Je passe une main dans mes cheveux sombres et pousse un soupir en lançant un coup d'œil à Natsu. J'ouvre doucement la porte de l'appartement et on y pénètre. Je ne vois personne dans la pièce à vivre alors j'écarte le rideau séparant la chambre de Lucy. Oui, elle est bien là, dos à moi, regardant la ville par sa fenêtre.
Et Natsu et moi ne pouvons-nous empêcher de retenir notre souffle face au tableau qui s'affiche devant nous.
Elle tient son violon à bout de bras et l'archer dans l'autre main.
Le soleil qui décline renvoie une lumière orangée à travers la vitre, inondant la petite chambre. Les cheveux de Lucy brillent de mille feux, on dirait vraiment qu'ils sont tressés de fils d'or. Sa silhouette fine se découpe dans la lumière du coucher du soleil. Elle s'est habillée d'une robe fluide d'un blanc immaculé dont les pans se plient et se déplient autour d'elle à chacune de ses respirations. Même la robe est baignée de halos de lumières oranges et roses.
Elle est belle... Si belle mon ange...
Elle ouvre sa fenêtre en grand et se penche. Je me précipite aussitôt sur elle pour la retenir de faire une bêtise mais Natsu me devance et au lieu de la saisir par la taille comme je l'aurais fait, il plaque sa main sur sa bouche.
— Tu as besoin de crier, de te libérer, lui chuchote-t-il. Mais tu as un autre moyen de t'exprimer.
Il lui prend le violon des mains pour le caler contre l'épaule de la jeune fille, posant ses doigts sur sa joue pour lui faire incliner la tête afin de maintenir l'instrument. Il prend son poignet afin de le positionner pour que l'archer soit sur les cordes.
— C'est ça, ta façon de t'exprimer.
Il se recule et Lucy commence à jouer, dos à nous. Comment... Comment est-ce possible de jouer aussi bien sans aucune partition, juste en se fiant à ses envies ? Lucy oscille de droite à gauche, en rythme avec la mélodie. Ses yeux sont fermés, ses lèvres entrouvertes. Mon cœur se serre. Jamais vision ne me parut plus belle. C'est donc cela vivre complètement sa musique.
Soudain, un cri interrompt Lucy dans sa composition.
— Mais va le brûler ce violon !! Tu fais trop de bruit !
Aussitôt, je me précipite à la fenêtre et hurle en direction de l'immeuble voisin.
— Ta gueule ! Cette musique est sûrement la plus belle chose que tu aies jamais entendu !
— Ferme-la ! C'est pas mon style, connard !
— Tu veux du rap, c'est ça ?! T'inquiètes qu'on va-t'en fournir du rap !
Énervé, je prends le poignet de la blonde pour lui faire reposer son violon dans son étui. Je m'approche de ma valise que je n'ai pas déballé lorsque je me suis « installé » chez elle et en sort deux enceintes d'une certaine taille ainsi que deux micros. J'installe les deux enceintes sur le rebord de la fenêtre, face à la rue.
— Grey, qu'est-ce que tu fais, me demande Lucie, inquiète.
— On va rapper.
— De quoi ?!
Je ne répète pas et lui tend un micro.
— Tu as le tien et Natsu et moi partagerons le deuxième.
— Mais... Je dois faire quoi ?
— Tu rappes. Tu dis ce que tu veux. Ce qui te passes par la tête. Vis la musique, Lucy. Comme tu sais si bien le faire d'habitude.
Je lui embrasse la joue avant d'allumer les micros.
— Hey ! Vous avez intérêt à tous bien tendre l'oreille, je hurle. De toute façon, même sourd, vous l'entendrez. Ce sera notre musique, notre rap, notre son, nos paroles, nos mots, nos vies. Et toi, l'autre dont je connais pas le nom, c'est ça du vrai rap ! Un texte qui a une histoire !
Je lance l'instrumentale sur mon téléphone, une composition que Natsu et moi avions tous deux enregistré, lui à la guitare et moi au piano. C'est une mélodie assez douce dont les phrases musicales se croisent et s'entrecroisent.
Je pointe Lucy du doigt.
— 1, 2, 3...
