens mes jambes se dérober sous mon poids. Je me rapproche de lui de manière à coller nos bassins l'un contre l'autre. Mon coeur bat la chamade dans ma poitrine qui se serre. C'est la première fois que je ressens ça. Je sens une bosse de former au niveau de son entre-jambes et mon bas du ventre se tord de plaisir.

C'est serrée contre son corps que j'ai l'impression de vivre pour la première fois. C'est comme si mon corps avait attendu toute ma vie de trouver sa moitié, et qu'elle était là, devant moi, enfin. Je viens de trouver celui pour qui mon corps brûle et celui pour qui mon coeur palpite.
Sans prévenir, il dépose ses lèvres charnues sur les miennes. Elles ont le goût du bonheur. Nous nous embrassons, avec fougue. Il passe une main sur ma joue et je frissonne. Je me décolle de lui et son regard devient confus.
- Je... je suis désolée. On n'aurait pas dû s'embraser.
Je tremble presque. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter son baiser ? J'aime Kilian, alors pourquoi c'est par Lucas que je suis attirée ? Bordel, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?
Lucas hausse les épaule.
- C'est qu'un baiser.
- Je suis en couple !, je hurle.
Il me rit au nez et fait demi tour. Je le suis.
- Et alors ? Tout le monde embrasse tout le monde sans que ça veuille dire quelque chose.
J'ai un petit pincement au coeur.
- ... ça veut dire que tu n'as rien ressenti ?, je demande d'une petite voix.
Il hoche la tête. Comment ça se fait qu'il n'ait rien rien ressenti si mon corps s'est autant enflammé ?
- Donc m'embrasser ça t'a fait ni chaud ni froid ?
- Non, il dit d'un air nonchalant.
Je l'arrête net en lui sautant dessus. Je me jette à ses lèvres, je veux lui montrer qu'on ressent pleins de choses quand on m'embrasse. Ainsi, nos lèvres se caressent et nos langues tournent et se mêlent ... je suis au septième ciel. Alors que c'est lui que je voulais convaincre du bonheur que l'union de nos bouches procure, maintenant c'est moi qui en suis certaine. Des larmes parcourent mon visage et je continue de m'accrocher à Lucas. Je veux profiter une dernière fois de ses lèvres avant qu'il me jette. Alors je me détache de ses lèvres, lentement. J'ose à peine ouvrir les yeux, je ne veux pas lui faire face. Je ne veux pas qu'il me blesse et me vole ce moment merveilleux. Mais quand j'ouvre les yeux et que je le vois sourire contre mon visage, je pousse un soupire de soulagement. Il a les yeux qui brillent. Comment expliquer ça ? Il se penche sur moi et dépose un baiser près de mon oreille.
- Te savoir interdite ça m'attire.
J'écarquille les yeux, surprise, et il me sourit franchement. Nous retournons en direction de la sortie et il passe son bras sur mes épaules.

Arrivés dans sa voiture, Lucas pose sa main sur ma cuisse et je fais comme si ce geste était tout à fait normal.
- Alors... t'en as pensé quoi ?
Il me sourit franchement.
- Du baiser ?, il demande un rictus aux lèvres.
Je rougis et tourne mes yeux sur la fenêtre pour éviter son regard pervers. Avant que je réponde que non je ne parlais pas du baiser mais bien de cette balade en forêt, Lucas ouvre lentement la bouche, le regard malicieux.
- C'étaient les meilleurs baisers de ma vie.
Je ris timidement.
- Tu n'es pas obligé d'en rajouter, c'est bon, je dis en lui donnant une tape sur le bras.
- Je suis sincère, il répond, vexé.
Il allume le moteur et nous nous engageons sur la route.
- C'est déjà fini, je dis en soupirant.
Il m'envoie un sourire réconfortant.
- On en aura pleins des beaux moments comme ça, ne t'en fait pas.
Il me regarde quelques secondes, des étoiles dans les yeux, juste avant de se concentrer sur sa route tout le long du trajet. Bordel.

En réalité, embrasser Lucas est la meilleure pire chose qui m'est arrivée. C'était incroyable et si doux, depuis que ça s'est passé je ne pense plus qu'à retrouver ses lèvres. J'espère que lui aussi l'a ressenti, ce sentiment agréable, mais qu'il a juste trop d'égo pour l'admettre. Je ne demande pas des milliers de papillons dans son ventre, mais rien qu'une envie ardente de réembrasser mes lèvres.
Malgré tout, une part de moi ne peut s'empêcher de regretter ces instants passés dans le creux de son cou. Je suis en train de trahir la confiance de Kilian et je le sais. Mais je n'arrive pas à me défaire Lucas de la tête.

07/12/19

Il fut mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant