La Tyrannie de l'Oeil d'Or

49 : Open up my eyes

J'ai été abandonnée... je.. je savais ce que je risquais alors... pourquoi ça me fait si mal..? Je savais depuis le début qu'ils n'hésitaient pas à abandonner ceux qui ne leur servaient plus...

Mais... je leur servais, n'est-ce pas ? Je.. J'étais la seule Voyante qu'ils avaient alors pourquoi..?

. . .

Le Faucheur... ils ont vu qu'il m'avait mordu, hein..?  C'est pour ça que je ne leur sers plus. Je n'étais un élément essentiel qu'en tant que Voyante. Dès lors que je perds ce don, je ne suis plus qu'un élément sacrifiable.

C'est drôle... je n'aurais pas cru que ça me ferait si mal...

Je devrais être heureuse... au moins Helena était en sécurité avec Xen... mais... c'était trop amer.

Je pensais pouvoir me contenter de ça... comment sa survie peut-elle m'être si amère ? Je... j'avais voulu la sauver... je ne devrais avoir aucun regret... Et pourtant...

Pourtant une colère sourde emplissait mon coeur. Accompagné d'un amer sentiment de trahison. J'étais coincée entre la conscience et l'inconscience depuis ce qui me semblait une éternité. Etais-je morte ? Je ne sentais pas mon corps, je n'étais qu'un esprit errant dans une dimension de vide. J'étais coincée, à ressasser ma haine, sans pouvoir effectuer ma vengeance. 

Vengeance ? Je ne devrais pas vouloir me venger... je me suis mise là-dedans toute seule... et pourtant... au fond de moi j'espérais que tout se termine bien. J'espérais pouvoir faire comme tous ces héros de livres, qui réussissent parce qu'ils pensent très fort à leur amis. Heh... quelle déception.

Tu n'es pas une héroïne, Alexie. Tu n'es qu'un personnage sacrifiable. Quelqu'un qui ne verra pas la fin de l'histoire.

Personne n'était venu m'aider, personne. Et... ça faisait un mal de chien. Qu'importe la manière dont je le voyais, je me sentais trahie. Moi qui avais toujours cherché à sauver tout le monde...

Mais tu ne peux pas sauver tout le monde. Tu ne peux pas te sauver toi-même.

J'avais sauvé Eril l'informateur, Alexei, Helena... j'avais sauvé la peau de tout le QG en prévenant de l'arrivée du Tyran, deux fois. J'avais sauvé le cul à Dafney qui n'avait pas été capable de me rendre la pareille. Cette enflure n'avait fait que me laisser en arrière. Aucun de ceux que j'avais sauvés ne m'avait rendu la pareille. 

La réalité est souvent décevante...

Ma colère et ma haine pour Dafney ne faisaient que grandir. Mon coeur était meurtri de déception et de trahison, mon âme criait vengeance. Je me fichais pas mal de cette guerre entre le Tyran et les Aiguilles. Aucun d'eux ne méritait la victoire. 

Je me sentis happée. Ma conscience sembla retrouver son corps. La douleur revint, et je sentis quelque chose de chaud couler sur mon visage. Je n'arrivais pas à bouger mais une voix me parvint.

- Chut... n'essaie pas de bouger, murmura-t-elle avec douceur, ton corps ne s'est pas encore remis.

J'étais incapable de placer un visage sur cette voix, mais une chose était sûre : elle m'inspirait une haine profonde.