Et sa voix s'élève, annonçant le début de notre chanson.
Lucy : Des fantômes, des fantômes tout autour de moi.
Ils m'interdisent de parler, ils me font taire, je n'ai plus de voix.
Ils m'entourent, ils m'encerclent, ils m'ont coincée dans une rue.
Je ne veux pas qu'ça recommence, je préfère qu'ils me tuent.Moi : Toutes ces parts d'ombres cacher en toi.
Je souhaite juste t'aider, je suis ton allié, il faut que tu me croies.
Je m'approche, tu me fuis, mais souviens-toi que je ne suis pas eux.
Reste avec moi, il ne te sera fait aucun mal, tous les deux nous serons heureux.Lucy : Ils ne sont pas là, ils ne sont plus là, pourtant je les vois.
Mon p'tit cœur, mon p'tit organe, ils le broient.
Je veux te croire mais tu t'éloignes de moi, je suis incapable de suivre le rythme de ton pas.
Tu n'es pas comme eux mais qu'est-ce qui me prouve que lui ne l'est pas ?Natsu : Lorsque tu me regardes, est-ce leurs visages que tu vois à ma place ?
Tu trompes ma belle, et à force de s'enfoncer sous l'eau, on boit la tasse.
Je souhaites ramasser les fragments de ta vie, j'suis sûre que ça te fera le plus grand bien.
J'ai fait des erreurs, j'en suis conscient mais moi, ton p'tit cœur, je le conserve dans un écrin.Lucy : Tu parles, tu parles mais tu m'as déjà blessé maintes fois.
J'ai essayé, je te jure que j'ai essayé de te pardonner, j'ai essayé d'oublier.
Mais si tu savais combien tu m'as fait souffrir, continuerai-tu à me côtoyer ?
Tu sais, toi aussi tu es un des fantômes, tu en es même le roi.Moi : Ma belle, si tu savais tous les non-dits qui flottent entre nous trois.
Ça me fait mal, ça me fait mal de l'avouer mais il arrive à t'aimer autant que moi.
Il est peut-être un fantôme mais il est le fantôme qui t'as aidé, le fantôme qui t'as pleuré.
Je suis un garçon amoureux de toi et il est le fantôme qui n'a jamais cessé de t'aimer.Lucy : Des fantômes, des fantômes. Ils se fondent dans le noir, ils sont si près.
Des fantômes, des fantômes. Ils sont vraiment rusés, si tu savais comme ils m'ont brisée.
Ils me surveillent, ils guettent le moment de reprendre là où ils se sont arrêtés.
Je passe mon temps à les fuir alors penses-tu que c'est le moment de me faire croire des absurdités ?Natsu : Absurdités ? Crois-tu vraiment en ce que tu dis ?
Crois-tu vraiment qu'on se serait ainsi dévoiler à toi pour simplement passer pour des idiots ?
Certes on est juste en train de rapper mais si tu savais toute la vérité qui se trouve derrière ce morceau.
Et oui ma belle, on peut dire ce qu'on en veut, on t'aime tous les deux à la folie.
L'instrumentale s'arrête au dernier mot de Natsu et soudain, on entend un tonnerre d'applaudissements. Toutes les personnes présentes dans les immeubles d'en face nous applaudissent. Ils nous ont tous entendus, ils nous ont tous écouter, ils nous ont tous aimer.
Je regarde Lucy, à ma droite. Elle est à la fenêtre mais elle a le visage fermé, sans expression, vide. De plus, ce ne sont pas les autres habitants du quartier qu'elle regarde, non. Elle suit juste du regard une personne sur le trottoir qui est dos à nous. Elle ne l'appelle pas, elle le fixe juste.
Elle le fixe jusqu'à que ses cheveux roses disparaissent dans un coin de la rue.
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Maman... Tu peux me dire pourquoi ? [terminé]
Fanfic- Je suis désolée... - Pas autant que moi. - Putain... Qu'est-ce que je vais faire si elle meurt ?! Je m'appelle Lucy Heartfilia. Et cette histoire... C'est celle de ma vie. J'ai traversé des épreuves, j'en ai surmonté tandis que d'autres m'ont enfo...