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la voiture avançait à toute vitesse et dans le ciel, les étoiles n'étaient plus que des traînées de lumière pâle.

mark, à mes côtés, était aussi silencieux que moi mais je savais sa tête prête à déborder. en tout cas, la mienne l'était. et nous avions nos raisons, tout s'était passé si vite.

ryōmen était déjà parti depuis quelques minutes à peine quand nous nous sommes relevés. mark respirait encore bruyamment mais malgré mes questions incessantes, il persistait à vouloir marcher. alors, sans plus tarder, nous avons quitté les fleurs nocturnes pour retrouver le manoir. je tenais fermement
le noiraud par la taille et lui souffrait en silence en s'agrippant à mon épaule. le voir lutter avec sa douleur me tuait parce que je savais qu'il n'était même plus assez fort pour me la cacher et ça, ça me tuait.

nous avons gravi les escaliers en pierre avec difficulté et enfin, nous sommes arrivés au manoir. mark était à bout de souffle. son corps était lourd, lourd de responsabilités qu'il n'avait pas à assumer et le poids de ma culpabilité commençait à peser sur mes épaules. mais j'étais allé bien trop loin pour faire table rase... et mon père n'était pas prêt à me laisser filer comme ça.

la musique entraînante qui faisait danser la foule me semblait bien moins joyeuse que tout à l'heure. j'avais un mal de crâne horrible, qui affolait mes sens et je ne souhaitais plus qu'une chose : que tout s'arrête. nous avons lentement avancé jusqu'à la salle de musique. j'ai claqué la porte derrière moi et soudain, tout s'est éteint. les voix, les musiques, les rires : ne restaient plus que nos souffles hystériques et nos regards d'animaux chassés.
- je vais chercher monsieur song. bouge pas.

mark a tenté de sourire.
- je peux pas bouger de toute façon, je risque pas d'aller loin.
la situation était tout sauf drôle. nous étions en danger, nous étions incertains et les marques atroces autour du cou opaline de mark confirmaient la violence de notre état. pourtant, son petit sourire m'a doucement fait rire. il riait encore, il souriait encore et il vivait toujours. l'étincelle éternelle de passion qui brûlait dans ses yeux avait le don de me redonner espoir. je me suis agenouillé vers de lui et j'ai déposé mes lèvres sur son front.
- je reviens vite. promis.

je suis sorti en observant une dernière fois le sourire de mark qui brillait dans la obscurité nuancée de la pièce. j'ai refermé la porte et j'ai rapidement rejoint la réception. il ne fallait pas perdre de temps, nous ne pouvions plus nous le permettre. et puis, laisser mark seul ne me rassurait pas. et puis, je fonctionnais bien mieux quand il était à mes côtés. mais c'était pour son bien alors j'allais me dépasser.

retrouver la foule ne me faisait plus autant envie que lorsque j'étais dans le jardin. j'avais de plus en plus mal à la tête et je ne voyais pas monsieur song. la pression de ces corps mondains sur le mien m'angoissait et leur fausse chaleur m'étouffait véritablement. il y avait trop de monde mais peu importe où je posais le regard, il y avait pas une trace du sourire paternel de notre nouveau manager.

mais enfin, alors que j'étais en train de doucement perdre mon espoir, j'ai aperçu son secrétaire. et malgré son visage fermé et ses lèvres éteintes, il m'a redonné le sourire. mon cœur s'est mis à battre fort alors que je décalais les corps sans attention ni douceur et j'ai atteint son épaule. il s'est retourné et une lueur de curiosité scintiller au coin de ses yeux. c'est sûr, ma respiration infernale, mes mains affolées et mon beau costume sali et froissé devaient attirer son attention.
- venez avec moi, je vous en supplie.

j'étais prêt à couper court à ses répliques mais contrairement à toutes mes attentes, il a hoché la tête. d'abord sceptique, j'ai accéléré le pas en votant qu'il me suivait sans se moquer. nous sommes rapidement sortis du grand salon et en silence, nous avons parcouru le dédale de couloirs vers la salle de musique. je ne voulais qu'une seule chose : retrouver mark.
et que nous nous échappions de cet endroit.

quand nous sommes rentrés dans la salle, mark s'est de suite redressé. il s'est approché de monsieur kim et s'est courbé devant lui. ils se fixaient dans les yeux et étrangement, je sentais comme un lien entre eux. un lien invisible, quelque chose d'important qui se jouait entre leurs deux esprits. monsieur kim a hoché la tête et a saisi son téléphone.
- vous me raconterez plus tard. de quoi avez-vous besoin ?

