Il est une heure du matin mais je crois bien être décidée à faire une nuit blanche aujourd'hui. Ce que vient de me révéler Grey tourne encore dans ma tête. Zeleph a tué le petit frère de mon ami. Le frère de Natsu a tué un enfant. Je savais qui était Zeleph Dragneel. Mais jamais, je n'aurai pensé qu'il aurait aussi été capable de tuer un enfant.
Je l'avais déjà rencontré une fois en venant chez Natsu. Il avait un air fatigué avec des cernes sous les yeux mais il m'affichait toujours un doux sourire. Si j'avais su ce qu'il faisait, jamais je ne lui aurais retourné ses sourires. Zeleph Dragneel a fait la Une des journaux pendant un an, enfin, ses faits surtout. Ce garçon est un meurtrier. L'un des plus grands tueurs en série de l'histoire. Une fois par mois, toujours le même jour, on retrouvait le cadavre d'une femme dans des poubelles. Lorsqu'on a demandé à Zeleph pourquoi il avait fait ça, il répondait simplement : « le sang sur leurs visages les rendaient bien plus belles ». Lorsque son frère a été arrêté, Natsu s'est complètement effondré. Je suis restée à ses côtés tout le long de son malheur, je suis restée et l'ai soutenu. J'ai encaissé ses coups de gueule, l'ai forcé à manger avec Igneel alors qu'il ne voulait pas, l'ai obligé à sortir de son lit. Je suis restée à ses côtés envers et contre tout.
Et il a tout foutu en l'air sans aucun état d'âme.
Je pose mes doigts sur mes lèvres, là où la bouche de Grey s'est posée. Il m'a embrassé. Ou je l'ai embrassé, je ne sais plus. On s'est embrassé. J'ai profité de lui. Je l'ai embrassé sans sentiments. Et j'ai aimé ça. J'ai aimé profiter de lui. Je suis horrible... La lueur qui a brillé dans ses prunelles alors que je m'écartai de lui m'a, en revanche, brisé le cœur. Un étau est apparu, m'enserrant la poitrine alors qu'il m'interrogeait du regard sur le pourquoi de l'arrêt du baiser. L'étau a entouré mon cœur et l'a serré presque à l'en faire exploser alors que j'esquivais lâchement sa demande d'explication quant à notre geste. Je suis horrible...
Je soulève la latte de plancher et en sort une petite boîte. Une petite boîte que je n'ai jamais ouvert depuis trois ans, lorsque je l'ai refermé. J'en sors un petit billet de cinéma avec écrit : « Les poupées de Nothingking ». Je me souviens de cette sortie, notre première sortie depuis que nous nous étions mis ensemble. Nous étions allés au cinéma. Voir un film d'horreur, pour mon plus grand plaisir. Youpi... J'avais ramené mes genoux contre ma poitrine et me mordais la lèvre pour étouffer mes cris d'effroi. J'étais super heureuse de faire une sortie avec lui et je priais pour ne pas tout gâcher en hurlant comme un cochon qu'on égorgeait.
Mais cela ne s'était pas déroulé comme dans les films à deux balles où le mec super baraqué qui n'a peur de rien prend sa petite copine toute effarouchée dans ses bras pour lui masquer tout ce sang qui pourrait souiller son âme si pure.
Là, Natsu aussi était effrayé, il tremblait sur son siège. Il a coulé un regard vers moi et avisant que je n'étais pas dans un meilleur état que lui, il a défait l'écharpe autour de son cou. Il a approché son visage du mien et noué le tissus à écailles devant nos yeux. Nous nous sommes regardés longuement avant de rire le plus discrètement possible et de nous embrasser à en perdre le souffle.
Cette écharpe et ce ticket sont donc reliés à tant de souvenirs de mon passé que je désire oublier.
Je range le ticket dans la boîte et en sort un cadre photo mais... À la photo complétement déchirée en plusieurs morceaux. Elle nous représente, Natsu et moi, en train de nous embrasser. C'est moi qui ai déchiré cette photo et je n'ai aucun remord à l'avoir fait. C'était la seule chose qui a réussi à me calmer, il y a trois ans. Il y a trois ans, lorsqu'il a détruit toute notre histoire en quelques instants, lorsqu'il a anéanti tous les efforts que j'ai fais pour le remettre sur pied, lui faire oublier son frère.
Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Ce jour qui bouleversa ma vie, notre histoire. Ce jour était l'anniversaire de nos un an. De nos un an de couple. Car oui, je peux le crier haut et fort, j'étais en couple avec Natsu alors que j'étais en troisième. J'ai vécu toutes mes premières fois avec lui.
Mon premier copain.
Ma première sortie en amoureux.
Mon premier baiser.
Ma première fois. Ma véritable première fois. Première qui fut la plus belle nuit de ma vie.
Et ma première peine de cœur.
Cela faisait un an que nous étions ensemble. C'était une date importante pour moi. On avait rendez-vous ensemble le soir, pour fêter ça. J'avais voulu lui faire une surprise. Ce fut une grossière erreur. Je m'étais approchée de sa chambre, sachant qu'à cette heure il somnolait après avoir bossé longuement sur ses devoirs, voulant se plonger dans ses études pour oublier les crimes de son frère. Mais malheureusement, ce ne fut pas de discret ronflement que j'entendis. Mais des soupirs, de longs gémissements et des grognements rauques.
J'ai violemment ouvert la porte. Pour voir exactement ce que je m'attendais à trouver.
Natsu, nu, au-dessus d'une jeune femme plus âgée que nous –tout juste majeure, je dirais– qui plantait ses longs ongles dans ses omoplates tout en lâchant des gémissements de plaisir.
J'ai alors poussé un long hurlement et me suis enfuie en courant, pleurant à chaudes larmes.
Je range rapidement le cadre dans la boîte avant de la refermer brusquement, presque comme si un diable s'apprêtait à sortir. Je n'aime vraiment pas cette boîte. Je la déteste. Je la hais. Elle me force à me rappeler de cette période que j'aimais tellement, à me rappeler ce passé qu'on a fait voler en éclats.
Je range la boîte sous le plancher et attrape le cadre photo de ma mère. Je le pose devant moi avant de me pencher de nouveau dans ma cachette pour attraper une certaine lame.
Ma lame.
Ma meilleure amie.
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Maman... Tu peux me dire pourquoi ? [terminé]
Fanfiction- Je suis désolée... - Pas autant que moi. - Putain... Qu'est-ce que je vais faire si elle meurt ?! Je m'appelle Lucy Heartfilia. Et cette histoire... C'est celle de ma vie. J'ai traversé des épreuves, j'en ai surmonté tandis que d'autres m'ont enfo...