La Tyrannie de l'Oeil d'Or

10 : Préparation

Je ne vis pas Helena de la journée. Cependant, en me baladant et tendant l'oreille, je pus en apprendre plus sur son départ. Elle partirait en charrette à l'aube. La charrette la déposerait en ville et à partir de là elle devrait se débrouiller. Elle n'aurait d'aide ni pour le vol ni pour le retour.

Je pourrai me cacher dans la charrette si je souhaitais l'accompagner... mais il faudrait être très discrète et très précise quant au timing à respecter pour en descendre. Je soupirai, dans quoi je m'embarquais ? Il était encore temps d'abandonner, mais... quand je pensais à Helena qui était envoyée en mission, je me dis qu'au fond c'était pas si terrible... Je voulais juste m'assurer qu'Helena irait bien.

Je n'étais pas la plus experte en mission ou en combat et je ne connaissais rien à ce monde. Mais si Helena se retrouvait dans le pétrin, mieux valait que j'essaie de l'aider plutôt qu'elle soit seule pour s'en sortir. Il me faudrait utiliser toutes mes compétences de ninja accumulées au fil de mes escapades à la cuisine en pleine nuit. Sauf que là, si je me faisais prendre, je risquais un peu plus que simplement un sermon de ma mère. Je me mordis à lèvre à cette pensée. Qu'est-ce que je risquais exactement ?
Après m'être passé en revue les pires scénarios, je me dis que faire l'autruche était une bonne idée et qu'il valait mieux ne pas savoir. Après tout, il me suffirait juste de ne pas me faire attraper. Il ne pourrait rien m'arriver si personne ne savait. 

Sans plus de préparatifs, j'attendis la nuit et, après avoir piqué la seule arme que j'avais pu trouver (la dague de Xen... pardon Xen, c'est pour la bonne cause), je pris une miche de pain et commençais mon numéro d'espion. Tout d'abord, rejoindre la charrette qui transporterait Helena. Quelques gardes traînaient dans les couloirs sombres mais beaucoup moins qu'en journée. En usant de tout mon sang froid je pus me glisser sans être repérée... non sans angoisse. 
Arrivée à la sortie, je me glissai dans la charrette et m'enfouis sous le tissu pour ne pas être repérée. La charrette ne partirait pas avant demain, j'avais le temps de dormir un peu.

Un bruit me réveillait le lendemain, ou plutôt durant la nuit. L'aube ne pointait pas encore que j'entendis des rebelles s'agiter autour de la charrette. Ils murmuraient mais parmi les voix, je pus distinguer celle d'Helena. Elle paraissait déterminée et résumait sa mission à une autre personne. L'espace d'un instant, l'angoisse me prit les tripes. Je ne devrais peut-être pas me mêler de tout ça..., me dis-je pendant quelques secondes. Cependant, Helena monta à bord et la charrette se mit en marche, me refusant toute chance de retraite.
Je ne pouvais plus faire demi-tour maintenant.