En entrant dans sa salle de classe, Mélanie tremblait encore, mais elle ne savait plus si c’était de rage où si cette sensation de tremblement venait d’autre chose. Autre chose qu’elle refusait de nommer et qu’elle ne voulait pas reconnaitre.
Ferdinand avait dépassé les limites ce matin. D’abord dans son bureau, il l’avait troublée en la regardant comme si elle était un morceau de viande, la déshabillant du regard.
Elle ne pouvait pas dire qu’elle avait détesté être face à cet homme visiblement affamé, ça fait un mois qu’il n’a pas eu de femme dans son lit, ou plutôt qu’il en a une qu’il ne peut pas toucher et elle ne l’a pas vu en compagnie d’une autre même s’il faut dire qu’elle n’était pas en permanence avec lui.
Elle ne voulait pas l’imaginer avec une autre femme, pas après avoir ressentit ce qu’elle avait ressentit ce matin quand il l’avait effleurée avec ses lèvres. Elle avait sentit ses entrailles se liquéfier, elle avait coulé comme une glace sous le soleil. Avec sa chaleur, sa présence, son aura et sa bouche, elle avait coulé au sens littéral du terme. En s’enfuyant de son bureau, où elle avait eu la bonne idée de foncer avec une tenue légère, elle avait dû retourner dans la salle de bain pour se rafraichir et surtout changer le shorty qu’elle portait sous sa robe de chambre. Il était fichu !
Elle était fichue, vu la façon dont il arrivait à l’exciter elle était fichue !
Elle fulminait à la fois enragée contre lui, parce qu’il réussit à la faire tremper une petite culotte aussi facilement, contre elle-même pour être aussi faible face lui. Elle n’avait jamais été portée sur le sexe, mais avec lui elle se reconnaissait plus. Il suffisait qu’il pose la main sur ses hanches ou sur son bras pour lui provoquer la chair de pouls, sa voix profonde accélérait son pouls et ses regards, un véritable supplice.
Mélanie reprend toi ! Se sermonna-t-elle intérieurement pendant que ses élèves se passaient les feuilles de composition de la deuxième séquence.
Elle reporta son attention sur ce qui était important en ce moment, ses élèves. Heureusement parce que comme ça elle remarqua quelque chose d’inhabituelle, ou plus tôt quelque chose qui devenait récurent.
- Où est Miss Olama ? demanda-t-elle au chef de classe.
- Elle est absente, répondit un garçon.
- Depuis la semaine dernière elle n’est pas revenue en cours ?
- Non Miss… Madame… Elle n’est pas revenue depuis…
- Et aucun de vous ne connait ce qu’elle a ? Elle est malade ?
Aucune réponse. Cette situation intrigua le professeur, elle n’avait jamais eu ce genre de cas. Il est vrai que les élèves dans les Lycées publiques vivent des histoires parfois précaires mais de là à ce qu’une élève disparaisse complètement sans prévenir sans que personne n’ait d’informations à son sujet c’est assez bizarre.
- Donc personne ici n’est dans le même quartier qu’elle ?
- Elle est dans le quartier de Matip Madame !
Mélanie leva la tête et son regard croisa le regard de son élève, elle y vit une lueur bizarre, elle sut qu’il ne répondrait pas à sa question. Elle décida donc de laisser passer l’épreuve et d’attendre que le moment devienne propice à une petite conversation avec le voisin de son élève portée disparue depuis la semaine d’avant.
- Mr Matip, vous attendez une minute ?
Il laissa tous ses camarades sortir avant de rester seul avec sa prof.
- Oui Madame vous vouliez me voir ?
- Oui… Il parait que vous êtes dans le même quartier que Miss Olama ? C’est vrai ?
Il hocha la tête en se mordant la lèvre inférieure comme s’il ne voulait pas en dire plus.
- Vous avez de ses nouvelles ?, lui demanda Mélanie.
Il secoua la tête. Il mentait, elle le voyait dans ses yeux et sa posture récalcitrante.
- Mr Matip, votre camarade vient de rater une épreuve importante, elle est absente depuis un moment déjà si elle ne revient pas en cours elle sera exclue, pourquoi vous ne me dites pas quel est son problème pour que je puisse l’aider ? Vous voulez qu’elle rate sa dernière année de lycée ?
- Non !
- Alors dites moi ce qui se passe ! Elle a un problème familial ?
- Non…
Il hésita avant de se tourner vers Mélanie.
- Vous ne pouvez pas l’aider Madame ! Personne ne peut aider Olama…
- Comment ça ? Elle est enceinte ?
- Si seulement ce n’était que ça… Elle a disparu ! On a plus de nouvelle d’elle au quartier depuis deux semaines. Sa mère et son père sont venus chez nous pour me demander si je sais où elle est partie, mais moi je ne sais rien…
Le choque frappa Mélanie, elle n’arrivait pas à croire ce que lui disait l’adolescent.
- Disparue ?
- Oui, sa mère est venue voir le proviseur, elle est même allée signaler à la police qu’elle n’a pas vue sa fille depuis des jours… Moi je ne sais rien je ne marchais plus avec elle depuis…
Au son de sa voix, Mélanie comprit qu’il ne disait pas tout, elle voulait essayer de comprendre pourquoi il ne fréquentait plus sa camarade de classe.
- Depuis quand ?, demanda Mélanie guettant ses réactions.
- Je ne voulais plus marcher avec elle ! Elle a trop le gros cœur cette fille…
Il parlait comme si elle l’avait blessé, le regard remplit d’une rage sourde.
- Elle a le gros cœur ?
- Oui comme toutes les femmes !
Ses yeux disaient vous y compris ! Mélanie eut l’impression de lire un reproche pendant que son élève lui parlait.
- Moi aussi j’ai le gros cœur ? Pourquoi Mr Matip ? Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu penses que j’ai un gros cœur ?
- Vous avez quittez votre gars pour épouser un type qui a beaucoup d’argent ! Vous êtes toutes pareilles, lança-t-il avant de sortir de la salle de classe en trombe.
Donc tout le monde au Lycée pensait qu’elle avait quitté son gars pour épouser un gros bonnet ? Et maintenant elle portait des vêtements de marque et était escortée au lycée comme la première dame. Mélanie comprenait que la petite Olama avait repoussé son camarade afin de répondre aux avances d’une personne qui avait les moyens de prendre soin d’elle.
Une personne traversa la tête de Mélanie mais elle n’avait pas de preuve puisque le jeune Matip venait de partir sans lui dire pour qui l’avait quitté son amie. Plus tard dans la salle des profs elle observa celui qu’elle soupçonnait de loin. Il était si serein, qu’elle se demandait comment elle pouvait le soupçonner de quelque chose d’aussi bas ? Qu’est-ce qui avait bien pu attirer cette enfant chez ce type ? Il n’avait rien d’attirant ou de plaisant au regard, rien pour séduire une jeune âme. Mais en l’écoutant parler avec leurs collègues, elle comprit : c’était un charmeur ! Comme Ferdinand, il transcendait les gens avec la force de son aura, sa présence.
La seule chose sur laquelle Ferdinand était plus dangereux par rapport à lui, c’est que Ferdinand est beau et riche !
Ce que ne tarda pas de lui rappeler ses copines avec qui elle avait rendez-vous en fin de journée pour prendre un verre. Elles ne s’étaient plus vues depuis l’ouverture de l’hôtel. Sophie s’était déplacé avec son fils pour Douala, un problème familial à gérer et Caroline avait eut beaucoup de travail donc elles s’étaient finalement donné rendez-vous dans un restaurant à Bastos.
Mélanie n’était pas la première à arriver, ses amies étaient déjà attablées lorsqu’elle est entrée. Aujourd’hui elle n’avait pas essayez de semer les deux hommes qui la suivaient comme son ombre, mais elle avait réussi à leur faire promettre de respecter une certaines distances avec elle pour ne pas trop attirer l’attention. Ils avaient acceptés à condition qu’elle respect sa part du marché.
Une fois devant le restaurant ils avaient décidé de rester dans le véhicule pendant qu’elle rejoignait ses amies.
- Mme Zoa, s’écria Sophie en la voyant arriver. Mince tu es superbe ma chérie !
Elle avait les yeux qui pétillaient en l’embrassant.
- Moi je dirais plutôt que c’est toi qui es radieuse ma puce, on dirait que ton voyage était plus agréable que ce que tu imaginais.
Sophie lui fit un clin d’œil en éclatant de rire pendant que Caroline se levait aussi pour l’accueillir.
- Toi par contre tu as l’air épuisée ma puce, lui dit Mélanie en l’inspectant.
- Trop de travail en ce moment je ne te dis pas ! Cette promotion j’en ai besoin et la compétition est rude dans la boite…
- Ne te tues pas à la tâche pour ça Caro, la conseilla Mélanie en posant son sac à main sur la chaise des sacs avant de s’asseoir sur celle réservée pour elle.
- Waouh… c’est un original ?
Sophie avait remarqué la marque du sac de son amie, elle l’attrapa et se mit à l’admirer la bouche ouverte.
- Ton mari te couvre de cadeau ma fille…
Mélanie grimaça, voilà déjà un mois qu’elle est mariée mais jusque là elle n’a pas encore dit la vérité sur son union à ses amies.
- Je ne comprends pas comment tout ça a commencé, fit Caroline. Une minute tu étais célibataire… enfin en couple avec Karim et le lendemain tu te maries avec Mr beau gosse héritier français…
- Moi-même je ne savais pas qu’elle voyait quelqu’un d’autre que Karim, ajouta Sophie.
- On a beaucoup de chose à se dire !
Caroline avait raison, elles avaient des choses à se dire, mais Mélanie se demandait ce qu’elle pouvait ou pas raconter aux filles.
- Je l’ai rencontré à la même période que je vous ai surpris Karim et toi, déclara-t-elle.
Sophie et Caroline froncèrent les sourcils en même temps, visiblement surprises.
- Vous pensiez quoi ? Que je le connais depuis et je vous ai caché son existence ? C’est mon oncle qui nous a présenté, mon mariage avec Ferdinand est un mariage arrangé !
Caroline parut choquée mais rien de plus. Sophie elle la regardait comme si elle ne la reconnaissait pas.
- Tu es sérieuse ?, demanda Caroline. Attends on commande à boire et tu nous raconte tout ça !
Pendant qu’elle commandait, Mélanie chercha le regard de Sophie qui semblait complètement ailleurs.
- So ? Tout va bien ?
- Hein ?… Oui tout va bien, fit-elle avant de donner sa commande à la serveuse qui était venu vers leur table.
Pendant que cette dernière allait préparer leur commande, Mélanie raconta tout ou presque à ses amies, parlant de la rencontre organisée pas son oncle, le contrat entre Ferdinand et elle, mais en omettant de préciser qu’il l’avait épousé pour prendre la tête de la famille. Elle n’expliqua pas non plus que son mariage s’achèvera dès que son beau-grand-père cassera sa pipe.
- Mon rôle est simple je reste mariée avec lui quelque temps, il paie la dette du papa et aide Charles avec ses ennuis juridique, acheva-t-elle d’expliquer. Donc ne vous habituez pas trop à me voir avec tout ça c’est temporaire.
- Et lui il gagne quoi à être marié avec toi ?
La voix de Sophie au moment où elle avait posé sa question était rauque, pleine d’appréhension.
- Il est un homme publique… il a besoin d’être marié, c’est un signe de responsabilité…, bredouilla Mélanie. C’est bon pour le business !
Elle ne voulait pas trop en dire, elle n’aimait pas mentir à ses amies mais elle n’avait pas le choix.
- Ce type est bizarre ! Il pouvait épouser n’importe quelle fille, pourquoi toi ? Il a l’argent et les belles filles sont remplies dehors…
Sophie se tut se rendant compte que ce qu’elle disait était insultant pour sa copine.
- Ce n’est pas ce que je voulais dire, s’excusa-t-elle.
- Je sais… Je ne serais pas le premier choix d’un homme…
- Non ! Tu es très belle ma chérie tu le sais…
- Les hommes t’ont toujours préférés, lança Caroline en buvant son verre de vin rouge. C’est juste que comme t’as toujours été très sérieuse, ils se rabattaient sur nous… les proies faciles quoi !
Mélanie fut choquée d’entendre ça, elle savait que Sophie ne voulait pas la vexer mais elle n’allait pas croire que les hommes auraient préférés ses rondeurs au teint claire de Caroline ou à la finesse des hanches de Sophie.
Cela dit elles la regardaient avec un œil taquin.
- Pardon… vous blaguez !
- Nous sommes sérieuses… tes fesses ma fille, ils aiment ça !
Elles éclatèrent toutes les trois de rire.
- Ma chérie, commença Sophie en prenant la main de Mélanie. Je me souviens t’avoir expliquez que je n’étais pas fan des mariages arrangés parce que au départ on te dit ce que tu gagnes mais en réalité tu n’auras aucune idée de ce que tu vas perdre !
- Je comprends !
- Soit prudente avec cet homme, il est beau et riche, tu ne sais pas de quoi il est capable ! Mais j’avoue que si j’avais été à ta place j’aurais accepté cette entente…
- Moi mon problème est ailleurs ! Vous allez rester ensemble, mais ton rôle d’épouse c’est seulement en publique ou alors ça continue dans la chambre ?
La flamme qui crépitait dans le regard de Caroline, choqua Mélanie, elle éclata de rire pour chasser la gêne de son visage.
- Caro…
- Non pour ça je suis d’accord !, lança Sophie. Tu ne vas pas me dire que vous n’avez jamais fais l’amour…
- La nuit de noce ?
- Qui a la force de faire l’amour la nuit de noce Caro ? C’est le matin de la noce…, coupa Sophie en donnant une tape à l’épaule de son amie.
- Comment toi tu sais ça ? demanda Mélanie surprise d’entendre la réponse de Sophie.
- Je suppose… vu la fatigue de la journée… Mais tu n’as pas répondu à la question…
La chaleur qui envahit Mélanie face à la curiosité de ses amies la poussa à ne pas leur mentir sans toute fois entrer dans les détails. Elle secoua la tête.
- Nous n’avons pas encore consommé notre mariage, dit-elle en prenant une gorgée de son verre.
- Quoi ?, s’écria Caroline. Tu veux que le type là aille faire ça dehors ?
- Mélanie tu es sure que tu vas bien ?
- Les filles… baissez d’un ton s’il vous plait !
- Non, ne me dis pas que tu as le champagne à la maison mais tu préfères faire la fête avec l’eau ? Mince !
Mélanie éclata de rire, elle ne savait pas où ses amies allait trouver ce genre d’expression.
- Attends ma chérie, il ne te plait pas ?, demanda Sophie l’air dépassée. Peut-être que ce n’est pas ton type d’homme…
- Pour qu’un homme comme celui-là ne lui plaise pas il faut qu’elle soit lesbienne…
Cette fois c’est Mélanie qui s’exclama de surprise.
- Non, s’écria-t-elle. Vous êtes folle ?
- Il ne te plait pas ?
Elle voulait répondre qu’il ne lui plaisait pas mais elle savait que ce serait un mensonge de plus et elle avait raconté assez de mensonge comme ça à ses copines et à elle-même.
- Bien sûr qu’il me plait… Il est à couper le souffle, ajouta-t-elle avec une petite voix, surprise de le reconnaitre à haute voix.
- Et alors tu attends quoi pour… ou alors il n’est pas intéressé ? Il est peut-être homo et il t’a épousé pour cacher ça à sa famille et au monde…
- Sophie, toi et les films que tu tournes dans ta tête, Seigneur !, s’exclama Mélanie.
- Comment tu peux savoir ? Il y a des gens qui se marient pour faire écran comme ça…
- Moi je peux t’assurer qu’il n’est pas homo, coupa Caroline. Il aime les femmes, trop même je connais au moins de 4 filles sur Instagram qui ont pleuré sur leur statut le jour qu’on a annoncé son mariage !
- Ah bon ?
Mélanie fut traversée par une douleur sourde en entendant cela. Non pas qu’elle se soit imaginée que Ferdinand était un saint qui n’avait jamais connu de femme, mais elle avait mal rien que de savoir qu’il avait eut des aventures avec d’autres femmes et qu’il pourrait éventuellement les recontacter puisqu’elle refusait d’être avec lui.
- Ma chérie, mariage arrangé ou pas c’est ton Mari ! Ce qui veut dire que tu dois remplir ton rôle d’épouse ! Donc devoir conjugale oblige, Jessica doit assumer seulement !
- Vous êtes folles !, se moqua Mélanie qui ne les prenait pas au sérieux.
- Non, non, Sophie a raison, Jessica doit assumer… Ecoutez ! Je connais une esthéticienne à coté, elle a une formule spéciale Jessica dans son institut. Si vous n’avez rien à faire de bon on y va tout de suite…
- Bonne idée Caro !, s’écria Sophie en se levant.
- Quoi ? Les filles non…
Mélanie savait que c’était inutile de résister, elles avaient décidé d’y aller elles allaient le faire.
- Attendez les filles prenons la voiture, s’exclama-t-elle en leur montrant le véhicule garé devant le restaurant.
Un des gars qui la suivait partout en descendit et leur ouvrit la portière.
- Tu as un chauffeur et un garde du corps ?, demanda Caroline en dévisageant son garde du corps de la tête au pied avec un œil lascif.
- Caroline entre dans la voiture s’il te plait…
- Okay ! Allons chez l’esthéticienne ensuite si vous avez le temps on pourra aller déguster du vin avec de la viande chez un ami qui vient d’ouvrir un bar grillade…

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Sous-Influence
RomantikMélanie est dans une mauvaise posture elle ne sait pas comment sortir sa famille de la situation critique dans laquelle elle se retrouve. Elle qui a toujours porté les siens, elle est à bout de force où même de possibilités! Mais ça c'était avant qu...