Chapitre 20

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Une semaine plus tard, Mélanie devait accompagner son mari à l'ouverture officielle de son hôtel. D'après ce qu'elle avait compris et surtout vu les rappels incessant de Ferdinand sur son comportement, sa façon de se tenir et surtout de parler, elle avait compris qu'elle devait tout faire pour ne pas faire de faux pas.
Durant la semaine, elle avait découvert la face maniaque de son mari, sa rigidité et surtout son inflexibilité face à elle. Il lui avait demandé de remettre son emploi du temps au responsable de la sécurité de l'hôtel et lui avait assigné un chauffeur qui l'accompagnait partout où elle voulait aller.
Mélanie s'était sentie étouffée, surveillée, elle qui était habituée à sa liberté elle détestait cette situation, mais elle se sentait piégée par le fameux contrat qu'elle avait passé avec lui. Mais que pouvait-elle y faire ?
Elle se laissa donc trainer comme un trophée au cours de cette soirée spéciale offerte par le Palace Camaroes. Elle souriait et jouait à la perfection son rôle d'hôtesse en discutant avec les invités de marque dont Ferdinand lui avait parlé en long et en large, tache pas facile car elle avait souvent du mal à parler avec les adultes. La seule chose qui la réjouissait lors de cet évènement c'était la présence de Sophie et des membres de sa famille qui étaient eux aussi venu découvrir le joyau de lequel elle vivait désormais.
Lorsqu'elle eut l'occasion de s'éclipser ayant fait le tour de la salle et des invités, elle alla donc les saluer. Sa mère visiblement heureuse de voir que la vie de sa fille avait changé ne tarissait pas d'éloge envers son beau-fils.
- Ma fille le Seigneur t'a bénie !, lui dit-elle.
- Je suis d'accord avec la mater Mimie aie... C'est beau !, ajouta Sophie en admirant le hall du palace qui servait de salle de fête pour l'occasion.
- Oui, murmura simplement Mélanie qui avait besoin d'une minute pour respirer.
- Ton mari est venu nous accueillir en personne, fit remarquer sa mère.
Mélanie ne doutait pas des qualités d'hôtes accueillant et bienveillant de Ferdinand, ce dont elle doutait c'est de sa capacité à elle de supporter les compliments que lui faisait sa mère à longueur de journée. On aurait dit qu'elle était tombée amoureuse de son beau-fils, ce qui lui hérissait le poil c'est qu'il avait réussi à se faire apprécier par son entourage sans même un effort.
- Tu savais que c'est Caro qui organisait l'évènement ?, lui demanda Sophie.
Mélanie avait compris que c'est Caroline qui organisait l'évènement sans vraiment prêter attention à cette information puisqu'elle venait de rencontrer Ferdinand et l'idée du mariage avait envahit son esprit.
- Je m'en suis doutée lorsqu'il m'avait emmené ici pour la première fois, répondit Mélanie. Tu l'as vu ?
- Oui, elle est avec son équipe dans la salle à coté !
Mélanie avait aperçu de loin Caroline qui était en plein travail, elle savait qu'elle devait garder une expression chaleureuse alors elle s'était gardé de l'approcher.
- J'espère qu'elle n'aura pas la mauvaise idée de nous approcher, parce que je ne sais pas si je vais rester calme devant elle, dit Sophie en piaffant.
- Si elle vient te voir reste courtoise ma chérie, nous avons tout de même été amies...
- Oui mais le genre de couteau qu'elle t'a planté dans le dos ? Elle est capable de recommencer donc je ne veux pas qu'elle s'approche de toi et encore moins de ton mari !
Mélanie éclata de rire en essayant de visualiser ce dont parlait son amie. Caroline et Ferdinand, une vive piqure traversa son arête dorsale. Mais pourquoi ?
Pourquoi l'idée de Ferdinand avec une autre femme donnait la nausée à Mélanie ? Elle ne voulait pas connaitre la réponse à cette question !
- Sophie pense à autre chose ma belle !
- Comme comment tu as fait pour ne pas m'inviter dans ta nouvelle maison depuis là ?
Sophie et Mélanie n'avaient pas eut l'occasion de se voir depuis une semaine à cause des règles drastiques qu'avait imposé Ferdinand sur ses entrées et ses sorties dans le Palace.
- La semaine était un peu compliquée ma chérie mais on va vite remédier à ça, expliqua Mélanie.
- En passant je voulais te parler de quelque chose ! Ou de quelqu'un que j'ai croisé...
- Qui ?, s'enquit Mélanie intriguée par l'expression dérangé de Sophie.
- Karim ! Il ne savait pas que tu te mariais ?
La mention de son ex exaspéra Mélanie, elle croyait avoir mis celui-là et ce qui le concernait loin derrière elle.
- Pourquoi je lui en aurais parlé ? demanda-t-elle. Vous vous êtes croisé où ?
- Il est venu me voir au ministère en fait...
- Ah bon ! Il voulait quoi ? Il venait avant ?
- Non c'est aussi ce qui m'a étonné ! Je sais qu'il ne m'aimait pas beaucoup parce que je lui disais toujours que s'il faisait sa maman avec toi j'allais m'occuper de son cas... Mais le gars a mangé les testicules de son chien il est venu dans mon bureau me demander comment je peux te laisser te marier avec un type que tu connais depuis seulement 1 mois !
Mélanie fit une grimace en écoutant Sophie parlé des délires de Karim.
- Il est venu te poser cette question ?
- Je te jure ! Je me suis demandée s'il avait fumé le « bitosso » ! Je lui ai dit qu'il t'avait gardé pendant des années il n'a pas vu ta valeur un autre l'a vu en deux jours, il avait le sang à l'œil... je te jure...
Les deux jeunes femmes éclatèrent de rire.
- Et il a dit quoi ?, demanda Mélanie qui aurait tout donné pour voir la tête de Karim à ce moment là !
- Il m'a dit qu'il ne savait pas que j'étais comme ça une femme prête à tout pour l'argent que toi tu avais montré ton vrai visage en lui demandant les millions pour...
- Ne me dis pas qu'il a dit ce que je crois qu'il a dit, la coupa Mélanie passablement irritée par cet ex trop arrogant et orgueilleux pour se rendre compte de sa bêtise.
Sophie allait répondre quand elle se figea, son regard se portant sur quelque chose derrière Mélanie.
- Quoi ?, fit Mélanie en se tournant.
Une vague acide traversa sa bouche quand elle posa les yeux sur celle qui il y a encore quelque mois était son amie la plus proche.
- Bonsoir Mimie, fit Caroline en la regardant droit dans les yeux.
Sa posture n'avait rien d'arrogant ni de provocateur, elle tenait dans ses mains un bloc note serré contre elle, comme s'il lui servait de bouclier. Caroline avait une mine affreuse, vu de près Mélanie devait noter que leur amie avait pas bonne mine du tout.
- Quand on parle du loup on voit sa chienne, murmura Sophie en se rapprochant de Mélanie.
Elle se plaça dans son dos comme si elle voulait lui servir de soutien.
- Sophie !, la réprimanda Mélanie. Bonsoir Caroline, comment tu vas ?
- Je vais bien ! Et toi ?
Elle leva les yeux au plafond comme si elle se rendait compte que sa question était idiote puisqu'elle se trouvait dans la soirée d'ouverture de l'hôtel du mari de son mari.
- Elle va bien ça ne se voit pas ? Où alors comme tu es habitué à manger la merde des autres tu as oublié de lever la tête pour comprendre que d'autres évoluent ?
- Sophie arrête !
- Laisses je l'ai bien méritée celle là !, fit Caroline. J'ai appris par ta mère que tu te mariais...
- Tu as parlé avec ma mère ?
- Je suis venue te rendre visite un jour chez ta mère et elle m'a expliqué que tu ne vivais plus là-bas...
- Donc après la vacherie, la puterie que tu as fait à Mélanie tu as attendu un mois avant de la chercher ?, intervint Sophie irritée. Tu es vraiment...
- Sophie, elle a une bouche, je ne sais pas pourquoi tu parles à sa place !
Cette fois Sophie se plaça entre Caroline et Mélanie qui effrayé par un esclandre tira sur le bras de son amie.
- Je parle à sa place parce qu'elle n'a pas à parler avec la petite merde qui mange ses déchets dans la poubelle...
- Je ne vais pas te répondre parce que je suis au travail, dit Caroline en reculant résignée.
- Oui ! Et devine quoi ! C'est le mari de la fille que tu as poignardé dans le dos qui paie tes factures ! Tu n'as pas...
- Sophie arrête s'il te plait tu vas attirer l'attention des gens sur toi, paniqua Mélanie qui venait de croiser le regard de Ferdinand qui semblait la rappeler à l'ordre avec des yeux froids.
- Non ! Qu'elle dégage !
- Stop !, siffla Mélanie entre ses dents. Caroline tu restes là ! Tu vas faire un scandale dans l'hôtel de mon mari ? Ça suffit calme toi !
- Tu ne sais pas comment cette fille me sort par les narines !
Mélanie ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas plus affectée que ça par la présence de Caroline, mais elle voyait bien que revoir caroline l'affectait plus que tout.
- Je peux partir si elle ne veut pas me voir, commença Caroline pour s'éclipser.
- Non ! Est-ce qu'il y a un endroit où on peut discuter calmement ici ?, s'enquit Mélanie.
Caroline indiqua une salle dans un coin du hall, les trois se dirigèrent dans la salle. Une fois à l'intérieur, Mélanie observa ses copines qui prenaient chacune un coin de la salle pour être le plus éloignée l'une de l'autre.
Mélanie détestait voir ça. Elle en voulait à Caroline mais depuis qu'elle n'avait plus son amie dans sa vie elle sentait qu'il lui manquait une part importante de sa vie.
- Maintenant on peut se parler calmement ?
- Je ne veux pas parler avec cette fille !, répliqua vivement Sophie.
- Je ne sais pas ce que tu as contre moi au juste ! Je sais que j'ai trahi Mélanie, je ne vois pas où est ton problème !
Sophie leva les yeux au ciel. Mélanie semblait comprendre le problème.
- Tu ne vois pas ce que tu m'as fais ? Tu penses que la seule personne que tu as trahi c'est Mélanie ? Et moi ? Et notre amitié... à trois ? Pour toi c'est quoi ? Tu as couché avec le gars de notre meilleure amie, tu penses que je peux te faire confiance après ça ? Si tu lui as fait ça à elle que tu connais depuis toute petite et moi ? Tu me ferais quoi ?
- Je ne vois pas...
Mélanie coupa Caroline d'un geste de la main.
- Ce que Sophie veut dire c'est que nous étions toutes les trois dans le cercle de confiance et tu as brisé le cercle en agissant sans conséquence !
- En plus tu n'as pas cherché à le restaurer, finit Sophie.
Mélanie sourit en saisissant la pensée de son amie. Caroline avait les larmes aux yeux en comprenant ce que lui reprochaient vraiment ses amies.
- Tu n'as pas cherché à nous expliquer, à t'excuser ! Si tu étais venu me voir pour me parler et me dire que Jessica a démangé et puis... j'aurais expliqué à notre copine mais non tu es resté dans ton coin comme si tu n'en avais rien à faire de Mélanie, de nous !
Mélanie avait les larmes aux yeux. C'était émouvant pour elle de voi à quel point Sophie se sentait concernée par cette histoire, savoir qu'elle n'avait pas été la seule a regretter Caroline.
- Vous m'auriez pardonné après ça ?, demanda une Caroline incrédule.
- On aurait essayer au moins de comprendre ton geste !, dit Mélanie calmement.
Caroline la regarda comme si elle ne l'avait jamais vu.
- Combien de fois est-ce que les femmes se sont déchirées à cause d'un homme ?
Sophie avait parlé avec une certaine émotion dans la voix.
- J'ai été blessée ma chérie... Mais j'aurais préféré que tu te sentes assez... que tu viennes me demander pardon, que tu te remettes en cause ! Je t'aurais surement chassé parce que c'était encore vif et franchement je me sentais humiliée et terriblement déçue !
Son visage clair se couvrit d'un voile rouge. Elle avait honte ça se lisait dans ses yeux.
- Je ne voulais pas me présenter devant toi et lire de la déception dans vos yeux... Je sais que ce que j'ai fait est impardonable, fit-elle avec une voix brisée. J'ai quand même couché avec ton mec !
- Caro... Le gars là est laid ! Et puis regarde Mélanie aujourd'hui est-ce qu'elle a des raisons de se plaindre ? Tu as vu son mari ? Oui ton geste était vialain de la part d'une amie mais rien n'est impardonnable ! Inoubliable peut-être mais pas impardonnable...
Un sourire traversa le visage de Sophie.
- Cette histoire a eu un bon il faut le dire, termina-t-elle en souriant à Caroline.
Caroline jeta un coup d'œil appréciateur sur mon annulaire gauche, les bijoux brillants qui ornaient mon doigt et qui témoignaient mon changement de statut.
- Tu as tiré le jackpot ma chérie ! Même comme tu ne m'as pas invité... j'ai un cadeau pour toi !
- Ah bon ?
- Oui ! Un gros !, fit-elle avant d'ajouter avec une lueur d'espièglerie dans les yeux. Si tu m'invites dans ton penthouse au sommet du palace je te donne...
- Est-ce que tu sais que même moi elle ne m'a jamais invité là-bas ?, fit remarquer Sophie.
Ces filles lorsqu'elles avaient une idée en tête !, pensa Mélanie.
- Ne vous en faites pas on va se faire une sortie entre fille !
- Oui... la sortie qu'on n'a pas faite à cause de...
Caroline s'arrêta et se mit à pleurer à chaude larmes, Mélanie se rapprocha d'elle. Elle n'avait jamais cessé d'apprécier cette fille, elle portait bien plus de blessures que ce qu'elle voulait faire croire.
- Je suis désolée les filles, pleura-t-elle pendant que les filles la prenait dans leurs bras. Je ne sais pas ce qui m'a pris ce soir là... Si vous saviez comment je me suis détestée ! J'ai trahi ma meilleure amie à cause d'un gars... en plus un mauvais coup !
Elles éclatèrent de rire en se serrant les unes aux autres.
- Je vous aime les filles ! Je suis désolée... Mélanie je ne sais pas comment tu faisais pour supporter ce gars...
- On faisait deux fois par semaine maxi ! Bref sutout si je n'avais pas de bonne excuses pour qu'il ne me touche pas !, répondit Mélanie en comprenant où voulait en venir sa copine.
- Vous êtes méchante, lança Sophie en riant. Vous êtes méchantes !
Elles riaient se consolant l'une l'autre, Mélanie avait plus que besoin de la présence de ses copines, le monde dans lequel elle vivait depuis son mariage était tellement nouveau pour elle, elle avait besoin de repères qui lui rappelleraient d'où elle venait. Elle avait besoin des filles dans sa vie.
- Vous m'avez manqué, murmura Caroline.
- Tu nous as manqué ma copine, fit Sophie.
- Vous me pardonnez ?
- Oui, on te pardonne ma belle !, répondit Mélanie tandis que la porte s'ouvrait sur Ferdinand.
Il leur sourit.
- Mel, j'ai besoin de toi... J'interromps quelque chose ?, demanda-t-il.
- Une retrouvaille un peu larmoyante... Caro je te présente mon mari, Ferdinand Zoa !
Elle s'écarta de ses amies en retrouvant le sourire, elle savait pourquoi il était venu.
- Je connais ton mari ! Désolée Monsieur je devrais être en train de coordonner... Mais je suis là à vous priver de votre femme...
- Caroline... tout va bien ?, lui demanda Ferdinand. Attends, Mel c'est ton amie...
- Caro oui !
- Je connais ton mari avant toi Mimie !, fit-elle en donnant un coup de coude à sa copine. Tu as touché le lot du siècle !
- Tu le connais et tu vas rester très loin de lui, ajouta Sophie en attrapant la main de Caroline pour la faire sortir de la pièce.
- C'est mon patron Sophie, tu crois que je vais faire quoi avec lui ? Je retourne à mon poste Monsieur...
Restés seuls, Ferdinand se tourna vers Mélanie. Il s'approcha d'elle et lui nettoya le coin de l'œil avec le pouce en l'examinant de près.
- Caroline ? s'enquit Ferdinand avec une lueur de déjà vu dans les pupilles et dans la voix.
Il avait compris qui est Caroline.
- Oui, Caro ! Nous nous sommes réconciliées...
Une lueur encore plus intense traversa le regard de Ferdinand.
- Donc tu es capable de pardonner Mel ?
Elle savait exactement où il voulait en venir et elle n'avait pas l'intention de rentrer dans son jeu.
- Oui ! Quand la personne exprime une véritable repetance j'en suis capable ! Si Dieu me pardonne pourquoi je ne pardonnerais pas ? Mais il faut que cette personne reconnaisse au moins qu'elle s'est mal comportée et demande humblement mon pardon...
Elle savait que ce n'était pas dans les gènes de Ferdinand de demander humblement pardon. Elle en eut la confirmation lorsqu'il lui fit un sourire carnassier avant de s'approcher d'elle, comme un félin qui attend gentiment que sa proie soit distraite pour attaquer.
Elle lisait la détermination qui le caractérisait dans le regard.
- Voilà la différence entre ton monde et le mien ma belle, on pose des actes pour ne pas avoir à s'en repentir, fit-il.
Un frisson traversa la colonne vertébrale de Mélanie, elle ne comprenait pas cette emprise qu'il avait sur elle. Il est beau mais d'un égo et d'un orgueil surdimensionné. Tout ce qu'elle détestait !
- Mais ne parlons pas de ça ! Apparemment ça t'a fait du bien de revoir ton amie... Tu n'as plus ce faux sourire aux lèvres, remarqua-t-il en tirant sur la petite mèche de cheveux crépu de Mélanie au coin de son visage.
La mèche rebondit sous la tension, provoquant un sourire à Ferdinand.
Un autre frisson traversa Mélanie, cette fois-ci il se logea au fond de son ventre, lui coupant l'espace d'une seconde le souffle. Qu'est-ce qui lui provoquait cette réaction ? La proximité ou la perspicacité de Ferdinand.
- Je suis heureuse de retrouver une amie...
- C'est bien ! On a toujours besoin de quelqu'un à ses cotés... comme j'ai besoin de toi en ce moment !
Elle aurait aimé qu'il parle de lui, mais elle savait qu'il parlait de la soirée de l'autre coté de la porte.
- On y retourne ?
Elle prit son bras en lui souriant.
- Oui, je vous suis Mr mon mari !

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