le reflet de la lune n'atteignait pas la noirceur de son regard et ses iris bougeaient dans tous les sens, comme prises de convulsions. ses ongles étaient enfoncés dans la peau encore fragile de mon bras et malgré son poing à moitié enfoncé dans ma bouche, j'ai laissé passer un petit couinement.
- ferme ta gueule, lee et laisse-toi faire.je suis resté abasourdi quelques secondes avant de sentir mon corps se faire soulever.
et j'ai paniqué.je me suis sauvagement débattu, battant des mains, battant des pieds, me tortillant dans tous les sens pour le faire tomber, pour me libérer de son emprise. j'ai violemment enfoncé mes dents féroces dans son poing et il m'a lâché d'un coup, marmonnant des mots noirs à en faire rougir certains. mon corps engourdi s'est brutalement écrasé sur le sol dur mais je n'ai pas ressenti la moindre douleur. j'ai appuyé mon pied sur son genou qui s'est tordu en un angle horrible. l'homme s'est replié sur lui-même, retenant à grand peine ses pleurs de douleur et je me suis relevé, glissant dans la mousse, trébuchant dans les branches.
j'ai détalé.
jamais je n'avais couru aussi vite. chaque parcelle de ma peau, de mes os, de mes muscles se prenaient en pleine face les feuilles raides, les ondes de mes pieds sur le sol, les pulsions puissantes d'adrénaline. je voyais complètement flou, des pixels noirs venant troubler la faible vision que j'avais de mon environnement. le vent, les branches, la terreur foutaient mon épiderme et entaillaient mes bras. les larmes brûlaient mes joues et ma voix s'était roulée en une boule épineuse dans ma gorge. mais je hurlais
- MARK ! MARK !je ne l'entendais pas me répondre. pourtant, les rugissements de l'homme nuit noire que je fuyais griffaient mes oreilles et le hululement de cette maudite chouette tambourinait les parois de mon crâne. j'entendais tous les bruits de la forêt, le moindre craquement de branche, le moindre souffle du vent, le moindre secret mais aucune trace de ce que je cherchais.
aucune trace de la sécurité, de la chaleur, de la quiétude.soudain, quelque chose s'est agrippé à moi. des bras se sont enroulés autour de mon torse et j'ai hurlé de toutes mes forces en essayant de m'extirper de leur prise forte.
- LÂCHEZ-MOI ! MARK ! MA-
- hyuck c'est moi ! c'est mark !aussitôt, je me suis arrêté. mes jambes ont arrêté de taper dans les siennes, les mains ont arrêté de gifler ses bras, mes larmes ont arrêté de tremper mon visage. et j'ai respiré, peut-être pour la première fois de cette nuit.
sous la paume de mark, mon cœur battait aussi vite que mes pas avaient battu le sol et ma respiration frénétique s'enfuyait dans l'obscurité de l'air.
doucement, tout doucement, mark m'a déposé à terre et s'est accroupi près de mon corps plat et vide. sans un mot, il a accepté mon silence et a recueilli ma tête dans ses paumes avant de la déposer au creux de son cou. et j'étais bien, écrasé dans la mousse et ma terre, paniqué, essoufflé mais reposé près de son corps chaud et rassurant, le cœur et la poitrine battants près des miens. et là, caché de ces choses inconnues qui me voulaient tant de mal, je me suis autorisé à laisser couler ma terreur. l'adrénaline délaissait mes veines, la force ayant pris les devants. j'étais si faible, plongé dans le cou de mark. j'étais tellement vulnérable, coincé entre ses bras mais je ne faisais plus attention à rien.
je voulais simplement oublier que je méritais ce qui venait de m'arriver. et je voulais simplement me mettre en garde : ce qui allait arriver serait de ma faute.à travers le flou, à travers mes larmes, j'ai senti mark se relever et me cueillir dans ses bras. un bras sous mes genoux, l'autre sous mes bras, je pouvais facilement contacter son cœur à lui, qui battait aussi vite que le mien. avait-il couru ? avait-il trébuché dans les branches ? avait-il glissé dans la mousse ? avait-il senti sa gorge saigner lorsqu'il déchirait de mon nom le sombre et noir silence de la nuit ? sa peau frémissante sous son simple teeshirt me murmurait la positive et avant de fermer définitivement les yeux, mes lèvres ont peut-être souri.
qu'il était bon de se sentir protégé.
et aimé.lorsque j'ai rouvert les yeux, les rayons du soleil m'ont fait grogné. doucement, j'ai retrouvé mes sens et j'ai profité de la chaleur des draps autour de moi. le matelas confortable ne parvenait cependant pas à soulager les courbatures douloureuses que je ressentais dans le moindre de mes muscles. chaque parcelle de ma peau me grattait et me brûlait. mais surtout, j'avais cette migraine affreuse, qui faisait exploser un par un le moindre de mes neurones, qui défonçait à coup de pioche chaque centimètre carré de l'intérieur de mon crâne. le côté du matelas s'est affaissé et j'ai légèrement entrouvert les yeux.
mark souriait mais gardait cette ride inquiète imprimée dans son front. il mordillait sa lèvre inférieure, dont le côté droit était rouge sang et gonflé et le lit bougeait en rythme avec les tapements frénétiques de sa jambe. il a posé sa paume moite sur ma joue et ses ongles rongés m'ont serré le cœur.
- comment tu te sens ?
- ça peut aller. plus de peur que de mal.mark n'a pas répondu. j'ai haï le regard qu'il a laissé glisser sur moi. un regard inquiet, qui avait presque pitié. et je refusais qu'il ait pitié de moi. je me suis redressé en appuyant mon dos contre le mur en serrant les dents. j'avais affreusement mal aux côtes. j'avais l'impression que le moindre mouvement se métamorphosait en coup de marteau contre les os.
mais j'ai renfilé mon sourire. je refusais qu'il ait pitié de moi.mark a soupiré avant de s'éloigner du lit et de revenir avec de l'eau et des compresses. il a saisi mon menton entre ses doigts chauds et j'ai frissonné. cette fois-ci, sur ses lèvres ont fleuri une risette éclair qui a fané à l'instant où il a posé la compresse contre ma joue. en silence, il a soigneusement désinfecté la plaie et j'ai eu tout le loisir d'admirer son visage en pleine concentration. lorsqu'il eut terminé, ses yeux ne me souriaient pas. il a soupiré, encore une fois avant de prendre ma main et de la presser.
- hyuck... qu'est-ce qui s'est passé ?j'ai quitté du regard ses yeux trop grands et trop compatissants pour le laisser s'enfuir à travers la fenêtre. le soleil baissait petit à petit dans le ciel qui venait tout juste d'ouvrir sa palette d'aquarelle. ici et là, là-bas et au dessus de moi, les premiers coups de pinceaux orangés avaient déjà coloré les nuages. l'étoile de feu, sachant son ciel être de bonnes mains, était paisible, aussi paisible que j'aurais souhaité l'être. j'ai soupiré et délaissé la beauté de l'extérieur pour me concentrer de nouveau sur celle, toujours aussi inquiète, qui veillait sur moi.
- on nous recherche, mark. nous ne sommes plus en sécurité nulle part. alors tiens-toi prêt.
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ー le blues du businessman
Fanficdonghyuck en a l'air mais il n'est pas heureux. le truc, c'est qu'il n'a jamais voulu être fils de PDG. lui, il aurait voulu être chanteur. comme ce garçon. ━・ « le blues du businessman » - starmania markhyuck - août 2019 à décembre 2019. 1K le 19...