18. LUCY

2K 150 27
                                    

Mon téléphone sonne brusquement, déversant ma musique dans toute ma petite chambre.

"Save-me. Save-me. Please. Break-me. No, save-me. Save-me, please. Save-me myself."

Je sors ma main de mon matelas et tâtonne dans tous les sens, cherchant ce maudit appareil. Lorsqu'enfin, je le trouve, je décroche immédiatement.

— Allô ?

— Lucy, c'est bien toi ?

— Grey ? Mais... Comment tu as eu mon numéro ?

— Qu'importe. Je suis en bas de ton immeuble. Je t'attends.

— Comment ça, qu'importe ? Bien sûr que si ça importe ! Et tu m'attends, je répète. Mais tu m'attends pour quoi ?

— Pour aller au lycée, idiote. Allez, dépêche-toi ou on va être en retard !

Il raccroche. Attendez... Comment ça être en retard ? Je regarde l'heure. Oh sa maman le crustacé... J'ai oublié d'activer mon réveil. Il est 7h40. Et j'ai quinze minutes de trajet à pied. Et je ne peux pas jouer du violon près de la fontaine. Mais c'est pas possible ! Je me lève vivement. Je retire mon tee-shirt et mon short qui me servent de pyjama, enfile un sweat gris informe avec un pantalon noir et une paire de chaussettes. J'attrape ma brosse à cheveux, un élastique et une paire de chaussure avant de fourrer un quignon de pain dans ma bouche. Je lance mon sac sur mes épaules et descends les escaliers quatre à quatre, manquant de m'étaler un bon nombre de fois. J'essaye de grignoter mon morceau de pain tout en passant ma ceinture dans les boucles et en cavalant à toute allure.

  

J'arrive donc devant Grey, rouge et essoufflée. Je l'arrête alors qu'il s'apprête à me faire la bise. Je l'attrape par le bras et me mets à courir, l'entrainant à ma suite juste après avoir rapidement enfilé mes chaussures. Très vite, je lâche le poignet de mon ami pour m'occuper de mes cheveux indisciplinés. Je râle en essayant de me faire une pauvre queue de cheval car des mèches blondes viennent me fouetter le visage.

— Attends.

Grey récupère la brosse que j'hésite à jeter au sol sous la frustration et se rapproche de moi.

— Ça ne va pas être parfait parce qu'on court mais je vais faire de mon mieux.

Il attrape mes cheveux dans une main avant de les brosser puis de sélectionner quelques mèches pour les assembler ensemble. Je ne peux m'empêcher de rougir chaque fois que ses doigts dérivent sur mes joues à cause de notre allure saccadée ou parce qu'il récupère une pointe rebelle.

— Tu sais que sous le soleil, tes cheveux semblent fait d'or et que les lumières qui apparaissent sur ton corps te rendent encore plus belle.

Là, mes joues doivent être en fusion tellement elles rougissent. Sans mon accord bien sûr.

— Allez ! C'est terminé !

Le lycéen accélère le rythme pour se placer devant moi et ouvre l'appareil photo de son téléphone dont il tourne l'objectif vers moi. Je retiens mon souffle avant d'afficher un énorme sourire.

— C'est magnifique !

Je ne sais pas comment il a réussi à discipliner mes cheveux en pleine course mais il est parvenu à me faire une tresse en épis d'une justesse impeccable. Tout est parfaitement droit, sans aucune mèche qui dépasse. C'est parfait. Mais je vois l'heure sur son portable. Je lâche un petit cri avant de presser le pas. Je lui pose un petit baiser sur la joue pour le remercier d'avoir réussi à me coiffer et lui reprends le poignet pour l'entraîner à ma suite. J'ai beau avoir de l'endurance, je ne suis pas une très bonne coureuse alors Grey a tôt fait de me rattraper et très vite, c'est lui qui me tire.

Maman... Tu peux me dire pourquoi ? [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant