34 : Voyage avec un Mage

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Nous avions voyagé toute la journée et ne nous étions arrêtés qu'une demie-heure pour le repas. Et même si la créature était plus confortable qu'un cheval, je fus soulagée de voir le soir tomber et d'entendre Alexei me proposer de nous arrêter pour la nuit.

À peine étions-nous descendu de son dos, que Kater repris la forme d'un petit serpent et fila à toute vitesse entre les hautes herbes. Alexei observa l'endroit. Nous étions en haut d'une colline et il n'y avait à peu près rien pour s'abriter. Je me demandai pourquoi il avait choisi cet endroit qui était incroyablement vide pour établir un campement. Alors que j'allais lui poser la question, il tapa du pieds et des plaques de pierres sortirent du sol pour nous faire une sorte de tente.

Je le regardai faire, surprise. Il traça deux fenêtres dans les parois de la tente et alla cueillir de longues herbes pour en tapisser le sol de l'abri. Ceci fait, il me regarda, comme se rappelant  que j'étais là.

- Mhm... Tu me trouverais du bois pour le feu ?, fit-il comme s'il ne savait pas bien quelle tâche me donner

- Oui, tout de suite !

Je m'éloignais donc, à la recherche de quelques branches et m'aperçus bien vite que sur la colline elle-même, il n'y avait rien de tout ça. Je dus donc descendre en contrebas pour récupérer des branchages au pieds des rares arbres que je trouvais. 

Je ramenai donc ma trouvaille à Alexei qui m'indiqua donc où les poser, tandis qu'il créait un escalier de pierre menant à une plateforme en hauteur qu'il avait fait durant mon absence.

- Pourquoi ceci ?, demandai-je tout en organisant un feu comme je pouvais

- Pour les tours de gardes. Vu l'attaque de la nuit dernière, je préfère m'assurer que personne ne cherche à nous attaquer. D'autant plus que tu es avec moi, donc c'est double peine si on se fait choper.

Il monta en haut pour tester la solidité de sa construction et le point de vue qu'offrait la plateforme, puis redescendit.

- Donc, ce soir on va faire des tours de gardes. Tu préfères prendre le premier ou le second ?

- Euh.... j'ai plus de facilités à me coucher tard qu'à me lever tôt, donc... le premier plutôt.

- Très bien, on fait comme ça.

Il me tendit un briquet à silex.

- Tiens, je te laisse allumer le feu, je m'occupe de voir si y a pas de quoi manger dans le coin. J'ai bien des provisions, mais ce n'était pas prévu pour deux à la base, donc si on peut trouver de quoi compléter, c'est mieux.

J'acquiesçai et pris le briquet. Je le regardai partir avant de m'atteler à allumer le feu. Il avait l'air de voyager souvent, et il semblait avoir eu des compagnons de voyage par le passé, au vu de l'aisance avec laquelle il s'organisait. Ce qui était sûr, c'est que voyager avec lui était quand même plutôt pratique. Nul besoin de trouver un abri, lorsqu'on pouvait en faire sortir un de terre.

Tandis que j'observai rêveusement les flammes danser, Alexei revint avec quelques poissons.

- Il y a une rivière à quelques mètres en bas. J'ai pu pêcher de quoi nous nourrir pour ce soir. Comme ça, on aura suffisamment de provisions demain.

- Cool !

- Tu sais vider un poisson ?

Curieusement, je savais. Ma grand-mère s'était sentie obligée de m'apprendre ça la première fois que j'avais voulu cuisiner avec elle. J'avais 8 ans, et ça m'avait un peu traumatisée, mais c'était tout de même bien pratique de savoir préparer un poisson. Nous vidâmes donc les quelques poissons qu'Alexei avait ramené, avant de les cuisiner.

Après avoir mangé, nous discutâmes un peu.

- C'est comment, là-bas ?, demanda soudainement Alexei

- Où ?

- Chez les rebelles. Je n'ai jamais su à quoi ressemblait leurs planques. C'est bien ? Comment est l'organisation ? Vous avez du temps libre ou vous êtes plus militaires ?

- Oh.. C'est... grand. Dans le QG que je connais en tout cas, c'est taillé dans une montagne. On a même quelques terrasses de pierres qui donnent une vue magnifique sur l'extérieur. Les dortoirs sont plutôt confortables et les gens y sont sympathiques.... enfin... certains moins que d'autres, mais l'ambiance en somme est plutôt sympa. Pour ce qui est de l'organisation, on a des entraînements et des corvées obligatoires, mais on a du temps libre tout de même. Certains travaillent en permanence, comme les infirmiers ou les cuisiniers.. d'autres, comme moi, s'entraînent en attendant d'être envoyés en mission. C'est.. plutôt agréable comme vie... on en oublie presque qu'on mène une guerre contre le Tyran.

Il réfléchit quelques instants, assimilant mes paroles.

- Mhm, effectivement ça a l'air paisible... Loin de ce que j'imaginais.

- Tu imaginais quoi ?

- Quelque chose de moins agréable. Sur ce, je vais me coucher, annonça-t-il en se levant, Réveille-moi quand c'est mon tour et n'oublie pas d'éteindre le feu. Bonne nuit !

Il se dirigea vers la tente et s'y coucha. De mon côté, j'attendis d'entendre sa respiration ralentir puis j'éteignis le feu et grimpai sur mon observatoire.

La nuit s'annonçait douce.. mais lente.

La Tyrannie de l'Oeil d'OrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant