je savais déjà que ce bar était assez semblable à celui de mark. mais c'est seulement en laissant un de ces silences lourds de sens se profiler entre nous et en regardant ses doigts désespérément s'accrocher aux miens que je me suis aperçu à quel point.
ses yeux ont caressé la guitare en néon, la poubelle renversée, le métal glacé de la porte. il a laissé l'humidité de la petite ruelle lui rappeler celle de la sienne. même les derniers rayons de soleil ressemblent à ceux de séoul.
il a mordu sa lèvre inférieure et sa prise forte sur ma main m'a fait sentir immensément stupide. je pensais que la ressemblance entre les deux bars allaient lui permettre de se remémorer des souvenirs heureux et le mettre en confiance avant même d'entrer mais je n'avais même pas songé à l'avalanche de nostalgie qui pourrait l'avaler. j'ai pressé ses doigts moites.- tout va bien ?
- oui oui. c'est juste... sa voix se noue dans sa gorge.
- oui je sais. ils se ressemblent beaucoup, pas vrai ?
il a simplement hoché la tête.
- ça me fait drôle d'avoir quitté le bar de Séoul pour finir dans un tout pareil au fin fond de la cambrousse.j'ai hoché la tête, ignorant le petit pincement au coeur qui gigotait dans ma poitrine. mais comme d'habitude, mark savait sans même me regarder.
- mais tout est différent ici et puis t'es avec moi maintenant. alors j'ai aucun regret à avoir.
mon coeur s'est décontracté et j'étais trop occupé à admirer la façon dont il me lisait pour tenter d'empêcher mes joues de rosir. il a ri et après avoir jeté un coup d'œil à sa montre, il m'en a jeté un deuxième.- ça va être l'heure.
la boule d'angoisse qui se tortillait dans mon ventre a fusé jusqu'à ma gorge. à mon tour, j'ai renforcé l'étreinte de mes doigts sur les siens. il a souri en tournant la tête vers moi.
- ça faisait longtemps que j'avais pas eu autant le trac pour jouer. c'est presque... agréable. comme si je redécouvrais une sensation oubliée. presque comme si je retrouvais quelque chose qui me rend vivant.
- arrête d'être aussi sage, ça me stresse.il a éclaté de rire et malgré mon angoisse sans nom, un petit rire a franchi la barre de mes lèvres. il a pressé ma main et a remonté la bretelle de sa housse de guitare.
- allez viens, plus vite j'aurais joué, plus vite tu pourras apprécier ma sagesse à sa juste valeur.une dernière inspiration, un dernier regard vers les étoiles, un dernier sourire lunaire. mark a ouvert la porte métallique et m'a entraîné au travers.
à l'intérieur, la chaleur douce que je trouvais si rassurante m'étouffait tout d'un coup. ma respiration s'était accélérée, juste un peu, et je sentais ma main devenir glissante dans celle de mark. mais lui marchait à côté de moi, plus calme qu'on ne pouvait l'être et sa poitrine se levait et s'abaissait au rythme de la plus reposante des berceuses. il me fascinait. et je ne pouvais pas croire qu'il continuait de se tenir à mes côtés, comme s'il ne méritait rien de plus. alors qu'il méritait qu'on aille décrocher toutes les lumineuses nocturnes, une par une, pour aller les rendre à ses yeux.
je rêvais d'agrandir encore un peu plus le système solaire enfoui sous ses paupières. et ce jour-là, j'étais le plus heureux parce que ses astres brillaient encore plus que d'habitude.
comme la veille, les seuls bruits qui noyaient le silence étaient celui des respirations ennuyées et des chopes reposées sur le comptoir. à l'orée de la salle, nous nous sommes arrêtés.
- je sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que ça va être un soir important.ce n'était qu'un murmure qui venait de s'extirper d'entre ses lèvres, mais les mots de mark m'ont frappé bien plus fort que s'il les avait hurlés.
- on va faire en sorte que ça en devienne un, alors.il m'a jeté un autre regard, sans tourner son visage lunaire, baigné dans la lumière sombre du bar. un regard plein de promesses, de non-dits qui n'attendaient qu'à être réalisés et chantés à tue-tête. le coin de sa bouche mystère s'est redressé avant de laisser sa main déterminée et tremblotante guider la mienne notre nouvelle épreuve. notre prochaine étape vers le bonheur et la liberté, voulais-je croire.
le barman a relevé la tête au moment où nos pas ont quitté le sol du couloir. il nous a salué d'un hochement de tête et a jeté son torchon trempé sur son épaule droite. silencieusement, il a fait le tour de son comptoir et tout aussi silencieusement, nous l'avons observé venir jusqu'à nous. sa taille, sa carrure, ses mains, ses sourcils méfiants : tout était plus grand, plus fort que dans mes souvenirs. la veille, il ne m'avait pourtant pas semblé si inquiétant.
