20. NATSU

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J'arrive dans la salle d'attente, mon visage presque complètement défait. Je suis pâle, les yeux enfoncés dans mes orbites, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude.
Lorsqu'Ul se penche pour voir si son prochain patient, soit moi, est bien arrivé, je la vois écarquiller les yeux lorsqu'elle voit mon allure.
Elle se lève et m'invite à entrer dans son cabinet après m'avoir serré la main.

— Asseyez-vous.

— Non, merci.

Elle me regarde par-dessus ses fines lunettes. Oui, elle met des lunettes. Mais seulement lorsque c'est moi son patient. J'ignore pourquoi mais, chaque fois que c'est moi qui dois la voir, elle enfile ses lunettes. Et j'ai vérifié, il n'y a bien qu'avec moi qu'elle les met. Comme si j'étais le sujet d'un laboratoire qu'on dissèque avec attention.

— Très bien, finit-elle par soupirer. Alors, déjà, sachez que je ne m'attendais pas à votre appel. Et j'ai accepté d'avancer le rendez-vous seulement parce que votre voix était désespérée. Je n'aime pas avoir un rendez-vous avec seulement une semaine d'écart. Je trouve que cela fait trop pour le patient. Mais maintenant que je vois votre visage, je ne le regrette pas. Mais pouvez-vous m'expliquer la raison de votre expression ?

Je la fixe, le regard vide, sans expression. Puis je baisse la tête et je chuchote.

— C'est ma faute...

La femme aux courts cheveux noirs se penche en avant, me regardant par en-dessous.

— Qu'est-ce qui est de votre faute ?

Je ne dis rien, mais brusquement, je rentre dans une rage folle. Sans réellement savoir ce que je fais, je m'empare du vase sur la table basse à ma droite et le lance au sol. Il explose en mille morceaux, la terre se répand au sol et la fleur rose s'écrase.

Ul se redresse d'un bond.

— Natsu !!

Mais je m'empare de sa trousse qui repose sur son bureau et la vide sur le sol.

— Elle a été violée !!

Elle se rassoit et me contemple ravager son bureau. Je donne un coup de pied dans la table basse qui tombe au sol.

— Elle a été salie !!

Puis je m'attaque aux fauteuils. À ces deux fauteuils que je hais plus que tout. Je les jette au sol et m'acharne dessus, y plantant mes ongles, y lançant mon pied. J'abime le faux-cuir, le rembourrage sort par endroit. Je hais ces fauteuils. Je les hais plus que tout.

— C'est ma faute !! Je me hais !!

Je donne un dernier coup dans un des fauteuils.

— Je me hais autant que je hais ces maudits fauteuils !!

Ul ne me dit rien. Elle reste toujours dans son mutisme. Elle me regard faire ma crise, sans un mot. Ça... Ça l'amuse hein ? Ça l'amuse de me voir devenir fou, hein ? Après tout, elle se dit qu'elle va pouvoir gagner encore plein d'argent car je ne suis pas près de « guérir ». Que je vais encore venir la voir bien des fois. Elle... Elle m'énerve. Elle se réjouit de mon malheur. Car ainsi, elle pourra s'en mettre plein les poches. J'en ai marre. J'en ai marre d'elle. Je la déteste.
Je la hais.

Alors, le regard fou, je m'approche d'elle, les éclats de verre craquent sous mes chaussures. Lorsque je suis à quelques centimètres d'Ul, je tends les bras, un horrible sourire sur les lèvres.

Mes mains enserrent son cou.

S'y referment.

Et soudainement, elle lève vers moi ses grands yeux sombres et ses lèvres rosés articulent des mots. Les seuls mots qui peuvent à la fois me rendre la raison ou me faire devenir complètement fou.

Maman... Tu peux me dire pourquoi ? [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant