Chapitre 28

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Ferdinand avait la rage il n’avait jamais eut autant envie de défoncer la tête d’une personne comme en ce moment. Quand il avait reçu l’appel de sa belle-mère qui lui disait qu’elle essayait de joindre sa fille depuis le matin sans résultat lui expliquant qu’elle avait un problème à la maison, il pensa tout de suite que le petit-frère de Mélanie avait surement dû se faire prendre dans une situation compliquée, mais en fait cette fois c’était sa sœur.
Il se retrouvait donc ici devant un type qu’il connaissait comme étant le mari de Judith, la sœur de Mélanie et qui se permettait de manquer de respect à Mélanie en la menaçant.
Il ne savait pas ce qui se passait mais il n’allait pas laisser un homme parler n’importe comment à celle qui partageait son lit, sa vie, son nom.
- Vous allez faire exactement ce qu’elle a dit et vous en aller dans la seconde, dit-il calmement à l’autre.
Il avait assez de rage dans la voix pour que le type recule et surtout qu’il comprenne qu’il ne ferait pas le poids face à lui.
Les épaules de l’époux de Judith s’affaissèrent.
- Judith tu es fière non ? Tu as réussi, à me faire humilier, me faire traiter comme le dernier des imbéciles… tu vas comprendre ! tu es là tu ne connais pas utiliser tes dix doigts, j’espère que tu sais que tout ce qu’il te reste c’est le piment…
- Fermes ta bouche salopard !, s’écria Judith avec rage. Tu es un homme ? Si tu es un homme jette encore non ?
Ferdinand n’aimait pas se retrouver au milieu de cette engueulade entre deux personnes qui ont une vie intime dont il n’est pas au courant, mais il ne pouvait pas laisser ce type s’en prendre à sa femme.
- Tu vas finir à Pakita à vendre ça à 2 à 10… pétasse… bande…
Ferdinand fit un mouvement vers l’époux qui recula illico se dirigeant vers son véhicule garé devant la maison familial des Betsem.
- Grand frère je m’en vais, mais avant de partir je voulais te dire que avec ces femmes tu es dans le ndem… dès que ta femme accouche, bon conseil, fait un test… tu as l’argent, fait un test d’ADN ! Elles sont des chasseuses de gros poissons ! Mélanie je n’aurais jamais pensé que toi aussi tu es comme ça, toi qui semblait être une fille sérieuse, je me confiais à toi mais en fait c’est toi qui a appris à ta sœur ce comportement ! Mon argent ne vous suffisait pas ? Tous les mois j’envoyais des centaines de mille, vous n’avez rien fait avec durant des années… Je vous ai nourris, lavé, j’ai tout fait pour vous, ça ne suffisait pas… pour que vous veniez piéger un plus gros poisson… Grand, l’enfant qu’elle porte là ce n’est pas ton enfant ! C’est une panthère déguisée en agneau… une bande de bordelles, des putes de luxe…
- Je vous ai demandé de partir !, lança Ferdinand qui ne tenait plus, avec une voix profonde à peine audible.
C’était une chose qu’il traite sa femme de tous les noms d’oiseaux mais il n’avait pas intérêt à manquer de respect à Mélanie. Il ne savait pas ce que ce type pensait savoir mais il se trompait royalement sur Mélanie.
- Je m’en vais… je m’en vais…
Philippe démarra sa voiture non sans traiter sa femme de prostituée à plus de deux reprises. Ferdinand se tourna vers une Mélanie qui semblait être encore plus enragée que lui, elle avait les poings serrés et plus que cela elle semblait au bord de la crise de nerfs, les larmes menaçant d’inonder ces yeux. Il eut mal pour elle !
- Vas-t’en ! Impuissant, cria Judith en direction du véhicule de son mari qui s’éloignait.
- Judith… tu peux m’expliquer ?, murmura Mélanie qui avait le regard de quelqu’un qui essayait de recoller les morceaux d’un puzzle.
- T’expliquer quoi ? N’est-ce pas c’est ton ami ? Tu prends toujours sa défense ici non ? Défends-le encore !
- J’ai dit ici que si Judith ne me dit pas pourquoi son mari l’a jeté dehors elle n’entre pas chez moi tu as dit que j’exagère, intervint la mère des deux jeunes femmes qui était assise à l’entrée de la maison.
Ferdinand ne savait pas s’il devait intervenir mais quelque chose lui disait quand il regardait Mélanie qu’elle préférait qu’il ne parle pas.
- Maman, pardon !, coupa Mélanie avec rage. Vous me prenez pour un enfant ? Aujourd’hui tu demandes pourquoi Bassong mets ta fille dehors parce que tu ignores ce dont il accuse ta fille ? Moi ce que je veux comprendre c’est d’où il sort cette histoire comme quoi il nous a nourri, comme quoi nous mangeons grâce à lui, je n’ai jamais touché au 5 francs de ce type donc je voudrais comprendre… alors expliquez moi ! De quel argent Bassong Philippe parle quand il dit m’avoir nourri durant des années…
- Tu écoutes quoi ?
- Judith je veux la vérité ! Je ne suis pas folle, s’il a dit ça c’est que c’est vrai… alors expliques moi tant que je suis encore calme, gronda Mélanie.
Ferdinand ne l’avait jamais vu comme ça, elle qui était pour la plus part du temps douce et distante, qui ne se laissait atteindre par rien ni personne elle semblait perdre le contrôle.
- Je dois expliquer quoi ? C’était mon mari, il a le droit de s’occuper de ma mère, non ?
- S’occuper de ta mère ? Mama…
La question était là et vu le visage de sa mère, la réponse était clair.
Mélanie éclata de rire et les larmes envahirent son visage. Ferdinand fit un pas vers elle, mais elle se déroba et se dirigea doucement vers les quelques marches qui menaient à la véranda principale de la maison. Elle s’assit et se prit la tête dans les mains.
- Oui Philippe, me donnait de l’argent par Judith… ce qui est normale pour un beau-fils de s’occuper de sa belle-mère ! Surtout une veuve comme moi ! Donc si ton mari…
- Ne rêve même pas !, s’écria Mélanie en se levant brusquement. Si c’est ça ton plan, ne rêve même pas Mama…
- Mélanie…
- Non, tu ne donneras rien à ma mère Ferdinand ! Rien du tout ! Pendant 7 ans ce type t’a donné de l’argent vous en avez fait quoi ? Il donnait l’argent et moi je me tuais à la tache pour qu’on mange, qu’on paie les factures, l’argent de ton marché on ne voit pas, tu faisais quoi avec ?
- Je…
- Mama tu m’as appelé ici pour faire quoi ? Tu as fais venir mon mari ici pourquoi ? Pour qu’on lui manque de respect et qu’on insulte sa femme devant lui ?
Mélanie se mit à taper des mains.
- Bravo ! Merci pour l’humiliation publique…
- Tu parles d’humiliation publique ? C’est toi qu’on a chassé avec deux enfants ? Ce sont tes sacs qui sont balancés dans la cour de tes parents ? C’est à toi qu’on refuse l’entrée  de la maison de ton père ? Tu viens ici jouer les grandes dames…
- Je ne joue pas les grandes dames ma chère, je suis une grande dame une que tu ne seras jamais !
- Si tu n’épousais pas un homme riche…
- Je l’ai épousé justement parce que je suis une grande dame mama !, coupa Mélanie en se plantant devant sa petite-sœur. Si tu es humiliée aujourd’hui c’est ta faute à toi et toi toute seule !
Mélanie tendit une main vers ses neveux.
- Tu as fais ton lit, tu vas dormir dedans ! Si ta mère refuse que tu entres dans la maison de ton père, moi qui pour venir lui dire ce qu’elle doit faire dans sa maison ? C’est avec elle que vous mangiez l’argent de ton mari non ? Faites ce qui vous plaira…
Elle fit mine de se laver les mains.
- Ce n’est plus mon problème !
- N’est-ce pas ? J’espère que toi aussi tu ne vas pas revenir ici…
- Je ne suis pas toi Judith ! J’ai un  compte bancaire qui porte mon nom de jeune fille… Même si Zoa dit qu’il ne veut plus de moi, mes doigts n’ont pas lâché la craie ! Demande à ta mère si elle manquait de quoi que ce soit, alors que nous n’utilisions pas ton argent… J’espère que vous saurez vous débrouiller maintenant que la banque a fermé !
Mélanie leva un regard triste et déçue sur sa mère qui n’arriva pas à soutenir son regard, puis se tourna vers moi.
- Ferdinand on peut s’en aller ?
- Pute !
Le coup parti avant même que qui que ce soit ne puisse réagir, Mélanie flanqua une gifle puis une autre à sa sœur qui cria de surprise. Mélanie marqua un temps d’arrêt le regard menaçant, la respiration forte, les mâchoires serrées.
- Mélanie arrêtes, fit Ferdinand en la tirant par les hanches.
