10.

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Mollie, Lucas et moi sommes devenus les meilleurs amis du monde. Mon amie et moi avons adoré lui casser les pieds. Et puis, il n'avait pas l'air de trouver si désagréable que ça de rigoler avec nous. C'était vraiment une des meilleures soirées de ma vie. Mais voilà, il se fait tard et Lucas nous nous dépose chez nous. J'ai vraiment l'impression d'abuser de sa générosité, il est tellement parfait.
- On se voit bientôt, tout les trois, nous salue Mollie en descendant de la voiture.
Elle marche en titubant et je ris silencieusement.
- Merci de m'avoir ramené Lucas ! Prend soin d'Ascane, elle crie en montant les escaliers.
Je rougis et Lucas lui fait un signe de la main à travers le pare-brise.
Il redémarre ensuite la voiture et nous redirige vers mon appartement.
- On rentre déjà ?, je demande en faisant la moue.
- Qu'est-ce que tu veux faire d'autre ?
- On pourrait se balader, je propose. Mon copain habite pas loin, on peut passer lui dire bonjour...
Il s'esclaffe.
- Pour quoi faire ? Pour que je vous regarde baizer ?
- Non, bien sûr que non ! Et de toute manière on ne l'a pas encore fait.
Lucas prend un air étonné.
- Qu'est-ce que vous attendez ?
- Ça ne fait pas longtemps qu'on sort ensemble.
Il ne me répond pas.
- Et puis... je n'en ai pas trop envie. Je sais, c'est bizarre. Mais je veux aller doucement avec lui. Kilian a l'air spécial, tu vois.
Il ne me répond toujours pas.
- Pourquoi tu ne dis rien ?, je m'énerve.
Il s'agrippe au volant comme s'il allait s'envoler. Je l'entends grogner et une expression mauvaise s'affiche sur son visage.
- Lucas ?
- Arrête !, il crie et je sursaute. Je ne veux pas que tu me parles de ton mec.
A trois rues de chez moi, il trouve une place et se gare.
Je m'empresse de sortir de la voiture et pose mes pieds sur le trottoir humide. Je ne peux pas supporter sa présence une seconde de plus. Je claque la portière fort pour chatouiller ses nerfs, puis m'applique à marcher vite tout en remuant mes anches, pour me la jouer. Mais à peine ai-je fait cinq pas que je retrouve Lucas qui marche dans mes pas. Je me retourne vers lui en le fusillant du regard.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je ne vais pas te laisser rentrer seule, il dit en me souriant.
Il s'élance vers moi et me prend dans ses bras quelques secondes. Il me relâche et je lui envoie un sourire gêné. Il est adorable. Mais il m'énerve.
Lucas reprend le pas et je le suis. Je le dépasse rapidement et me mets à courir, à chanter et à danser. Je chante tout ce qui me passe par la tête et je suis ravie de sauter à pieds joints dans les flaques d'eau.
Je me tords de rire, sans raison, pendant Lucas essaie de me canaliser. Il pousse des soupirs de mécontentement quand mes yeux sont tournés vers lui, mais dès que j'ai le dos tourné, je parie qu'il sourit à mes bêtises.
Plusieurs fois, il feint de vouloir m'attraper mais en réalité il n'ose pas m'approcher, mes vêtements son couverts d'eau sale et je ne dois plus sentir très bon.
- Arrête ça, tout le monde nous regarde bizarrement, il finit par dire, lassé.
Je hausse les épaules.
- Je n'en ai rien à faire. Tu sais, Lucas, il y a bien plus important que le jugement des autres. C'est pas à eux que je veux plaire, regarde-moi ces mongoles, je dis en pointant du doigt un groupe d'hommes d'affaire en costar tout coincés.
Lucas s'esclaffe et court me prendre dans ses bras. Ça devient une habitude avec lui. Nos deux corps s'emboîtent bien ensemble. J'ai vite très chaud.
- Tu as bien raison.
Il place une main dans le creux de mon dos et je ressens quelques frissons, il me caresse la joue de sa main libre. Je plonge mon regard dans ses yeux et je m'y perds vite. Mon visage affiche un air calme et serein, j'ai l'impression d'être en paix pour la première fois.
Nous nous séparons maladroitement et nous nous cognions la tête.
Je me mets à rire et Lucas lève les yeux au ciel, un sourire malicieux au bout des lèvres. Nous reprenons la marche et arrivons rapidement devant mon immeuble.
J'entre dans le hall d'entrée et je lance un regard intrigué à Lucas qui me colle au train.
- Je te raccompagne jusqu'en haut, m'informe-t-il.
Je hoche la tête et deux taquineries et trois pas plus tard, nous nous retrouvons dans l'ascenseur.
- Désolée, on est un peu à l'étroit, je dis en faisant un demi-sourire.
La tête de Lucas touche presque le plafond et il est obligé de se baisser. Et n'en parlons pas des ridicules centimètres qui nous séparent l'un de l'autre.
La tête de Lucas s'attriste quand le moment de se dire au revoir approche. La clé se tourne lentement dans la serrure et la porte émet un grincement quand j'enfonce la poignée. Lucas glisse la tête à travers la porte pour se faire une petite idée de l'endroit où je vis.
- J'ai un colocataire, c'est pour ça que c'est si grand.
Lucas me regarde en souriant. Je sens mes joues brûler.
- C'est très mignon.
Je mets mes mains dans les poches. Les effets de l'alcool se dissipent et je commence à ressentir un énorme sentiment de honte et de gêne. Nous nous regardons dans le blanc des yeux, ni l'un ni l'autre ne sait comment finir cette soirée. Je prends une inspiration et me lance :
- Je sais qu'il est tard mais tu peux rester chez moi ce soir, si tu veux.
Il me fait un sourire d'excuse et j'avoue être déçue quand il refuse poliment. Il m'attrape soudainement par les hanches et nos bassins s'entrechoquent. Je pousse un cri de surprise.
- Une prochaine fois.
Je lui souris.
- Merci de m'avoir appelée.
- Merci d'avoir répondu, il dit en souriant.
Il dépose un doux baiser près de mon oreille, à la frontière de ma joue et de mon cou. Je me défais rapidement de son emprise, troublée, et il me tourne le dos pour s'en aller.
- Tu m'envoies un message quand tu es arrivé chez toi ?, je demande d'une petite voix.
Lucas se retourne vers moi, un rictus au lèvres.
- Pas de problème. Bonne nuit, Ascane.
Je le regarde s'éloigner dans le couloir en souriant bêtement. Qu'est-ce qu'il est charmant, bordel. J'avais besoin de cette soirée pour me vider la tête. Je regrette de ne pas avoir fait sa connaissance plutôt, être avec lui c'est comme plonger dans un océan de joie et de vouloir s'y noyer. Ce qui me fait peur, c'est que je me noierais volontiers dans son océan pour rester à jamais connectée à lui.
Je comprends les gens qui parlent de coup de cœur, parce que je crois que j'en ai eu un aperçu.
La nuit suivante, je n'ai pas réussi à m'endormir. Lucas avait déjà accaparé une partie de mon cerveau et j'étais très mal partie pour commencer mon couple avec Kilian.

15/09/19

Il fut mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant