Sihêm - Je peux savoir pourquoi tu ne veux pas me donner le nom ? Je suis ta sœur ! Insista-t-elle pour la millième fois.
Depuis qu'elle m'avait entendue parler avec Imrân, hier soir alors qu'elle était venue dormir à la maison, elle n'arrêtait pas de me questionner pour connaître l'identité de mon interlocuteur. Quand elle était entrée dans ma chambre, j'étais assise au balcon, téléphone à la main et bien sûr sourire aux lèvres. Elle s'était introduite dans le silence le plus absolu et si je n'avais pas senti son parfum, je crois qu'elle m'aurait espionnée. Raison pour laquelle je me plaisais à faire durer le suspens.
- Parce que ça ne te concerne pas.
Sihêm - T'es mauvaise ! Depuis quand on se cache des choses ?
- Passe moi le fouet et tais-toi.
Sihêm - Tu es d'une nullité absolue, accusa-t-elle en me passant le fouet.
J'étais entrain de faire un gâteau pendant qu'elle me harcelait. Je ne voulais pas leur parler de Imrân maintenant parce que pour le moment il n'y avait rien de sérieux, rien de précis. On se kiffait et on apprenait à se connaître. Quand ça allait devenir plus sérieux entre nous, je lui en aurais parlé à elle ainsi qu'à Khadija.
Khadija - Salut, dit-elle en pénétrant la cuisine.
On se tourna pour la voir avec une dégaine tellement inhabituelle qu'elle nous frappait aux yeux. Elle qui d'habitude prenait toujours très soin de son apparence, le simple fait de n'avoir pas lissé sa wig, prouvait qu'elle n'était pas d'humeur.
- Tu n'as pas l'air en forme, constatai-je.
Khadija - Ouais, je suis exténuée. En plus votre tata qui dès le matin elle commence à péter ses plombs... ça va deux secondes.
Sihêm - Toujours tendu entre vous ?
Khadija - Je n'ai qu'une envie, prendre mes affaires et me barrer de chez elle.
- A ce point ? Demandai-je surprise.
Khadija - Oui, à ce point. Je ne sais plus quoi faire, j'arrive vraiment à la saturation, dit-elle visiblement blasée.
- Adi, parle à ma mère ! Tu le sais mieux que quiconque qu'elle saura la réfléchir.
Sihêm - Je le lui ai déjà dit, je ne sais pas pourquoi elle hésite autant.
Khadija - Je veux d'abord avoir les preuves concrètes, avant de me prendre une bâche.
- Tu peux lui expliquer, après si elle ne te croit pas, tu vas lui montrer les preuves, suggérai-je.
Khadija - Elle est là ?
- Oui, elle fait ses soins capillaires.
Khadija - J'y vais, dit-elle en partant légèrement stressée.
Quand il s'agissait de raisonner tata Fatima, ma mère était la mieux placée. Elles avaient une relation exclusive, toutes les deux. Parce que malgré que leurs enfants s'entendent bien comme des frères et sœurs, tata Bibi et tata Fatima étaient loin d'être copines. Elles arrivaient à se parler sans qu'un mot ne soit plus haut qu'un autre, mais ça restait vraiment juste cordial. Peut-être par rapport à leurs enfants. Je me demande vraiment comment ça a dû être dur leur mariage polygame avec tonton Tidiane pour qu'il se sépare de toutes les deux pour se marier au final avec Coumba. Ouais « Coumba » et non « tata Coumba » parce que je ne l'aime pas. Elle est trop superficielle, pleine de manières et en plus, il est arrivé plus d'une fois qu'elle parle mal à ma Adi. Donc oui, je prends parti.
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Imany & Imrân : Coup de théâtre.
RandomQuand le passé refait surface, comment voir son avenir ? Tome II de Contraints : Khadija & Nabil.