Maman... Tu peux me dire pourquoi ? [terminé]

21. LUCY

Je le feuillette rapidement, n'attardant pas mon regard sur la moindre page afin de faire une rapide inventaire dans ma tête.

Le carnet est rempli sur environ les trois quarts de ses feuilles.

Il est recouvert de texte, de partitions et d'innombrables dessin.

Je crois... Je crois que Natsu, note, écrit compose toutes ses idées, ses pensées. Il les regroupe dans ce carnet.

Je contemple alors ce petit livre brun comme si c'était la chose la plus précieuse et la plus fragile du monde, comme si elle risquait de se briser au moindre courant d'air. Entre mes mains, je tiens ce qui peut s'apparenter au reflet de l'âme de Natsu.

  

Je ne fais pas plus d'analyse et me précipite sur la première page, qui s'avère être un texte, et le dévore.

  

« Je suis vraiment obligé d'écrire dans ce carnet ? Je dois vraiment y noter, y dessiner tout ce qui me passe par la tête ? Mais... Et si je n'ai pas envie ? Et puis... Ça va me servir à quoi de toute façon ? Mais si je pose cette question à voix hautes, on va me répliquer tous ces blablas habituaux.

En fait, je crois que je viens de comprendre à quoi sert ce carnet. Il sert à ôter toutes les questions qui me passent par la tête afin de les noter mais ne pas obtenir en retour les réponses que tout le monde me sort.

...

Ouais, en fait non, je n'ai toujours pas compris l'utilité de ce carnet.

Ul m'a dit que je pouvais tout faire dans ce bouquin. Que ce soit écrire, dessiner, composer, gribouiller des notes illisibles. Tout.

Bon, je la revois dans deux semaines et elle m'a dit que je devais essayer de remplir au moins quatre ou cinq pages. Ouais. Autant. En gros, c'est sensé me faire une sorte de journal quoi. Bon, alors autant essayer de gaspiller le plus de pages possibles. Alors, comme tout bon journal, je vais me présenter. Mais il ne faut pas rêver, je ne vais pas le personnifie, ce carnet. Je trouve ça ringard. Un journal n'est pas une personne ! C'est un putain de bouquin dans lequel on écrit !

Bon, après ma prise de gueule, je peux enfin me présenter, comme on le ferait dans un journal de bord.

Je suis le capitaine de ce navire, alias Natsu Dragneel, 15 ans. Je suis en seconde dans un lycée publique. Cheveux roses (pourquoi ?), yeux onyx, beau gosse et plein de modestie ! (absolument pas. Le plein de modestie car c'est vrai que je suis beau).

Je suis beau. Enfin, c'est ce qu'Elle, elle me disait. Elle, elle me trouvait beau. Moi aussi je la trouvais belle. Magnifique même. Elle était parfaite. Mais l'année dernière, j'ai tout merdé. »

C'est la fin de la page alors, je la tourne mais au lieu d'apercevoir la suite du texte, je tombe sur un immense dessin faisant une double page, entièrement au fusain.

Une main couverte de griffures est dessinée, tenant entre ses doigts une magnifique rose en direction d'une autre main, sans aucun défaut celle-ci. Mais cette main n'arrache qu'un pétale de la rose et laisse l'autre main se griffer encore plus avec les épines. Les angles des deux pages sont noircis afin de faire un cercle blanc entourant le dessin alors que le reste des pages est noir.

Je ne dis pas un mot, me contentant de le contempler, admirant la finesse des traits.

Je tourne la page.

Cette fois, le dessin est en couleur. Sûrement de l'aquarelle. Il représente un cœur sanguinolent enserrés dans d'épaisses ronces qui le meurtrissent encore plus.