- alors, c'est lui ton pote merveilleux ?sa grosse voix tonnante m'a fait rougir de gêne, peut-être parce que mes propos rapportés de cette façon devant mark me rappelait à quel point je l'estimais secrètement. pourtant, mes joues n'ont pas été les seules à se couvrir d'un léger voile carmin : sous les néons bleus, la peau opaline de mark accueillait volontiers le rouge délicat de sa gêne. le barman a levé les yeux au ciel en croisant les bras. il a inquiète d'un coup de tête le fond de la salle et sa petite estrade en manque d'attention.
- la scène est là-bas. c'est la première fois qu'on y fait jouer quelqu'un alors fais-nous un truc bien. j'voudrais pas faire fuir mon peu de clients.mark a hoché la tête. ses yeux déjà grands se sont écarquillés et sa pomme d'Adam s'est offert un tour de montagne russe dans sa gorge serrée. alors, le barman est retourné derrière son bar, a récupéré son torchon toujours mouillé sur son épaule et s'est penché de nouveau sur ses verres, comme si de rien n'était. mais non, nous étions plantés là, incapables du moindre mouvement, de peur de faire tanguer notre fragile confiance.
- et alors ?!nous avons sursauté en chœur et nous nous sommes enfin faufilés entre les tables aussi rondes que vides. mark est monté sur l'estrade d'un bond et je me suis installé à la table la plus proche de lui. de là où j'étais, je pouvais admirer le néon des étoiles de ses yeux briller d'appréhension et de passion. il s'est assis en tailleur, à même le bois et je me suis rappelé de sa prestance folle la nuit où je l'ai rencontré. nos visages étaient presque face à face, nos sourires tordus sur la même latitude, nos cœurs fous sur la même longueur d'onde.
il a sorti sa guitare claire de sa housse, qu'il a repoussé vers l'arrière de la scène et a doucement gratté les cordes pour l'accorder. mais la danse de ses doigts sûrs et de ses partenaires longilignes, elle, n'était jamais désaccordée. en fait, le véritable spectacle résidait dans ses gestes pleins d'assurance et d'hésitation, de timidité et d'audace. sa bouche concentrée et son regard fixe le rendaient tellement beau que même si le bourdonnement dans mes oreilles le rendaient quasi sourd, je savais reconnaître sa musique mélodieuse. celle de sa passion. celle de son cœur.
il s'est éclairci la gorge. une, deux fois. il a inspiré tout l'oxygène de la salle mais ce n'est qu'au moment où il a commencé à chanter que j'ai eu le souffle coupé.
tout recommençait. le premier soir, la première nuit, les premières mesures, les premiers éclats de voix. tout recommençait, en mieux peut-être. il y avait sa peau translucide, son regard stellaire planté dans celui de son instrument, ses doigts noueux qui dansaient avec les cordes, son pouce qui battait la cadence contre le bois de la guitare, son corps puissant assis en hauteur.
il y avait tout du premier soir, sauf ma peur.
•••••••••••••
bonjour bonjour !
j'espère que vous allez toutes et tous super bien et que vos premiers jours de vacances se passent à merveille :)
j'ai une petite question pour vous : jeudi c'est mon anniversaire et j'aurais pas du tout accès à la wifi et même à mon portable (on va à port aventura skdjfb). on reste en espagne jusqu'à samedi soir tard et je voulais savoir si vous préfériez que je poste le chapitre de vendredi aujourd'hui ou demain ? parce que je suppose que vous avez pas trop envie d'attendre jusqu'à dimanche hehe
j'attends vos retours et je vous dis à tout à l'heure ou à demain !
prenez soin de vous,
Hina <33
VOUS LISEZ
ー le blues du businessman
Fanfictiondonghyuck en a l'air mais il n'est pas heureux. le truc, c'est qu'il n'a jamais voulu être fils de PDG. lui, il aurait voulu être chanteur. comme ce garçon. ━・ « le blues du businessman » - starmania markhyuck - août 2019 à décembre 2019. 1K le 19...