Il comprenait sa rage mais il préférait l’emmener pour qu’elle se calme.
- Non… Je ne vais pas laissez une ingrate me manquez de respect ! à cause d’elle je me suis faite insulter, je me suis retrouvée malgré moi dans un scandale futile, traitée comme de la merde, elle ne va pas en rajouter en m’insultant ! Je suis ton ainée, rien que pour cela je vais t’apprendre le respect.
- Qu’est-ce qui se passe ici ?, demanda Charles qui revenait apparemment des cours. Bonsoir Tonton Ferdinand !
- Bonsoir Charles…
- Mimie c’est quoi ? Pourquoi tu pleures ?, fit-il en embrassant sa grande sœur avant de se tourner vers l’autre. Judith, tu fais quoi ici avec… Ton mari t’a encore chassé ? Hum… Mama c’est quoi devant la porte !
- Laisses les gens avec les questions !, coupa la mère.
- Il ne doit pas poser de questions quand il rentre et trouve le bordel dans la maison de son père ? Mama, j’espère que tu sais que tout ça, ça c’est de ta faute ! Allons-nous-en s’il te plait !
- Tu es certaine ?
Elle leva un regard épuisée sur lui, il ne posa pas d’autre question et se dirigea hors de la concession.
- Charles je t’attends à l’hôtel comme convenu…
- Oui Tonton !, répondit celui-ci même s’il essayait encore de comprendre ce qui s’était passé.
Ferdinand l’entendit demander une nouvelle fois à sa mère ce qui arrivait à sa grande sœur et pourquoi il y avait des sacs et des habits déversés dans la cour comme si c’était une poubelle.
Mélanie tremblait comme une feuille, en bouclant sa ceinture dans la voiture. Ferdinand la regardait du coin de l’œil, il ne savait pas quoi lui dire. Il comprenait sa rage, Mélanie tenait plus que tout à son indépendance, sa force résidait dans le fait qu’elle savait qu’elle pouvait d’elle-même prendre soin de sa famille. Alors apprendre que sa mère prenait de l’argent de son beau-fils dans son dos et qu’en plus elle n’avait rien réalisé avec cet argent comme par exemple remboursé la dette foncière de son père pendant qu’elle saignait pour tenir la famille à flot, alors qu’elle s’était justement sacrifiée pour que la famille garde la maison.
Il comprenait sa douleur ! Et il avait plus de rage en direction de cet homme qui venait régler ses griefs avec sa femme sur la place publique comme l’avait fait ce Philippe.
- Bébé ! Bébé…
Elle craqua, le poids de toutes ces années de don de soi, de sacrifice, où elle pensait d’abord aux autres avant elle-même.
Ferdinand défit sa ceinture de sécurité et décala son siège vers l’arrière avant de la prendre sur ses genoux comme un petit enfant qu’on console après un grand chagrin. Elle reposa sa tête au creux de son cou en pleurant à chaude larme. Il la serra fort contre lui, essayant de calmer les secousses de son corps, lui caressant les cheveux pour la rassurer.
- Tout va bien, ma belle ! Shut, ça va Bébé… Regardes moi ! Mel, regarde moi… tu es une femme forte, belle, indépendante… Une dame ! Ma dame !, lui dit-il en lui souriant.
Essuyant les larmes sur son visage, elle l’observait et buvait ses paroles, cherchant dans son regard la confirmation de ce qu’il disait. Une assurance qu’elle avait fait ce qu’il fallait.
- J’ai mal !, se contenta-t-elle de dire entre deux hoquets.
- Je sais, mais je suis là ! Je ne vais laisser personne, je dis bien personne te faire du mal ! Je suis là…
- Mon père mourrait de honte en voyant ça…
- Mais je sais… nous savons qu’il est fière de toi ! Tu as pris soin de sa famille, de son nom !
- Je me suis mariée par intérêt…
- Pour l’intérêt de ta famille ! Pour préserver les tiens !, la reprit Ferdinand en déposant un baiser sur son front.
Il détestait qu’elle regrette ainsi son mariage. Qu’elle remette en question cette décision qu’elle n’avait au fond prise que pour sauver les siens.
- A cause de ces bêtises, tu as quitté ton boulot…
- Ce n’est rien ! Autant tu dois me soutenir en publique, autant je dois le faire ma belle… Tu es ma femme ! Je n’aurais pas aimé qu’il en soit autrement ! On peut rentrer ?
Elle hocha la tête avant de retourner sur son siège et remettre sa ceinture.

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