Chapitre 32

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La semaine qui suivit fut difficile pas seulement pour Mélanie, mais aussi pour Ferdinand qui devait en plus de gérer le quotidien dans ses affaires, se retrouvait avec un trafic mystérieux dans un de ses hôtels. Il devait se débrouiller pour que cette situation à Kribi ne remonte pas aux oreilles de son père encore moins à ceux de son grand-père. Il ne savait pas ce qui risquerait d’arriver si jamais les Peniel apprenait qu’il n’avait pas parfaite maitrise de ce qui se passait dans son hôtel.
Il attendait avec impatience le rapport de l’enquêteur sur le terrain qui devait lui apporter des réponses sur ce qui se passait là-bas. Toutefois ce qui occupait le plus son esprit en ce moment c’est Mélanie. La découverte du corps de son élève l’avait profondément chamboulée. Elle était devenue distante avec lui, il avait décidé de lui accorder du temps pour qu’elle digère cette perte, qu’elle redevienne elle-même, mais il la sentait de plus en plus secrète. Même s’il lui avait fait promettre de partager des choses avec lui, elle ne se laissait pas aller.
A un moment il s’était dit qu’il pouvait finalement construire quelque chose avec elle, la laisser s’approcher de lui. C’était une jeune femme comme il n’en avait jamais rencontré. Elle était généreuse, pas dans le sens monétaire du terme, mais elle donnait d’elle-même s’investissait pour ceux qu’elle aimait.
Sinon aurait-elle choisit de contracter un mariage arranger si ce n’était par pur sacrifice. Elle le faisait rire, apportait de la légèreté dans sa vie. Même si elle n’avait pas toujours pas confiance en elle, il trouvait de la fraicheur dans sa naïveté et dans ses bras.
Ferdinand sourit en repensant à la sensation des doigts de Mélanie sur sa peau, c’était tout sauf de la fraicheur qu’elle provoquait en lui. Chaque fois qu’elle posait la main sur lui, il avait de la lave qui coulait dans ses veines. Il n’avait jamais été autant troublé par une femme elle savait comment lui faire perdre le contrôle et elle lui manquait depuis une semaine, elle était physiquement là mais elle était loin émotionnellement. Il aurait aimé qu’elle se confie en lui, qu’elle le laisse jouer le rôle de protecteur et de soutient qu’un mari devait jouer auprès de sa femme.
Il tiqua !
Le rôle de mari pour sa femme, il voulait assumer cette fonction pleinement. Il ne s’en rendait compte qu’en ce moment, il voulait être le mari de Mélanie et non pas seulement son amant. Il voulait être son ami, son confident, le roc sur lequel elle peut reposer. La savoir en confiance auprès de lui.
On frappa à sa porte, il savait qui c’était, sans même avoir besoin de se poser la question.
- Entre Martin, cria-t-il.
- Comment t’as su que c’était moi ?
- Un petit doigt me l’a soufflé… alors tu as des nouvelles ?
- De Kribi ?
- Oui !
Martin prit place face à son ami et patron en soupirant.
- Je n’ai pas encore de nouvelles, non…
- Merde, Martin tu sais que si cette affaire s’ébruite nous aurons un plus gros problème sur les bras, dit Ferdinand.
- Tu parles des Peniel ?
- Bien sur, assura Ferdinand en posant le stylo dont il se servait. Je sais que mon père n’attend que ça, le moindre problème il va se transformer en pompier pyromane sur mon dos.
Il repensa à la crise qui avait failli éclaté lorsque le vieux Peniel avait décidé de faire confiance à son petit-fils et lui avait accordé ce projet, contre le conseil avisé de son père qui pensait qu’il était pas assez compétent, pas assez qualifier pour gérer un projet aussi important. Chaque fois que son père avait pu torpiller son travail il ne s’en était pas privé, voulant que Ferdinand se plie à ses moindres désirs, qu’il fasse le larbin pour lui.
Seulement c’était sans compter sur les ambitions de Ferdinand, qui s’était juré très jeune de finir à la tête de cette famille quoiqu’il en coute.
La chaine immobilière au Cameroun n’était qu’une première pierre à l’édifice qu’il voulait construire.
- S’il a vent de cette histoire il faudra s’attendre à un coup vraiment tordu, il faut qu’on sache exactement ce qui se passe là-bas et surtout qui est derrière ça !
- Je vais dire à notre homme d’accélérer, le rassura Martin en lui tendant des documents à signer.
- C’est le contrat de Charles ?
Le conseiller juridique qui servait aussi de directeur RH hocha la tête.
- Mélanie sait que son petit frère va travailler pour toi ?, s’enquit-il en prenant place.
- Non ! Je ne lui ai rien dit pour le moment et j’ai demandé à son frère de ne rien lui dire non plus !
- Tu redoute sa réaction ?
Ferdinand lut rapidement le contrat avant de le signer.
- Honnêtement ? Oui ! Après le scandale avec sa petite sœur, j’appréhende un peu sa réaction. Cette femme est trop fière ! le compte que les Peniel lui ont ouvert, elle n’y a jamais touché, je ne te parle même pas de la voiture ! Elle refuse de prendre des cours…
- Elle se dit surement que tu as dépensé assez avec le crédit de son feu père et puis tu as évité la prison à son petit frère, elle ne veut pas se sentir plus redevable en utilisant ton argent encore moins celui de ta famille !
- Comment je fais pour lui faire comprendre que ce que j’ai dépensé jusqu’ici c’est de la petite monnaie pour ma famille et moi ?
- Ferdinand, toi tu dois comprendre qu’elle vient d’un milieu différent du tien et surtout que pour ta femme d’autre chose ont plus de valeur que l’argent, lui expliqua Martin.
- Je sais… et je comprend, mais parfois je me demande si j’ai bien fait de l’entrainer dans mon monde à moi ! Parce que pour le moment nous sommes à l’abri à des milliers de kilomètres de chez moi, ici elle est protégée de l’univers de ma famille. Des intrigues et mesquineries en tout genre, mais ce ne sera pas toujours le cas…
Martin sourit.
- Tu vas faire quoi ? La cacher ici jusqu’à ce que ton vieux casse sa pipe et que tu puisses la libérer ?
Parfois c’est cette éventualité qui traversait son esprit mais en même temps il y avait ce truc qui le rebiffait dans l’idée de se séparer de Mélanie.
Une lueur traversa son regard, il serra la mâchoire et son ami le vit passer.
- Tu n’as pas l’intention de la libérer !
C’était une affirmation pas une question.
- Ferdinand ?
- Un divorce sera très mal vu et me couteras cher ! J’y perdrais au change !
Martin éclata de rire et se tapa le front avec la paume de la main. Ferdinand ne se laissa pas berner, le rire de son ami était une rire nerveux, il allait lui dire quelque chose qu’il n’avait pas envie d’entendre.
- Zoa ! Tu te rends compte que tu refuses d’accepter la réalité ?
Chaque fois que Martin l’avait appelé par son nom c’était parce qu’il voulait le rappeler à l’ordre.
- De quoi tu parles ?
- Je parle de tes sentiments pour Mélanie ! Ça te tuerait de reconnaitre que tu es tombé pour cette fille ?
- Je ne vois pas d’où te vient cette idée…
- Elle me vient du fait que tu es fou de cette fille et qu’au lieu d’assumer les sentiments que tu ressens pour elle tu vas te cacher derrière le nom de ta famille et votre fortune pour justifier ta couardise !
- Couardise ? On utilise encore ce mot ?, se moqua Ferdinand.
- Vas chier ! Reconnais que tu l’aimes et dis lui tout simplement ce que tu ressens au lieu d’essayer d’utiliser son petit frère pour l’enchainer un peu plus à toi !
Martin lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il avait comprit que Ferdinand avait décidé d’embaucher son beau-frère sans en parler avec Mélanie pour la mettre devant le fait accompli et ainsi avoir un point de pression sur elle.
- Elle est loin d’être traitée comme une prisonnière, Martin !
Son ami secoua la tête, il semblait sans voix.
- Il faut juste qu’elle s’adapte…
- Elle le ferait surement mieux si elle ne se disait pas qu’elle n’est rien d’autre qu’un instrument pour toi, lâcha Martin. Tu sais ce que je pense de cette histoire depuis le départ. C’est malhonnête de te comporter comme ça avec une jeune femme qui n’a absolument rien demandé. Autant la laisser tranquille dans sa misère, au lieu d’envisager l’introduire dans cet univers malsain en la manipulant comme tu le fais.
Les paroles de Martin étaient dures mais franches et vraies. Tout ce que Ferdinand aimait dans son entourage, des gens capables de lui dire les choses tel quelles sont.
Ferdinand baissa les yeux, il savait très bien que Mélanie allait souffrir dans cette course pour le pouvoir qu’il avait démarré. 
De toute la journée il ne put se sortir de l’esprit les reproches de son ami, il savait parfaitement que ce qu’il envisageait pour Mélanie était purement égoïste, mais il n’arrivait pas à s’expliquer pourquoi il n’arrivait pas à s’imaginer une vie sans Mélanie à présent qu’il savait ce qu’était son quotidien avec cette femme.
En rentrant au penthouse dans la soirée il se demandait comment faire pour la protéger, la réponse était claire, s’il voulait la protéger il devait se séparer d’elle. Cette idée le frappa autant que l’odeur  qui lui mit de l’eau à la bouche alors qu’il se débarrassait à l’entrée de l’appartement.
Mélanie avait encore cuisiné et même s’il ne pouvait pas deviner ce qui se cachait derrière ce fumet appétissant, il savait qu’il allait encore se régaler.
- Ferdinand ?, s’écria-t-elle depuis la cuisine.
- Oui Bouton…
Il sourit en ce rendant compte qu’il avait finalement adopté ce petit nom pour elle. Au départ elle était réticente à l’idée qu’il l’appelle ainsi, mais s’y était faite, elle avait parfois ce petit sourire délicat quand il l’’utilisait, à ces moments il le trouvait parfait pour elle. Pour décrire la délicatesse de la personnalité de Mélanie.
Un bouton fragile qui risquait de se faire écraser dans son univers, si ce n’était par lui, elle le serait par sa famille ou par le poids de son nom et de son histoire.
- Salut !, fit-elle en se dirigeant vers lui, le sourire aux lèvres.
Elle s’accrocha à ses épaules avant de se percher sur ses orteils pour déposer un baisé sur ses lèvres. Elles avaient les lèvres molles, sucrées sous les siennes ; malgré qu’elle sorte de la cuisine elle sentait délicieusement bon.
Elle s’écarta et le fixa avec le même sourire malin sur les lèvres.
- Hmm… quel accueille ! Tu as fais quoi ?
- Moi ? Rien…
Elle avait dans les yeux une trace de malice qui noua les entrailles de Ferdinand. Il ne pourrait pas se passer de ce regard, de la douceur et la finesse de cette femme.
- Mel !, la gronda-t-il d’une voix sourde.
- Okay ! Tout ce que je te demande c’est de garder l’esprit ouvert… je sais que tu as beaucoup d’imagination alors reste calme et envisage cela comme une possibilité…
- Si tu m’expliquais de quoi il s’agit, la pressa Ferdinand.
Elle le tira dans la cuisine et le poussa vers la cuisinière, devant la casserole qui mijotait dessus.
- Qu’est-ce que c’est ?, demanda-t-il en pointant un doigt hésitant vers le contenu de la casserole.
- Escargot !
Ferdinand fit un pas en arrière. Il se souvint justement lui avoir confié ne pas être fan de ces bestioles rampantes.
- Mélanie non…, commença-t-il. Tu ne vas pas me faire manger ça !
- Juste une bouchée !
- Non !
- Je t’assure que c’est succulent, dit-elle en coupant la flamme sous la casserole. Bon tu goutes…
- Non !
- Juste une bouchée… tu peux même juste mordre un petit bout ! Si tu n’aimes pas nous allons commander en bas et je n’essayerai plus jamais de te faire manger des bestioles rampantes !
- Parce qu’à part ces choses tu avais l’intention de faire d’autres bestioles à manger ?
Elle l’observa un moment avant de hocher la tête, il ne savait pas s’il devait rire ou s’enfuir.
- Des chenilles…
- Pourquoi pas des limaces tant qu’on y est, s’écria-t-il éberlué. Non, Mel !
- Adou… Goutes avant de dire non ! Et si tu ne peux vraiment pas avaler on en reparle plus…goutes et je ferais ce que tu veux ! Tout ce que tu veux !
- Adou ?
Elle marqua un moment de réflexion comme si elle se rendait compte qu’elle venait d’utiliser un petit nom pour l’interpeller.
- Euh… désolée… je…
La sentir gênée comme cela amusa le jeune homme qui se rapprocha instinctivement d’elle, la prenant par les hanches.
- Adou hein ? C’est ce que tu as trouvé comme petit nom pour moi ?, demanda-t-il en se penchant vers elle la tentant avec son regard taquin.
- Je n’ai pas réfléchis…
- C’est mignon… j’aime...
Il déposa un baisé furtif sur ses lèvres.
- C’est sorti tout seul, murmura-t-elle en un souffle.
- Ah oui… c’est sexy quand tu le prononce… ça me donne des idées !
- Ah bon ? Comme celle de gouter à un escargot ?
Ferdinand éclata de rire, il venait de se faire avoir. Et bizarrement il aimait cette sensation que Mélanie avait un certain ascendant sur lui.
- Si j’y goute tu feras tout ce que je te dirais ? A commencer par avoir ce surnom sur les lèvres toute cette nuit ?, souffla-t-il contre ses lèvres entrouvertes.
Il ne se trompa pas en voyant le feu qui s’alluma dans les prunelles foncées de Mélanie. Elle le fixa avec cette moue d’impatience.
- Ce n’est pas la seule chose que je compte avoir sur les lèvres cette nuit… si tu y goutes !
Cette phrase envoya des picotements directement entre ses jambes, cette femme avait le don de le faire démarrer au quart de tour. Il ne contrôla pas le grognement qui s’échappa de sa gorge lorsqu’il prit sa bouche dans un baisé fiévreux. Parfois lui-même avait du mal à comprendre l’urgence qu’il ressentait lorsqu’il tenait Mélanie dans ses bras.
Etait-ce à cause du son de ce petit nom dans sa bouche, la volupté de ses courbes pressées contre lui qui le tentaient et faisaient grimper l’incendie qui brulait en lui ou même à l’odeur de sa cuisine qui rendait sa bouche aqueuse, malgré qu’il est une aversion réelle pour les escargots.
- Alors ?, demanda-telle le défiant du regard après s’être arrachée à ce baisé.
- Un bout !, lui  concéda-t-il.
- C’est tout ce que je te demande…
Mélanie attrapa une fourchette dans un tiroir, avant de piquer dans la casserole attrapant une de ses maudites bestioles, qu’elle présenta à Ferdinand. Elle se rapprocha de lui, comme si elle voulait le rassurer avec sa chaleur.
- Juste un bout, l’encouragea-t-elle en rapprochant la fourchette de ses lèvres.
Ferdinand oublia le nœud dans son estomac et croqua du bout des dents la chaire croquante du gastéropode. Préparé à recracher, il fut surprit par cette chaire croquante et son gout qui finalement n’avait rien à voir avec l’aspect gluant que pouvait avoir cet animal vivant.
- Alors ?
Pour répondre à la question de Mélanie, Ferdinand, mâcha et avala le bout qu’il avait en bouche, puis il attrapa le poignet de Mélanie et prit le reste qu’il eut du plaisir à déguster.
- Apparemment tu aimes !, fit-elle en lui faisant un sourire coquin avant d’ajouter. Tu sais, pour certaines tribus, une femme ne présente un plat d’escargot à son mari que pour faire passer un message.
- Ah oui ? Quel genre de message ?
Elle eut encore ce sourire coquin et cette flamme dans les yeux.
- Le genre de message qui dit : j’en veux plus donc tu dois faire le plein d’énergie…
Ce message provoqua une vague électrique dans la colonne vertébrale de Ferdinand, qui alla directement se loger dans ses reins. Il serra Mélanie contre lui, pour qu’elle sente que le message était passé.
- Tu as deux minutes pour me faire une assiette, souffla-t-il contre son oreille.
Ferdinand s’en rendait compte, même s’il avait encore peur de mettre un nom sur ce qu’il ressentait, il devait avouer qu’il n’avait jamais désiré une femme comme il désire Mélanie.
Que ce soit physiquement, qu’émotionnellement. Ce qu’elle lui apportait dépassait ce qu’il aurait imaginé avoir avec une femme.
Il avait cette femme dans la peau.

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