Chapitre 1

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L'hymne nationale qui accompagnait le vert rouge et jaune qui s'élevait sur le mat, marquait le coup de départ de l'année scolaire 2018. Cette nouvelle année avait un goût particulier pour Mélanie ; se faire titulariser dans le collège privée dans lequel elle enseignait les mathématiques depuis déjà cinq ans ; se voir confier les classes de terminal C et D, une grosse promotion pour elle. Alors écouter ses futurs élèves chanter l'hymne pour la première fois de l'année, failli lui arracher une larme.

Elle était certes émue mais elle savait que sa situation n'était pas encore ça, car si elle avait décidé de travailler dans un collège prestigieux de Yaoundé, au départ, c'était parce qu'en tant que fonctionnaire de l'éducation nationale camerounaise elle n'avait pas encore de salaire mensuel, même si le proviseur du lycée dans lequel elle avait été affectée se débrouillait parfois pour lui payer son transport de Yaoundé vers le village périphérique dans lequel le lycée était implanté.

D'ailleurs en parlant de lycée si elle voulait y être à l'heure, pour pouvoir assister à la réunion de service convoquée par le proviseur, du moins, assister aux dix dernières minutes elle devait partir. Elle allait devoir trouver des manières de jongler entre ses deux emplois de temps, comme elle le faisait depuis trois ans. Elle n'avait pas cours avec ses élèves de terminal se matin donc elle pouvait partir et revenir dans l'après-midi pour se présenter aux élèves de 4ème espagnole B dont elle est le professeur principal.

Elle n'aimait pas l'idée de privilégier son travail au collège par rapport à celui du lycée mais, c'est grâce au revenu que lui versait le Directeur du collège qu'elle pouvait vivre au quotidien et avec sa titularisation elle pouvait espérer une augmentation qui pourrait enfin faire passer son salaire de cinq à six chiffres.

Elle se dépêcha de quitter le collège où l'effervescence de la rentrée était à son paroxysme avec les élèves qui regagnaient leurs salles de classes dans un brouhaha monstre avec des éclats de rire, des cris, des retrouvailles bruyantes et tout ce qui entoure le retour à l'école.

Quitter le quartier Mendong pour rejoindre Nkoabang, pour ensuite emprunter une moto qui la déposerais dans le lycée de Nkolo 3 était un voyage qui pouvait prendre jusqu'à 2h de temps en fonction de la densité de la circulation dans la ville et surtout de combien elle proposait au taxi pour qu'il accepte de traverser la ville avec elle à son bord.

Une fois au lycée, elle confirma qu'effectivement cette année encore elle allait devoir trouver la meilleure formule pour gérer son emploi du temps même s'il lui fallait permuter ses heures de cours avec d'autres professeurs, il était hors de question qu'elle refasse cette distance entre les deux établissements plusieurs fois par semaine, ses économies en souffriraient.

Devant la salle de prof, elle constata avec stupeur, que la réunion était terminée depuis bien longtemps, elle croisa tout de même Mme Mokoe, professeur d'ESF qui était réputée pour ses talons hauts. Grande d'un petit mètre cinquante, elle compensait sa taille en se perchant au quotidien sur des échasses de 15 cm, quand Mélanie elle se débrouillait toujours pour avoir des ballerines ou des sandales plates lorsqu'elle allait en cours, cette quinquagénaire aux cheveux violet arrivait à courir avec ses talons hauts.

- Ah Mlle Madjê, enfin, on vous a cherché !, lança-t-elle en toisant la jeune femme.

- Mme Mokoe...

- Félicitations !

De quoi ?, pensa Mélanie.

- Vous avez les 3ème, les 1ière et professeur principal des 6ème B... elle n'est pas belle la vie ?, ajouta la doyenne des professeurs du lycée d'un ton ironique.

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