ainsi, un quart d'heure à peine plus tard, mark et moi entrions dans une voiture, en direction de notre van. sur le chemin, nous avions tout raconté au secrétaire dont les yeux vivaient parfois un peu plus qu'il ne voulait nous le montrer. je savais à quel point le fait que ryōmen se soit introduit dans la réception l'avait effrayé. après tout, la réputation de cet homme n'était plus à prouver : de nombreux meurtres, plus affreux les uns que les autres, avaient été commis par lui ou sous sa direction. mais il était l'un des piliers de la mafia séoulite et rien ni personne ne pouvait quelque chose contre lui.
ainsi, son contact s'était peu à peu inscrit dans le répertoire de grands dirigeants et patrons. dont mon père. et je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais fermé les yeux sur leurs entrevues discrètes. je connaissais bien ryōmen, aussi bien sa cruauté que sa malice, et le fait que mon père soit aussi satisfait de ses services ne me surprenait même pas.

il était aussi violent et brutal que lui.
et malheureusement, avoir les épées de ces deux hommes au-dessus de nos têtes étaient bien trop dangereux.

la tête appuyée contre la vitre, j'observais les étoiles s'échapper aussi vite que j'aurais aimé le faire. les minutes passant, je regrettais le moindre de mes choix, la plus mince de mes décisions. à part peut-être celle d'être rentré dans ce bar, cette nuit à Séoul.

je ne m'étais pas endormi du trajet mais mark, lui, ne s'était pas fait prier. sa tête, lourde sur mon épaule, dansait au fil des mouvements de l voiture. et plus j'admirais ses traits, plus je me haïssais de l'avoir entraîné avec moi. lui était heureux, riche de ses passions, libre de ses envies et à présent, il risquait tout pour moi. la culpabilité me dévorait lentement mais son visage, encore décoré de vieilles égratignures, rayonnait dans la nuit noire. et même si je le faisais des idées folles, je me plaisais à croire qu'il était aussi heureux d'être avec moi que je l'étais quand j'étais avec lui.

les rayons du soleil pointaient à peine dans le ciel lorsque nous sommes arrivés aux abords de notre forêt. j'ai rapidement réveillé mark et nos deux corps endormis ont rejoint l'été matinal. resté dans la voiture, monsieur kim s'était chargé de nous trouver un endroit où nous mettre en sécurité.

marcher avec mark dans cette herbe que nous avions déjà tant foulée, admirer avec lui ces arbres qui nous avaient protégés, redécouvrir le van et son bonheur peint en jaune à ses côtés : chaque pas devenait nostalgique, presque douloureux. j'entendais encore nos rires caresser la cime de nos chênes centenaires et devant moi, les cendres de notre dernier feu s'éparpillait toujours dans la pelouse fleurie.

- hyuck ?
j'ai tourné ma tête vers mark, qui me regardait depuis la porte du van. le soleil levant s'échouait dans ses cheveux corbeau et sa peau presque translucide se mariait doucement avec la peinture solaire de notre van. et il me semblait avoir déjà vu cette image cent fois.

le soleil se lève, je regarde les étoiles me dire au revoir. soudain, mon surnom résonne dans la clairière encore endormie. et je souris, parce que ça ne peut être que lui. alors, nous échangeons le premier regard de la journée et chaque heure qui passe se grave au silex des souvenirs aussi précieux que la dentelle. et nos yeux rient, pétillent. vivent.
mais aujourd'hui, il n'y a que les larmes qui me montent.

- mark, je crois que ça va pas bien finir.

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bonjour ! comment vous allez ?
désolée de pas avoir posté hier, j'ai fini super tard et le chapitre était vraiment pas prêt alors j'ai préféré repoussé et vous poster quelque chose de 'bien' (même si je suis pas vraiment satisfaite...)
j'ai aussi une question pour le prochain chapitre (que j'ai pas commencé à écrire d'ailleurs) : est-ce que vous préférez un gROS chapitre (genre 2000 mots et plus) ou deux chapitres de la taille habituelle ?
si vos choisissez les deux chapitres, il risque de pas y avoir grand chose dans le tout prochain (je trouverai quelque chose à raconter haha)
la mauvaise nouvelle c'est qu'après la publication de ce gros chapitre ou de ces deux petits...

il ne restera plus que l'épilogue 。゚(`゚)゚。

merci d'avance de vos réponses !
Hina ⁎⁺˳✧༚

ー le blues du businessmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant