Après la nuit qu’elle venait de passer, Mélanie n’avait plus aucun doute, le sexe est torride lorsqu’il y a des sentiments. Dans son cas, le sexe est brulant, incendiaire, elle savait qu’elle allait à un moment ou à un autre se bruler grièvement.
Mais qu’est-ce que la vie si elle est sans douleur, un passage fade. Elle acceptait de vivre tout ce bonheur aujourd’hui même si la contrepartie sera la douleur demain. Au moins elle aurait vécue les plus beaux jours de sa vie. Il y a des gens qui meurent sans avoir vécue le dixième de ce qu’elle avait le privilège de vivre dans les bras de Ferdinand.
Et pour cela elle ne cessera de remercier le Seigneur qui avait mit cet homme sur son chemin.
Allongé à ses côtés elle le regardait pendant qu’il dormait. Elle sourit en pensant que la probabilité pour qu’elle ait croisé son chemin dans la vie de tous les jours, s’approchait de zéro, ou qu’elle ait même pu attirer son attention.
La voici par la force du hasard dans sa vie, dans son lit, dans l’étau de ses bras et si elle pouvait être reconnaissante c’était de cela. Lorsque leur chemin se sépareront demain, elle pourra se raccroché aux souvenirs
Il s’étira et ouvrit un œil, le large sourire qui illumina ses traits, rechauffa le cœur de la jeune femme. Elle ne pouvait plus le nier ! Elle était amoureuse !
- Bonjour Bouton !
- Coucou Adou !
La lueur qui traversa les yeux à peine réveillés de Ferdinand amusa la jeune femme.
- J’adore quand tu m’appelle comme ça, fit-il en l’attirant plus en dessous de son corps chaud.
Mélanie gémit quand il posa les lèvres à la base de son cou et dans le creux de son épaule avant de remonter vers ses lèvres.
- J’avais remarqué…
- C’est simple mais… putain… c’est trop excitant !
Le baisé qu’ils échangèrent fini de convaincre la jeune femme sur la force de ses sentiments, et c’est dans ces moments qu’elle a en elle la petite flamme de l’espoir. L’espoir qu’elle n’est pas la seule à ressentir cela.
Cette connexion particulière entre eux, où il suffit d’un mot pour allumer le feu entre eux, pour provoquer ce flot d’émotions et d’envie. Mais elle préférait ne même pas imaginer cela car la chute risquerait de la briser.
- Adou… nous allons être en retard !, l’interrompit-elle sentant le renflement dans le boxer de Ferdinand qui pressait contre sa cuisse.
Il grogna en nichant sa tête dans le creux entre son cou et son épaule.
- Tu seras de retour à quelle heure ce soir ?, lui demanda-t-il.
- J’avais pensé faire un tour chez mon élève ! La levée de corps sera à 15 heures ensuite elle sera transporté dans la maison familiale où se tiendra les obsèques ! Donc je compte y aller à cette heure pour ensuite assister au culte de la veillée avant de revenir…
La pensée qu’elle allait dire au revoir à cette adolescente noua l’estomac de Mélanie.
- Je sens à quel point cette histoire t’affecte !
- Oui ! C’est triste ! Une enfant qui s’en va comme ça…
- Je n’arrive pas à imaginer ce que ressentes les parents, dit Ferdinand en roulant sur son dos.
Mélanie eut un autre nœud en entendant la mention des parents de la petite Olama.
- Je ne suis peut-être pas une maman… mais c’est l’éducation… le manque d’encadrement de ses parents vis-à-vis de leur fille qui est l’une des raison de ce drame !
Ferdinand leva les yeux vers elle, sentant surement la rage sourde dans sa voix.
- Pourquoi ?
- Cette enfant était abandonnée à elle, commença Mélanie, qui avait été frappée par l’histoire de son élève.
Elle respira et se redressa pour s’adosser contre la tête du lit poussant Ferdinand à adopter la même position.
- Quand j’ai discuter avec Mme Olama, avant qu’on aprenne… ce drame ! Ce qu’elle m’a dit m’a donné froid dans le dos.
- Raconte !, fit Ferdinand qui semblait intéressé par son récit.
- Elle m’a expliqué que sa fille disparaissait comme cela pendant des jours, depuis quelques mois. Elle sortait sans prévenir pendant un week-end voir une semaine sans que ni elle ni son mari ou ses autres enfants ne sachent où elle allait… Et quand elle revenait, les parents ne disaient rien, ne la punissaient pas !
Ferdinand souleva ses sourcils surprit.
- Je n’en revenais pas quand elle me l’a dit ! Sa fille entrait et sortait comme cela lui plaisait et ils ne lui disaient absolument rien ! Ils ont trouvé comme punition, lui couper les vivres mais même ça ne marchait pas parce qu’elle avait de l’argent et des objets dont ils ne connaissaient pas la provenance !
- Des cadeaux de quelqu’un ?
- Sa mère m’a dit que sa fille avait un téléphone portable qu’elle ne lui avait pas offert et qu’en plus elle parlait avec un type qu’elle ne connaissait pas mais que la petite nommait Le Tigre ! Et quand je lui parle de mes soupçons sur une éventuelle grossesse, qu’elle n’avait pas remarquée d’ailleurs, elle me répond qu’elle ne croit pas que sa fille soit enceinte et qu’elle avait demandé à sa fille d’être prudente ! Tu te rends compte ? Une Maman qui demande à sa fille de 17 ans d’être prudente comme si…
Mélanie avait plus que de la rage en pensant à la vie de cette enfant qui s’achevait trop tôt. Ferdinand lui prit la main et la serra. Elle se rapprocha de lui et posa sa tête sur son épaule.
- Il a fallu que je la secoue pour qu’elle accepte même d’aller signaler la disparition de sa fille…
Silencieusement il la réconforta en lui caressant les cheveux, sa main l’apaisa pendant qu’elle refaisait le film de ces évènement dans a tête.
- Si j’avais intervenu plus tôt…
- Ne te torture pas Mélanie ! Tu ne pouvais pas imaginer ce que vivait cette enfant ! Et oui c’est le rôle des parents de protéger les enfants !
Il avait dans la voix une intonation que Mélanie ne reconnut pas.
- Si j’avais au moins insité le jour où j’avais discuté avec elle !
- Je crois que tu ne connais pas bien les adolescents, Bouton ! S’ils ne veulent pas te parler il ne vont pas te parler… La petite ne parlait pas à sa mère, il aurait été difficile qu’elle se tourne vers toi ! En plus dans son esprit elle ne faisait absolument rien de répréhensible ou de dangereux pour elle alors…
En l’écoutant une étincelle se déclencha dans la tête de Mélanie.
- Elle savait pertinemment que son comportement était inaproprié… tous les ado le savent ! Quand tu te comportais mal étant plus jeune, c’était par défiance que tu le faisais non ?
- Oui…
- Audrey avait de la défiance dans les yeux, je l’avais remarqué quand je lui parlais. Et en générale pour qu’une ado ait autant de défiance, il y a un garçon derrière ! Qui peut lui demander explicitement ou pas de défier ses parents…
- Il est clair qu’un garçon se cache derrière sa grossesse, dit Ferdinand qui essayait de suivre le raisonnement de sa femme.
- Moi je dirais plutôt un homme !
Ferdinand la fixa sceptique.
- Adou, quel garçon aurait les ressources pour initier une opération sur une gamine qui vient de se faire avorter et qui perd des litres de sang ?
- Il peut connaitre, je ne sais pas quelqu’un !
- Nous sommes au Cameroun, un gamin de l’âge d’Audrey aurait paniqué et l’aurait laissé mourir seule en s’enfuyant… ou dans le meilleur des cas l’aurait conduite dans un centre de santé pour l’y abandonner. Et je peux t’assurer que personne ne se serait engagé à la toucher. Celui qui a poussé Audrey à avorter ne voulait pas la perdre, il a essayé de lui sauver la vie… mais ça n’a pas marché !
- Je crois que je commence à comprendre ton raisonnement ! Tu crois que cette personne a essayé, parce que ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve face à cette situation ?, demanda Ferdinand.
- Voilà ! Et aussi il y a aussi le surnom : Le Tigre ! Je ne crois pas que des gamins puissent se donner ce genre de surnom entre eux…
- Où tu veux en venir Mélanie ?
Mélanie calma ses ardeurs un moment en réfléchissant à la façon dont elle pourrait procéder pour vérifier et prouver son intuition.
- Tu soupçonne qui bébé ? Toujours ton collègue ?
Elle aimait qu’il lui pose clairement la question, cela prouvait que son avis l’intéressait et qu’il considérait son raisonnement logique en un sens, malgré que ce soit des spéculations.
- Qui mieux qu’un professeur de Philosophie peut avoir une influence sur des jeune âmes ?
- Un professeur de maths ?, répondit Ferdinand.
Ils éclatèrent tous les deux de rire. Il n’avait pas tort, elle savait influencer ses élèves, les stimuler pour qu’ils donnent le meilleur d’eu même. Mais sa matière était sujette à des règles ce qui faisait qu’elle était plus du genre à imposer et à faire respecter les règles à ces enfants. Ce qui n’est pas toujours le cas de la philosophie qui dans certains cas pousse à s’affranchir des règles et des schémas préétablis.
- Mélanie, je comprends ce que tu veux dire…
- Mais ?
- Mais, je ne veux pas que tu te retrouve dans une position précaire, tu ne peux pas accuser ton collègue, tu ne peux accuser personne sans preuve !
- Je sais…
- Alors sois prudente, murmura-t-il en déposant un baiser sur sa tempe et sur son front. Si tu as quelque chose, quoique ce soit, tu viens d’abord me voir !
Elle sentait quelque chose de nouveau et de chaleureux dans sa voix. Plus que de l’intérêt, il exprimait de l’anxiété. Comme s’il sentait que Mélanie allait tout faire pour vérifier ses soupçons et qu’il ne voulait pas qu’elle s’attire des ennuis.
- Nous sommes d’accord ?, demanda-t-il en la serrant contre lui.
- Nous sommes d’accord !
Mélanie avait une idée en tête et quand elle avait une idée en tête elle ne lachait pas. Déjà qu’elle avait échouée quand il fallait protéger son élève lorsqu’elle était en vie. Il était hors de question qu’elle laisse le meurtrier d’une adolescente dans la fleur de l’âge s’en sortir sans intervenir.
Avant d’aller à la levée de corps de l’élève elle avait fait un tour au Lycée pas simplement pour faire cour comme s’il s’agissait d’un jour ordinaire, mais aussi pour enquêter et apporter de la lumière à cette affaire qui était venue jeter une atmosphère de désolation dans le Lycée en générale et dans les classes de Terminal en particulier.
Une assistance à la fois psychologique et surtout éducative avait été mise en place pour les camarades de la jeune fille décédée, elle était supervisée par Mme Mokoe le professeur d’ESF qui s’occupait du côté éducation sexuelle tandis que le conseiller pédagogique faisait de son mieux pour apaiser les craintes des élèves qui en avaient besoin.
Elle profita donc que Mme Mokoe fasse un tour dans sa salle pour s’incruster pour l’assister. Même si sa collègue disait ne pas en avoir besoin.
- Je ne vais pas intervenir… sauf si vous me le demandez ! Mais j’aimerais beaucoup les soutenir si ce n’est psychologiquement mais surtout en leur prodiguant des conseils, affirma Mélanie espérant convaincre la quadragénaire.
- Vous ne parlez pas ! Vous observez et surtout vous prenez des notes ! Qui sait je ne serais surement plus là demain pour faire ça !
- Cela dit j’aurais une suggestion à vous faire !, dit Mélanie en croisant mentalement les doigts pour que sa collègue accepte de l’écouter.
- Mélanie !
- Mme Mokoe, je ne vous fait qu’une suggestion c’est à vous de voir ! Vous pouvez décider de me suivre ou pas !
Elle sembla réfléchir un moment avant de hocher la tête accordant à Mélanie au moins l’opportunité de présenter son plan. Alors Mélanie lui donna son avis tout en espérant que sa collègue sera convaincue par sa vision des choses. Car si elle la suivait sur ce coup elle espérait pouvoir déclencher une réaction chez ses élèves qui pourrait lui permettre de résoudre l’énigme du décès de la petite Olama.
- Mme Zoa, vous avez quelque chose derrière la tête, remarqua Mme Mokoe.
- Il ne faut plus qu’une de nos élèves se retrouve dans la situation d’Audrey Olama… je vous en conjure !
- Vous savez que si ce que vous soupçonnez est vraie il va y avoir du remoud dans le Lycée ?
- Vous préférez un peu de remoud ou alors un autre drame du genre sur les bras ?
- Vous ne savez même pas si c’est justifié !, s’écria-t-elle. Vous n’avez que des soupçons…
- Si je me trompe… et je prie pour que je me trompe… il ne se passera rien de grave ! Mais si j’ai raison et que nous restons bouche cousue, ce ne sera que le début des remouds et des drames ici ! Notre boulot n’est-il pas aussi de protéger ces enfants ?
La lueur dans les yeux du prof d’ESF donna de l’espoir à Mélanie.
- Ces enfants sont aussi nos enfants, Mme Mokoe !
Une fois dans la salle, on pouvait couper la tension dans la salle avec un couteau tellement les élèves affichaient des visages, tristes, tendus, anxieux. Les enseignantes saluèrent une salle qui eut du mal à répondre. Mélanie eut le cœur lourd en voyant ces enfants, les yeux gonflés par les larmes, elle imaginait ce qu’ils pouvaient ressentir, sachant qu’elle-même est très affectée, encore plus ces jeunes qui avaient cotoyés au quotidien la petite Olama.
- Comme vous le savez tous nous sommes dans une période difficile, une période qu’on ne s’imagine jamais de connaitre en tant qu’enseignant encore moins en tant qu’élève ! Perdre un camarade, une élève est toujours difficile ! Mais comme pour tout moment difficile, c’est un temps pour faire une certaine introspection… c’est le moment de se remettre en cause et d’apprendre de nos erreurs au quotidien ! Audrey Olama ne sera plus des notre ! Mais son décès doit nous apporter une leçon, une leçon de vie ! et en tant qu’éducateurs nous sommes dans l’obligation de prendre un moment pour vous parler sans filtre, mettre les doigts sur les sujets difficiles de votre vie et vous permettre au mieux de nos capacités de faire les bons choix demain.
L’introduction de Mme Mokoe provoqua une mêlée d’émotion chez les élèves. Mais celui qui attira le regard et l’attention de Mélanie, fut le jeune Matip. Il semblait complètement indifférent à ce que disait Mme Mokoe, mais il avait tout de même dans sa position et dans la froideur de son regard une certaine défiance. Comme s’il en voulait au monde et au corps en enseignant entier. Matip avait toujours été un élève espiègle, troubleur qui aimait animer la galerie mais surtout il avait toujours eut un profond respect pour ses enseignants, ne traversant jamais la ligne rouge, seulement depuis le drame de sa camarade il avait changé.
Parfois, Mélanie le sentait absent, à d’autres moment il était dans la provocation, attirant sur lui les foudres des enseignants qui le trouvaient incontrôlable.
- Je sais que vous vous attendez à ce que je vous fasse un cours sur les comportements sexuels sains… Mais je ne crois pas que ce soit exactement ce dont vous avez besoin aujourd’hui ! Parce qu’à mon avis vous avez un nombre incalculable de support qui vous enseigne des multiples méthodes et comportement sains pour vous et pour votre entourage.
Mélanie croisa le regard de Matip qui sembla pour une fois depuis dejà quelque jours la regarder dans les yeux. Elle y vit de la douleur !
- Mme Zoa et moi nous sommes ici pour nous vous adresser à vous, plus comme des parents, une maman et une grande-sœur inquiètes par l’avenir de leurs petits !
Voir que sa collègue avait accepté de suivre son avis réchauffa le cœur de la jeune femme.
- Nous savons que nombreux parmi vous sont actifs sexuellement parlant, filles comme garçons…
- Plus les filles ! Ce sont des chiennes en chaleur, lança le jeune Matip attirant le regard froid de Mme Mokoe.
- Mr Matip surveillez votre langage, intervint Mélanie dans un coin de la salle.
L’intervention du garçon tomba à plat, car aucun de ses camarades ne réagit à cette provocation.
- Oui, les filles sont plus susceptibles à la légèreté face au sexe ! Pas parce qu’elles sont faibles, non mais parce qu’elles sont plus influençables, impressionnables, vulnérables…
- Donc baisables !, coupa Matip provoquant quelques rires sous capes chez les garçons de la salle.
Mme Mokoe ne fit pas cas et poursuivit :
- Alors si nous passons notre temps à vous dire comment évitez les grossesses précoces, les IST et autre sans vous apprendre à ne plus être faibles face à ceux qui vous impressionnent là dehors, ceux qui prennent le dessus sur vous, soit parce qu’ils ont du miel sur la langue, les poches bien remplies soit parce qu’ils sont plus fort ou plus matures vous alors ce que nous ferons en multipliant les cours d’éducation sexuelle sera vain !
Cette fois le jeune Matip n’intervint pas et quand le regard de Mélanie croisa une fois de plus ses yeux, elle y lut de la douleur et de la peur.
- Et ceci est valable autant pour les filles que pour les garçons ! Parce que les pervers qui manipulent les adolescents n’ont pas de préférence en ce qui concerne le sexe de leur victime, déclara Mélanie en regardant son élève droit dans les yeux.
Mme Mokoe lui jeta un regard avant de hocher la tête, lui passant le temoin pour s’adresser elle-même à ses élèves.
- Je vais vous parler d’une expérience personnelle, j’espère que je pourrais donc vous aider à comprendre notre démarche ici ! Je suis l’ainée dans ma famille, j’ai une petite sœur et un petit frère, mon frère est le benjamin de la famille, il a 9 années de moins que moi. Au cours préparatoire, mon frère se faisait harceler par un élève du cours moyen, qui lui arrachait son gouté à la récréation, le menaçait et le tapait même parfois. Mon frère n’en a pas parlé, ni à ma mère ni à moi sa sœur qui était déjà au lycée. Mais son comportement avait changé, il avait commencé à voler dans le porte-monnaie de ma mère…
Elle prit une minute pour s’assurer qu’elle avit l’attention de tout le monde, et ils l’écoutaient tous avec beaucoup de concentration.
- Ma mère nous a menacer de nous faire battre par mon oncle si nous n’arrêtions pas de voler ses pièces ! Ma sœur et moi étions celles qui étaient soupçonnées, parce que ma mère ne pouvait pas imaginer que son petit bébé puisse toucher à son argent, il n’était qu’au CP alors s’était impossible. Je ne voulais pas me faire bastonner pour quelque chose que je n’avais pas fait alors j’ai décidé de pister ma petite sœur, mais il n’y avait rien de particulier dans son comportement. Quand je me suis intéressée à mon petit frère j’ai découvert qu’en plus du pain tartiné qu’il avait dans son sac tous les matins, il achetait des biscuits et des bonbons à la boutique, alors que notre mère ne lui donnait pas d’argent. Je ne voulais pas le trahir chez notre mère avant d’avoir compris pourquoi il faisait cela, et je lui ai demandé de m’expliquer pourquoi il ne m’avait pas simplement demandé des biscuits et des bonbons s’il en avait envie, j’aurais dépensé mon argent de gouté pour les lui acheté ! Alors il m’a expliqué qu’il n’en avait pas envie, il achetait des biscuits et des bonbons pour le grand garçon qui le tapait à l’école !
Mélanie se déplaçait entre les rangées de la classe, poussant les élèves à se tourner chaque fois vers elle pour ne rien rater de son histoire.
- J’avais le choix, j’étais sa grande sœur et donc je pouvais intervenir en allant directement voir le garçon qui embêtait mon frère ou alors en parler à ma mère pour quelle intervienne auprès de la direction de l’école, puisque mon petit frère volait pour ne pas se faire taper. Mais vous savez ce que j’ai fait ?
- Non, s’écrièrent en chœur les élèves.
- J’ai choisi de donner à mon petit frère, la clé de sa liberté !
Un murmure d’incompréhension s’éleva parmi les élèves.
- Les gens ont tendance à croire que quand on est harcelé c’est celui qui menace et harcèle qui est en position de force, reprit Mélanie. Mais ce n’est pas vrai ! C’est celui qui est harcelé qui est en position de force parce que s’il décide de ne pas se soumettre, il arrache le pouvoir et le sentiment de supériorité à son harceleur.
- Vous avez dit à votre petit frère de se battre contre le grand élève, dit Matip visiblement exaspéré.
Mélanie sourit.
- Vous croyez que j’allais demandé à mon petit frère de 6 ans d’aller affronter un élève deux fois plus grand et plus fort que lui ?, ricana-t-elle. Je lui ai dit de ne plus apporter son pain entier à l’école, de manger une moitié en allant à l’école le matin, et une fois à la récréation, de partager la moitié restante à tout ses camarades de jeu ! Une fois que le grand garçon viendrait le menacer, ceux qui avaient mangé son pain lui serviraient de bouclier.
La surprise se lut dans les regards des élèves.
- Je comprends ! L’enfant du cours moyen ne pouvait pas arracher son pain puisqu’il partageait à tout le monde et il ne pouvait plus le taper parce que là les autres allaient s’en prendre à lui, dit une élève en secouant sa tête.
- Mais ça servait à quoi puisqu’il partageait son pain ?, demanda le jeune Matip.
- Il mangeait la moitié alors qu’avant il ne mangeait rien et il ne volait plus l’argent de sa mère, expliqua une autre élève.
- Donc il ne risquait pas une double bastonnade, à l’école et à la maison, ajouta un autre élève en secouant la tête.
Mélanie sourit en voyant que les élèves commençaient à saisir sa logique. Mais elle avait besoin de vérifier qu’ils avaient réellement compris.
- Est-ce quelqu’un peut me dire ce qui a sauvé mon petit frère ici ?
- Qu’il vous dise ce qui se passait ?, lança une voix du fond de la classe.
- Non !, répondit Mélanie.
Il eut un moment de silence avant que la réponse qu’elle attendait vienne de la seule personne dont elle espérait la réaction.
- Il a fait de son problème un problème de groupe, murmura le jeune Matip.
Mme Mokoe et elle se lancèrent un regard entendu.
- Oui Mr Matip ! Vous êtes comme mon petit frère, vous ne pouvez pas vous débarrasser de quelqu’un qui vous influence tout seul ! Vous devez vous tourner vers des gens qui peuvent acheter votre problème comme on dit chez nous ! Nous sommes ici pour vous, notre rôle ne limite pas à vous apprendre des théorèmes et des règles, nous avons aussi pour rôle de vous protéger quand cela devient indispensable. Partagez vos problèmes avec nous jusqu’à ce qu’ils deviennent nos problèmes !
La sonnerie se fit entendre, les élèves eurent du mal à se lever pour quitter la classe, mais mélanie savait qu’elles avaient atteint le but qu’elles s’étaient fixées et elles n’ont pas attendues longtemps avant de s’en rendre compte.
- Madame… je dois vous parler !, les interpella le jeune Matip pendant que ses camarades sortaient de la classe.
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Sous-Influence
RomanceMélanie est dans une mauvaise posture elle ne sait pas comment sortir sa famille de la situation critique dans laquelle elle se retrouve. Elle qui a toujours porté les siens, elle est à bout de force où même de possibilités! Mais ça c'était avant qu...