ー xiv

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j'ai eu beaucoup de mal à ouvrir les yeux, qui me brûlaient douloureusement.

sur mes joues se dessinait encore le chemin qu'avaient foulé mes larmes, quelques heures ou peut-être quelques jours auparavant : j'avais complètement perdu la notion du temps. avec difficulté, je me suis tourné sur le côté et malgré mon corps endolori, j'ai eu l'impression que la douleur s'était envolée quand j'ai posé mon regard sur mark, endormi près de moi. le soleil brillait déjà dehors et ses rayons s'échouaient sur ses cheveux corbeau. sa peau pâle portait encore les traces de notre opération compliquée : une toute légère traînée de sang colorait la ligne de sa mâchoire et ses sourcils, même ensommeillés, étaient froncés. je m'en voulais toujours de l'avoir tant inquiété. notre aventure n'avait pas commencé du bon pied, mais maintenant j'étais prêt à tout pour qu'elle soit la plus belle possible, aussi belle qu'il l'avait rêvée... aussi belle qu'il le méritait. même si, secrètement, je trouvais à ce moment-là mark bien plus beau que nos désirs de liberté qui se profilaient à l'horizon, désormais à portée de main.

plongé ainsi dans la contemplation de son joli visage, je n'avais pas remarqué qu'il avait finalement ouvert ses paupières et que son regard malicieux observait le mien imprimer chacun de ses traits dans mes rétines.
- bonjour, hyuck.

j'ai sursauté, le faisant rire et attirant le rouge à mes joues. deux sourires se sont installés sur nos lèvres et j'ai souhaité que jamais ils ne s'en aillent. un silence apaisant nous rapprochait et j'ai savouré la chaleur du soleil sur nos corps éreintés.
- comment tu te sens ?
- étrangement, plutôt bien. j'ai encore mal au bras mais pas autant que je le pensais. c'est bon signe, pas vrai ?
- oh que oui, ça veut dire que l'aventure va enfin pouvoir commencer !

il s'est brusquement tourné et a sauté du lit. avec un immense sourire, il m'a tendu sa main que j'ai saisie sans hésiter. nous avons parcouru le van en quelques enjambées et nous nous sommes installés à l'avant. mark a mis le contact et le rugissement paresseux du moteur a enclenché nos regards brillants d'excitation. tout n'avait pas commencé comme nous le rêvions mais nous allions nous accrocher à cette liberté qui nous ouvert enfin les bras. et j'avais hâte de goûter la chaleur de son étreinte.

la route était déserte et hormis quelques rares voitures, personne n'était passé assez près de nous pour entendre nos rires et nos voix s'envoler dans la brise. la peinture jaune du van, le soleil brillant, nos sourires indélébiles : tout respirait le bonheur et la paix que j'avais tant cherchés.

malgré notre motivation à toute épreuve, nos ventres ont rapidement commencé à crier famine et l'ennui pointait le bout de son nez, mais nous étions perdus au milieu de nulle part. alors, nous espérions voir le plus tôt possible l'annonce d'une ville pour nous arrêter. ce jour-là, notre bonne étoile devait être à nos côtés car bientôt, nous sommes passés devant un panneau nous en indiquant une.

cette ville était en fait un village, un tout petit village. le van paraissait immense dans les rues étroites et les quelques personnes que nous avons croisé nous observait toutes passer, comme s'ils voyaient rarement des gens de l'extérieur. nous avons traversé rapidement le village et nous sommes tombés sur ce qui semblait être une épicerie. mark a garé le van pendant que je trépignais d'impatience. en réfléchissant, je n'avais pas encore vu le monde en étant libre. je n'étais pas censé être là, perdu quelque part avec un garçon que je connaissais depuis deux jours dans un van nonchalant. mais c'est ça que j'aimais, je n'étais pas censé faire tout ça et la liberté m'encourageait à m'envoler.

nous nous sommes levés et j'allais sortir le premier quand mark m'a retenu par le bras.
- je pense que tu devrais te changer d'abord, hyuck.

ー le blues du businessmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant