Nous avons traversé la Terre sous un concert de bombes, fermement campés sur nos motos. J'ai assisté en direct à la dévastation total du genre humain. Par je ne sais quel prodige, le temps semblait accélérer alors que nous roulons. Les quatre cavalières exultent, hurlent et influencent les humains. Tout d'abord, des milliards d'âmes sont arrachés par ma fiancée qui lève sa faux au plus haut au-dessus de sa tête. Les trois autres n'ont plus qu'à agir de concert ensuite : instillant la guerre, la famine et la maladie parmi les pauvres survivants qui auraient certainement préféré un pull pour noël et pas des emmerdes supplémentaires. Partout sur la planète, les radiations liquéfient les hommes, les affrontements déciment pour des boîtes de conserves et de l'essence et la faim affaiblie tout ce joli monde.
Je pense devenir fou. Ma tête me vrille sous les images de destructions multiples et accéléré. Les gens pleurent et se dévorent à cause de moi. J'ai précipité l'humanité dans le gouffre juste pour pouvoir mourir définitivement.
Les années passent, et je suis toujours sur cette moto. Je vieillis à vue d'œil et je halète. Je sens ma peau se dessécher, mes organes se ratatiner et l'arthrose s'emparer de mes os. Je pleure à mon tour, jusqu'à me vider de toutes substances et de toutes émotions. Quand les motos s'arrêtent, j'ai plus l'impression d'être une grosse buche raide et desséchée qu'un être humain. Il n'y avait plus rien de vivant, même pas d'animaux, les gens les ont mangé. Il n'y avait plus de plantes, les radiations les ont détruites. Il n'y avait plus que moi, avec la faucheuse à mon bras.
« Nous avons terminé notre travail, m'indique Pestilence. Nous allons enfin pouvoir nous reposer.
- Merci encore mon amour, comme tu l'as tant espéré, je vais t'offrir le repos auquel tu aspire tant. Tu ne pourras plus te réincarner. Ta prochaine mort sera la dernière. Merci encore. »
Attends, tu ne vas pas me laisser comme ça quand même ? Non !
Salope ! REVIENT ! JE NE SUIS PAS ENCORE MORT !
Et elle me laisse. Je ne peux même plus parler, ma mâchoire ne bouge pratiquement plus. Je suis debout au milieu des débris. Je ne peux même pas marcher ou m'assoir, je suis paralysé. Je dois attendre le retour de la mort sans pouvoir crier et sans que rien ne puisse mettre un terme à mes souffrances. A présent, le temps s'étire, et je ne peux toujours pas mourir...
Pitié... Achevez moi...
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Inktober 2019
SpiritualPour l'Inktober 2019, je relève le défi ! Voici donc, l'histoire du Réincarné