25.

105 9 0
                                    

Une fille heureuse, indépendante et forte. Une fille heureuse, indépendante et forte.
Comment on fait ? Il n'y a pas de notice. Ces mots me rongent et je sais que Luc a raison, je ne dois pas devenir comme ma mère. Alors j'y réfléchi, et je ne fais pas semblant. Ces trois mots me hantent.
En toute honnêteté... la seule chose qui m'empêche d'être heureuse c'est Kikian. Bien qu'il ne le fasse pas exprès et qu'il est juste adorable, notre relation me tire quelque peu vers le bas. C'est juste un blocage de ma part, j'imagine. L'amour vient avec le temps. Et d'autre part, il me rend aussi dépendante car j'attends des choses de lui, ce qui me rend moins forte.
Merde.
Je ne sais pas si j'ai la foi mais je crois que deux personne le ressentent si elles sont faites l'une pour l'autre. Le fait est que je ne ressens rien pour Kilian. Alors peut-être que j'idéalise trop la chose, peut-être que l'amour c'est juste se sentir bien avec la personne. Qui sait ?
- Désolé de t'avoir faite attendre.
Kilian sort de la salle de bain en balayant ses cheveux en arrière ; quelques gouttes d'eau s'échappent et tombent au sol.
Je n'en crois pas mes yeux. Il est magnifique et je ne peux m'empêcher de sourire bêtement, complètement charmée. Simplement vêtu d'une chemise blanche et d'un boxer, je peux apercevoir tout son corps sans la moindre peine. Il faut avouer que je me rince bien l'oeil. Kilian le remarque et rougit.
- C'est pas grave. Tu es... waouh.
Je me lève et l'enlace. Son corps brûlant sortant de la douche me fait effet immédiatement. Je balade mes doigts sur sa peau trempée alors que Kilian me regarde faire sans trop réagir. Il a un air satisfait sur le visage.
- Je me demande pourquoi est-ce qu'on a pas encore...
Kilian dépose un baiser sec sur mes lèvres et me fait taire.
- Ta robe est superbe.
Je lui envoie un regard malicieux et je m'approche de son cou pour y déposer des baisers, mais il se recule brusquement. Je fronce les sourcils.
- Je veux dire... ta robe est superbe, je ne vais pas te l'enlever.
Il ose à peine me regarder dans les yeux.
Je lui souris.
- Ok, pas de soucis. Je t'attends.
Je pousse un soupire de soulagement quand il se glisse dans sa chambre. Je m'adosse au mur, bouche bée.
C'était quoi ça ? Est-ce que je le dégoûte ? C'est bien la première fois qu'on se refuse à moi. Au lycee même, pas un garçon résistait à l'envie de coucher avec moi.
Derrière le mur, je l'entends murmurer des injures.
- Ascane ?, il m'appelle.
- Oui. Tu veux que j'entre ?, je demande, des espoirs dans ma voix.
- Non, pas encore. Je suis désolé. Aïe !
- Quoi ?
- Je me suis cogné, rien de grave.
- Je ne veux pas que tu aies l'impression que je me serre de toi, il reprend, sur un ton plus léger. Je ne veux pas ton corps, je te veux toi.
Ok, mais pourquoi est-ce qu'il me dit tout ça ?
- ... je le sais déjà.
- Je ne compte pas profiter de toi comme j'ai pu profiter des autres filles, je te le jure.
- Kilian, je te crois. Mais je pense qu'on ne devrait pas se priver de...ça.
- Non, tu comprends pas. Je veux qu'on attende le mariage.
- Tu plaisantes ?
- Non, il répond, froidement.
- Tu me fais du chantage ?, je demande en riant.
Je l'entends souffler et je pari qu'il lève les yeux au ciel.
- Je veux être ton mari, fin de la discussion.
Non mais je rêve ? Fin de la discussion ? Il ne peut pas comprendre que ce n'est pas comme ça que je vois mon avenir ? Si un jour je décide de me marier, ce sera parce que je serais tombée au plus bas, pas de doute.
Je me dirige en furie vers la sortie et attrape mes affaires sur le passage.
- Fin de la discussion !, je hurle et Kilian cour vers moi.
Il pose ses mains sur mes épaules et me fait pivoter sur moi-même. Son agressivité est telle que je manque presque de tomber au sol. J'ai cru un instant qu'il allait m'embrasser à pleine bouche avant de me déshabiller sur place, mais son air peiné m'indique le contraire.
- Ne t'en va pas, il me supplie. J'ai besoin de toi.
- Je ne suis pas sure de te comprendre Kilian, je dis, calmement.
Il souffle.
- J'ai trop joué, je ne veux plus. Fais moi confiance.
Je hoche la tête. Il a lair si sincère et si brisé. Il a besoin de moi.
- Ok, c'est oublié. On va être en retard au resto, on y va ?
Il me sourit timidement.
- On y va.
Il me prend par la main et sa peau douce et sa poignée forte me rappellent à quel point je suis chanceuse de l'avoir trouvé, malgré tout.
Le temps me le confirmera mais c'est le bon. Il est bienveillant et gentil. C'est le bon. C'est moi le problème.

24-02-20

Il fut mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant