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Vivre pour moi-même, agir pour moi-même, penser de moi-même mais aussi sourire pour moi-même. Depuis que je n'ai plus Kilian avec moi, j'essaie de rester positive parce que malgré tout, il faut que j'avance. Quand bien même que je ne sache franchement pas où je vais ni même ce que j'ai à faire, je dois reprendre du pouvoir car je me suis laissée aller trop à mon aise ces derniers temps, je l'avoue. Si je suis encore une enfant, il me laisse encore un grand bout de chemin à parcourir avant de devenir une femme forte avec des idées pleins la tête.
Ce matin je décide de prendre soin de moi, juste avant d'aller travailler au café. Et par "prendre soin de moi" j'entends dire "prendre soin de mon esprit", en d'autres thermes je vais me cultiver. C'est pour ça que je suis entrée dans la bibliothèque, la même que celle où j'ai croisé Lucas avec son ami, Jason. J'espérais aussi secrètement tomber sur lui, mais après avoir regardé dans chaque couloirs, je peux affirmer qu'il n'est pas ici. Je sais pas pourquoi je voulais le revoir d'ailleurs, alors qu'il y a moins de vingt-quatre heures j'étais encore blottie dans ses bras. Peut-être qu'il m'a rendue accro. Ou alors je me sens juste seule. Peu importe, j'avais besoin de retrouver son sourire et son regard doux sur moi.
J'attrape un livre, le premier qui me vien, sans même jeter un coup d'oeil sur le titre. Je veux me garder la surprise... je sors de ma zone de confort en choisissant l'inconnu, j'ai lu un article cette nuit à propos de ça. J'ai fait nuit blanche, étant à la recherche de la solution miracle pour être heureuse. J'ai tout épluché : je ne peux plus attendre de courir derrière mon bonheur, alors je le fais venir à moi.
Je m'assois à une table et plonge la tête dans le bouquin, bien décidée à me changer les idées.
J'accroche plus ou moins avec l'histoire puisqu'il est question de plantes et jardinage, mais je tiens néanmoins à réussir le défis que je me suis lancé : alors je me force.
Et puis je réfléchis : merde, pourquoi je fais ça ? Pour prouver quoi à qui ? Je suis complètement ridicule. Je referme le livre, brusquement, ce qui me vaut quelques regards noirs. C'est pas en m'obligeant à faire quoique ce soit que je vais devenir plus maligne, j'aurais dû y penser en prenant un abonnement annuel à la bibliothèque...
De toutes façons, j'ai changé d'avis. Je ne veux plus faire semblant.
Je tourne et je vire, j'avance et je recule, quand est-ce que je deviendrai stable ? Ou est-ce que ma vie restera un enchaînement de montagnes russes ?
Comment savoir si je suis sur la bonne voie ?
Est-ce que ma séparation avec Kilian est une bonne chose ? Je ne sais pas. Ça ne fait que quatre jours et je suis déjà perdue. Mais j'imagine que c'est comme ça au début. J'étais dans le confort et je dois m'en déshabituer, évidemment que ce ne sera pas simple.
Je repose mon livre et quitte cet endroit immense mais paradoxalement oppressant. Il est vrai, pas mal de regards sont braqués sur moi depuis que j'ai franchis la porte. Je n'ai pas l'air assez intelligente et cultivée, en jugeant ma tenue et le cours temps que je viens de passer avec un livre à la main. Quoique je fasse, je me sens jugée. Quand est-ce que je trouverai ma place ici ?
Je craque. J'ai besoin d'aide. J'ai besoin de lui. J'appelle Kilian. Il n'y a que lui qui me fait voir le bout du tunnel. Avec lui seulement, j'ai une perception de mon avenir et il m'aide, maladroitement, à devenir quelqu'un de bien.
- Allô ?, je dis, timidement.
- Bonjour Ascane. Comment tu vas ?
Sa voix est chaleureuse et rassurante. Je pousse un soupire de soulagement, il me facilite la tâche en se montrant agréable.
- Je vais bien, mais tu me manques. Et toi ?
- Tu me manques aussi. Tu veux passer chez moi ce soir, après ton service ?
- Oui, je m'empresse de dire, avant qu'il ne change d'avis. Merci Kilian.
- Parfait, il dit. Tu as le temps pour rester avec moi au téléphone ?
- Oui... je crois qu'on a pleins de choses à se raconter.
Je suis heureuse qu'il agisse comme ça, de manière responsable. Un homme grand d'esprit c'est tellement bien et puis super séduisant, je dois le dire.
- Enfait, non. Je ne veux pas en parler.
Je reste bouche bée, je ne comprends pas ce qu'il veut dire.
- Je suis désolé, il reprend.
- Moi aussi. Je fais tout de travers mais j'ai besoin de toi, crois- moi.
- Je sais. Je t'aime. Ça va aller. On reprend où en était ?
- Oui, j'espère bien.
- Alors ce soir on profite de nos retrouvailles, ok ? Pas de larmes, pas d'excuses... on passe la soirée au lit ?
Est-ce je rêve ou j'ai bien entendu ?
- Au lit pour faire quoi ?, je demande timidement.
Il a un rire joueur.
- Ça dépendra de toi. Moi, j'ai envie de toi et de ton corps.
Je rougis, alors on va franchir un cap. Je vais avancer, je veux grandir.
- Je suis impatiente.
Et peut-être stressée.
- Je suis parti chez Jo, c'était sympa. Mais les beignets étaient meilleurs dans mon souvenir.
Je ris timidement.
- Tu les as peut-être mis sur un podium sans réellement avoir apprécié leur saveur, tu aimais peut-être juste les souvenirs que t'évoquent ces beignets. C'est ce qu'on fait avec les musiques aussi. On associe une musique à une personne, tout comme tu as associé ces beignets à des moments de partage.
- ... oui, sûrement, il dit, peu convaincu.
J'en ai peut-être fait trop avec ma conclusion. Qu'est-ce qu'il en a à foutre de ma théorie de toutes façons ?
Un moment de blanc se fait ressentir et je me ronge les ongles nerveusement. J'ai gâché un truc ?
- À ce soir ma Princesse, il me salut.
Princesse ? Je suis tout sauf une princesse. Quelle mouche l'a piqué pour qu'il veuille m'appeller comme ça ?
- À ce soir mon Prince, je dis maladroitement et je raccroche la seconde d'après.
C'était fort en émotion bordel. Je suis curieuse de voir ce que cette nuit nous réserve.

09-11-2020

Il fut mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant